Je voudrais bien savoir qu’elle est donc cette veine
Qui fait que vous parlez sans vous donner de peine.
Les mots de notre langue ont tous facile accès
Et permettent un phrasé qui se peut sans excès.
Mais vous, d'un vrai port sain, vous montrez tant d’aisance
Qu’il me faut vous louer, sans nulle complaisance.
Je n’ai jamais ouï de semblables discours
Y compris dans le Monde où j’eus tant de parcours.
Je sens soudainement que je vous embarrasse
A parler sans détour, d’un élan qui terrasse.
Ne vous cachez donc plus, Poète méritoire
Ici le Monde attend de voir votre Ă©critoire !
Je suis chenu, hélas, et compte mes cheveux
Qui, trop rares, me font le transport bien nerveux.
Je voudrais désormais m’occuper de ma verve,
Vous donner du frisson sans vous voir en réserve.
Pour ce faire il me faut Ă©crire et corriger
Des plis bien ficelés pour mieux me diriger.
L’emploi de métaphore avec grande souplesse
Est le Graal du nouveau qui voile sa faiblesse.
Je vais donc m’essayer et vous présente ici
Ce début de roman fait d’un bref raccourci.
Diriez-vous, sans chiner, qu’un effort d’éloquence
Met ici sous vos yeux une belle séquence ?
Je vous vois hésiter pour donner votre aval
Préférant apprécier un meilleur festival !
Cessez donc de blâmer cette banale épure
Et dites que l’essai mérite une piqure !
Demain je reviendrai pour surtout vous prouver
Qu’il ne faut Ô jamais son effort réprouver
Pour enfin parvenir Ă la dite tribune
Qui permet au naïf de décrocher la lune !