J'aime beaucoup les textes où l'on se met à la place de quelqu'un d'autre, dans le style c'est très réussi. Je t'en offre un autre.
QUELLE VIE
Un, deux, trois, quatre et c’est mon tour,
Ma nouvelle grande famille m’entoure,
Le blanc et le marron sans arrĂŞt tourneboulent,
Avant que dans ma gorge le liquide coule.
On m’arrache illico de ce nouveau festin,
Me détachant d’office de mes frères utérins,
Et l’odeur de ce lait me laisse sur ma faim,
Quand le van démarre sur un sentier sans fin.
Je repense encore en accédant à la propriété,
Que l’on m’accepterait dans cette société,
Je ne fus pas déçu devant les bras déployés,
Entourant ma frimousse et mes yeux plissés.
Je restais tout petit devant tant de caresses,
De mes nouveaux frères, alanguis de paresse,
Surpris un petit peu de ma nouvelle adresse,
Qui les poussait si peu Ă remuer leurs fesses.
Je pris de la valeur et un jour dus faire face,
A mon instinct premier résultant de ma race,
Le maître de maison en suivait chaque trace,
Quand un de ses loisirs le menait la chasse.
J’arpentai tous les bois et je crus au bonheur,
De ces portions de vie Ă poursuivre les leurres,
De créatures « divines » qui survivaient aux leurs,
D’un certain fatalisme en éludant leurs peurs.
La fin de mon séjour fut la plus difficile,
Dépourvu de leur intérêt je connus l’exil,
Après quatorze années d’une fidélité servile,
On me laissa partir je n’étais plus utile.
Avec du recul je n’ai plus aucun remords,
S’ils passent à ma portée je sortirai alors,
Mes crocs acérés dans un dernier effort,
Car un vulgaire animal aura toujours tort.
Quelle vie de chien !