Jeu de paumes
Tes mains sur moi
Pour la première fois
Tes mains qui soignent
Qui guérissent si précises
Au fil de méridiens ténus comme
Invisibles stèles de mémoires
Tes mains sur moi
Enfin
Improbable cadeau
Inespérées
Inattendues au détour
De souffrance lestée
Pas de main amoureuse
Juste main de bon soin
Pétrissant mes armures
Détroussant mes blessures
Ton regard sur moi
Tes yeux loyaux et bons
Comme horizons lointains
Ces petits bouts de moi
Qui entourent ta vie
Minuscules fleurs
A l’orée de l’entente
Ici statue façonnée
D’argile malhabile
Femme en lotus
Pour oublier cactus
LÃ carte de moines dansant
Pour un Tibet libre et grand
Et puis mon aloé qui vit en ton jardin
Tu me vouvoies toujours
Je me sens vieille dame
Percluse en trop lourde âme
Mais moi je te dis tu
Quand je parle à ton cœur
Tes mains sur moi
Qui pétrissent mes sens
Qui dénouent les absences
Et qui dévient les haines
Tes mains de sorcier
Tendre qui sait trouver la source
De mes nuits innommables
Tu me donnes amitié
Comme frère nouveau
Timide car sachant trop bien
Que je suis
Toute à toi
Ne voulant pas de cet étain
Qui se fondrait en or
Car déjà argenté
Plombé de souvenirs et de vie trop chargée
Tes mains sur moi
Cadeau de délicatesse
Pas une seconde
Je n’imagine
Que tu dépasses décence
Tes mains qui dansent
Qui connaissent transes
Ces mains qui la nuit dans
Mes songes se font creuset
Plongent en moi
Se font plumes d’anges
Vivent sur moi
Se font étranges
Découvertes de mes terres inconnues
Et les miennes
Que je t’offre en rêve
Qui osent ce que femme
Aime à donner
Qui parsèment chaleur sur
Ta peau mordorée
Caressant chaque parcelle
De ton corps deviné
Qui butinent en cachette
Là où nulle autre
N’a osé et qui croisent les tiennes
Toutes énamourées
Nos mains
Tenues comme à l’autre aimantées
La vie est un songe
Disait le poète
Laisse moi rêver
Juste rêver
Et, peut-être, te faire trembler…
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"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue:
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue.
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler:
Je sentis tout mon corps et transir et brûler."
Racine, "Phèdre"...