Le noir total, une brise légère, le froid mordant, je sens les polis de mes bras qui se hérissent. Je ne veux pas, je me sens bien, bouger serait une belle erreur. Et pourtant, il le faut. C'est cruel, et pourtant, je dois me lever.
J'étire mes longues jambes blafardes, les muscles saillent sous la peau blanche, et un soupir s'échappe de mes lèvres. Nous y voilà , comme chaque matin, je dois quitter le pays des rêves, comme chaque matin, j'avance dans le froid, la fenêtre grande ouverte derrière moi.
Je suis debout, et devant moi, la glace renvoie l'image brouillée d'une silhouette pâle, entortillé dans un drap de coton doré. J'attrappe mes lunettes, elles glissent sur mon nez, et le monde s'éclaircit.
Ce crétin de miroir m'envoie, quelle gentillesse, une image plus nette, mon corps ensommeillé. Comme un jeune enfant, je me frotte les yeux, la silhouette devant moi suit dociliement chacun de mes mouvements. Je m'étire une fois encore, les bras levés vers le ciel. Le drap d'or échoue au sol.
Du cuivre étincellant surmonte un ovale blanc incrusté de deux trous verts. Je bats des cils, de ces cils blonds et longs dont j'ai hérité. Un peu en-dessous, une bouche s'entrouvre, les lèvres charnues s'écartent, et comme chaque matin, je baille longuement, ici devant le miroir, avec pour tout vêtement un long T-chirt blanc.
Je m'approche du reflet, on voit les os qui saillent au niveau des épaules, horriblement carrées. Un éclat vert attire mon attention et sous l'éclairage de l'aube, je contmple mon visage, pas vraiment une oeuvre d'art, et je me dis:
"Tant pis, je suis ce que je suis, pourquoi donc déprimer pour un physique délabré ? Il ya pire que moi, et il y a mieux, mais je suis unique, et ça, personne ne me le prendra !"
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On dit trop souvent que la vie est injuste, ce qu'on oublie surtout; c'est que la mort l'est bien plus !
(je suis une FILLE !! merci !)