je ne l'avais pas vu ce bel hommage
pour un si grand COEUR d'homme
merci pour cette oeuvre de toute beauté
En l’absence d’un chez soi, Darwich fit de la langue une vaste tente – pour nous mais aussi pour tous ceux qui en réclamaient un. Il fit du désir ardent un lieu de réunion. Ceux qui étaient en exil pouvaient rencontrer nos mères à travers sa mère – qu’il n’avait pas vue depuis de nombreuses années – lorsqu’il pleurait :
Je me languis du pain de ma mère du café de ma mère des caresses de ma mère... .
Il employa le mot arabe ahennu pour "se languir", ce qui signifie un désir ardent plein de tendresse. C’est un mot qui suscite immédiatement une multitude de sentiments mêlés d’une pointe d’impatience désespérée.
En 1982, il écrivit "lasta wahdaka" – vous n’êtes pas seuls, pour Yasser Arafat lorsque les Palestiniens furent chassés de Beyrouth. Darwich le destinait aussi à la terre entière, à tous ceux qui ont été contraints à l’exil pour la énième fois.
Et sa question : "Où les oiseaux devraient-ils voler après le dernier ciel ? " m’a amené à inventer un nombre infini de nouveaux cieux, empilés comme des matelas pour les réfugiés du monde entier.
En arabe, Darwich signifie homme pur, spirituel, itinérant, ce que, précisément, il fut pour nous. Il s’est déplacé au milieu des cieux et par-delà des frontières – entre la Palestine, Israël, la Russie, la France, la Jordanie, le Liban, l’Egypte et bien d’autres pays. Où qu’il fût, les mots dans ses mains étaient comme une lampe magique qui libère le génie de la langue arabe. Il connaissait le coeur des Palestiniens. Il savait qu’ils n’avaient qu’un seul souhait pour le génie, une requête pleine de désir de leur langue – "patrie."
Ainsi qu’il l’a exprimé dans sa langue et sa poésie, Darwich avait pour rêve et pour passion d’obtenir justice.
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