Je l'observe, gracile, immobile.
Sur son petit nez retroussé
D'énormes lunettes fumées
Qu'elle rajuste, malhabile.
Son regard se perd au lointain
Pendant que ses lèvres entrouvertes
S'offrent une énième cigarette.
Je sais qu'elle m'a vu, mais elle feint.
Je gamberge, est-ce un gros chagrin ?
Et cette tenue de camouflage
Pour une larme, pour un veuvage.
Si j'allais lui prendre la main ?
Est-ce le soleil qui l'inquiète ?
De ces rayons qui au zénith
Mordent la peau et qu'on évite.
Si j'allais lui conter fleurette ?
Je m'inquiète, est-ce une femme battue ?
Qui porte les traces sur son visage
De ce qui n'est plus un ménage.
Si j'allais lui dire quand pars-tu ?
Je fantasme, est-ce un rendez-vous ?
Peut-être une femme adultère
Qui se cache de peur, qui se terre.
Si j'allais me pendre à son cou ?
Je m'affole en ce beau dimanche
Car la mystérieuse inconnue
Se lève et je tombe des nues.
Elle a saisi sa canne blanche...
papy Robert
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"quand tu arrives en haut de la montagne, continue de grimper" (proverbe tibétain)