Lettre XIII - A ma fille (Dernière lettre de la série) Version modifiée.
Je t'ai serrée dans mes bras la première fois,
Le jour des amoureux, des roses fleuries.
Ces yeux dans les miens, ton regard de soie,
Ils ont volé mon âme, remplissant ma vie.
Ta petite main vient se poser dans la mienne,
Comme un oisillon dans la chaleur du nid.
Ton sourire, la lumière du soleil qui revienne
Illuminer les nuits, en remplissant le vide.
Tu fis le troisième ange dans la vie d'un père,
Bienvenue, tant désirée, toi ma petite fille,
Bébé douceur, cadeau de ma vie, d'une mère,
Mon sang coule dans ton corps et nous lie.
Puis, arrivait le printemps, les fleurs s'ouvrent,
Le mois de mai, avec son ciel bleu et blanc,
Ai pris dans l'âme le coup noir de cette foudre,
Me jetant, seul, dans la tourmente des vents.
Tu es partie, comme ça, laissant ma déchirure,
Sans comprendre pourquoi ni où tu es partie.
Je regarde ce petit corps surpris par la froidure
Immobile dans son lit, car son âme est sortie.
Il est reste, longtemps les souvenirs de ton rire
Dans ma mémoire, pris sur les vieilles photos,
Le visage d'un petit ange qui a décidé de partir,
Vers un ciel plus bleu, vers son éternel repos.
Moi je suis resté là , hébété, les yeux asséchés,
Ta chair est maintenant couverte par la terre,
Cette poussière grise par des peines entachée,
Celle qui prétend être pour nous tous la mère.
Ce jour, m'as fait détourner le visage vers l'enfer
Haïr tous les dieux pour aimer ce vieux diable,
Qui, lui, m'as tendu la main, comme l'ancien pair
Et retenu sur terre, le temps d'égrainer le sable.
Jour après jour, les années sont partis en silence,
Le vent a recouvert les traces dans la poussière,
Du temps qui s'égraine dans cette odeur de rance
Qu'ont ces anciens murs des maisons en pierre.
Cette nuit passé sur la route, à avaler sa longueur
Quand le sommeil, traître, me laissant là s'enfuit,
L'air glacial qui s'installait autour, réveillait ma peur
Du ciel noir, sans étoiles, je tombais dans ce puit.
Une voix, inconnue, claire, vibrait comme un cristal,
Près de moi, toi cette fille les cheveux couleur blé,
Qui m'a appelle "papa", réveillant ce mal trop brutal,
Et j'ai compris que s'était toi, ange qu'on m'a volé.
Quel miracle des enfers, ou d'un maudit dieu du ciel,
T'a fait revenir vers moi, pour apaiser mes colères,
Pardonner à la vie, vider cette âme blessé de ce fiel
Qui m'emplissait du poison né de la rage d'un père.
Tu as pris le temps, en racontant l'histoire de la mort,
De ce papillon qui vole, enfin, sorti de la chrysalide,
Et l'esprit libéré de sa prison de chairs quitte son port,
Pour un monde sans chaînes, sous un soleil torride.
La douleur depuis a disparu, est envolée vers ailleurs,
Ta joie l'a remplacée, ai pu pardonner aux humains,
Le mal que j'avais, en écoutant les rires de tes sœurs,
Avec toi, j'ai repris la vie et, je lui ai donné la main.
Juin, 2008
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Pour voir la vraie beauté d'un éclat de la lumière il faut être dans le noir absolu...