L’exilé
Il aurait tout perdu, sa force et ses amours
Tel un sultan déchu houspillé par la cour
Je le voyais souvent roder aux alentours
On se croisait parfois, il me disait bonjour.
On a été copain peut-être à une époque.
Avant que le temps s’use et prête à équivoque
En osant faire de nous une croulante loque
Et nous vêtir hélas d’une enveloppe glauque.
Il est un vagabond, sans logis, sans ancrage
A peine s’il tenait encore son bagage
Les gens le saluaient par respect pour son âge
Il semblait revenir d’un périlleux voyage.
Un jour, il m’aborda, je sortais de chez moi
Croyant un bref moment que le hère avait froid
De bon gré j’ai voulu l’abriter sous mon toit
De lui trouver un coin, un ardent bel endroit.
Comme la vie m’a donné un peu de ses faveurs
Je ne saurais priver quelqu’un de ma chaleur
Je voyais dans ses yeux une Ă©trange lueur
Un timide reflet, signe de sa candeur.
Ami me disait-il, d’ici je suis natif
J’en suis parti vaillant, j’y reviens chétif
Mes pas ont obéi à un attrait hâtif
D’un exil enchanteur d’un rose incitatif
DĂ©fiant le destin et boudant mes racines
Me suis livré aux vents et aux houles marines
Ce fut une odyssée pleine d’adrénaline
Des instants incertains que la mort avoisine.
Il n’y a pas plus froid qu’un exil mon frère
Quand l’argileux appel annule vos affaires
Et creuse le tombeau là au cimetière
Ne vous reste-t-il pas que faire ta prière.
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Ecrire c'est dire silencieusement Ă ceux qui veulent vous entendre, au mieux vous Ă©couter.