*Le titre est un titre par défaut, je savais pas comment titrer ce texte...
*Texte en cours de rédaction, donc le fait de poster ce début devrait me forcer à le finir...
*J'ai essayé de travailler un style spécial, assez familier voire vulgaire...Z'êtes prévenus! ;-)
*Have a good time!
Il sait qu’il va y passer. Sûrement. A moins d’un hypothétique miracle né du cerveau romantique d’un scénariste de série B, il va crever. C’est indéniable. Personne ne passe dans cette rue. Personne ne s’intéresse à lui. Personne ne l’aime, personne ne le déteste au point de le chercher partout, de s’inquiéter, de le faire retrouver, pour ensuite le buter. Personne n‘est là , désespérément tout le monde est ailleurs, et on ne l’aime ni le déteste.
Il va crever, là , sur le pavé sale aux tenaces relents de dégueulis de la dernière grande beuverie. Sur le pavé crade, où les chiens mêmes ne daignent pas poser leur derrière, et trottinent comme s’ils avaient des ailes aux pattes, s’ils ne galopent pas comme des fous à lier. Un connard de clebs est passé il y a cinq minutes, et quand il l’a vu, il s’est enfui en courant.
Il va crever en faisant peur aux pigeons qui finissent de vrombir en haut des murs, sur les gouttières.
De sa main entrouverte, il serre un peu plus fort le vide. C’est vrai qu’il est vilain, avec sa chemise blanche cradée de poussière noirâtre et dont les boutons ont été rasés. Avec son jean craqué aux chevilles, trempé d‘urine à l‘entrejambe. Avec ces chaussettes dépareillées, blanche à gauche. Avec ce filet de bave qui lui coule de la bouche. Chaussette rouge foncé à droite. Même couleur que la bave. Avec son bide qui se creuse, et ses hanches saillantes, et ses inspirations sifflantes. Un mort pas tout à fait vivant.
Il va crever. D’ailleurs voilà du noir.
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Il l’observe alors qu’elle s’installe. Elle se penche pour attraper une chaise, et son tee-shirt se soulève. Il aperçoit ses hanches saillantes et se dit qu’il faudrait bien la gaver pour combler ce terrible creux.
Si ce n‘était pas son médecin, elle se taperait bien docteur Nathanaël. Mais ils appelleraient ça du détournement de personne dépendante, ou une connerie comme ça. Si elle était un homme, elle dirait sûrement qu’il est furieusement bandant. Mais si elle est un être sans poitrine, elle est également dépourvue de tout organe susceptible d’entrer en érection. Donc, elle se contente de ne rien dire, sans en penser moins. Et elle parle de sa plâtrée de patates frites ingérée hier, et de sa mère qui l’a à nouveau appelée pour la traiter de dégénérée. Ça fait dix fois depuis lundi. On est mercredi.
Docteur Nat la regarde d’un air grave. Il note dans son carnet d’appeler à nouveau la mère, pour la traiter d’emmerdeuse. Ça fera cinq fois depuis le premier du mois. On est le vingt. En fait, il lui dira juste que ce n’est pas bon pour Lili. Et elle lui dira encore qu’il veut baiser sa fille, comme tous ces pervers de psychiatres.
Il note également de penser à lui refaire une ordonnance lors de sa prochaine visite. Quand elle sera en phase dépressive, ce qui ne devrait pas manquer d’arriver. Même si ça ne fera sûrement pas plaisir aux nutritionnistes du troisième, qui devront prolonger son bail.
Lili parle et parle encore. Elle a rencontré quelqu’un hier, pendant sa sortie de l’après-midi. Il est grand. Il mangeait une gaufre à la chantilly sur un banc du parc, celui juste en dessous du kiosque où ils viennent juste d’installer les décorations de Noël. Il doit être étudiant, parce qu’il avait une besace. Avec un trieur qui en dépassait. Alors elle s’est assise à côté de lui.
Docteur Nat lui demande comment il s’appelle. Il s’appelle Julien. C’était marqué sur son trieur.
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Il regarde le paysage, et ne pense à rien. La route défile. C’est en passant devant un poteau téléphonique qu’il se rend compte qu’il passe devant un poteau téléphonique et que ça ne va pas dans la suite logique de l’histoire.
Il sait maintenant qu’il est réveillé. La route continue à défiler. Il ne peut pas bouger la tête, et quelque chose lui bouche l’oreille droite. Quelque chose lui passe sur le front. Peut-être qu’il va crever un peu plus loin. Qu’une bonne mauvaise âme va l’achever.
Il ne réfléchit pas. Il ne comprend pas qu’il y a quelque chose qui cloche dans cette situation. Il faut qu’il entende une voix venue de la gauche lui dire quelque chose sensé le rassurer pour qu’il commence à se poser des questions. Trop tard. Le temps d’arriver au point d’interrogation, il est dehors, et il entend le vrombissement d’un moteur. L’air est frais.
Il cherche son équilibre sans le trouver, se prend les pieds l’un dans l’autre vers la chose la plus lumineuse qu’il discerne, comme une entrée de quelque chose, et finit par s’affaler lamentablement sur le bitume. A la hauteur des pieds de la Faucheuse.
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-Excusez-moi de vous déranger, madame. C’est le psychiatre de votre fille. Je voulais vous dire…Non, je vous jure que Lili est réellement malade, et a besoin…Non, je ne suis pas un pervers. Je soigne…Si. Elle est malade. Et je n’irai pas me faire foutre…….Putain, elle a raccroché! Espèce de pute.
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-Salut Julien…Nan, ça fait trop direct. Bonjour, on s’est vus mardi…Non plus. Bonjour, tu viens ici tous les jours?…Et puis merde. Ça sortira bien comme il faut au bon moment.
-Laisse tomber, de toute façon avec nos gueules ça marche jamais. Il nous font grossir comme des dindes ici, et après on est énormes, et plus personne veut de nous. Tu me diras, avant non plus, mais bon. Toi, avec ce que t’as bouffé hier…
-Va crever. Je vais m’en sortir, de cette putain de maladie. Et je verrai plus vos sales tronches.
-T’as déjà dit ça. La semaine dernière. Juste avant de reperdre trois kilos et de passer tes journées à dormir.
-Va crever, j’ te dis! Cette fois, c’est la bonne.
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-Des nouvelles du gars que vous avez trouvé devant l’entrée?
-Il est pas passé loin, il a fallu le réanimer. Il est au bloc, j’espère juste qu’il va pas leur claquer entre les doigts. Pas de papiers, pas de signe distinctif. La trentaine, les yeux bleus, brun, assez grand. Ça pourrait être n’importe qui. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il ne s’est pas fait ça tout seul. Je vois bien une bagarre d’ivrognes, quelqu’un l’a trouvé et pour éviter de se faire emmerder l’a jeté devant l’hosto.
-Chais pas. Il a pas la tête de l’ivrogne. C’est bizarre, ça. Faudra qu’il nous explique.
-C’est bien pour ça que je ne veux pas qu’il claque…
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La nostalgie colore les souvenirs avec des crayons de couleur...