Oasis des artistes: Poésie en ligne, Concours de poèmes en ligne - 6528 membres !
S'inscrire
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 


Mot de passe perdu ?
Inscrivez-vous !
Petites annonces
Qui est en ligne
111 utilisateur(s) en ligne (dont 92 sur Poèmes en ligne)

Membre(s): 3
Invité(s): 108

Sybilla, ELTEOR, plumedoie, plus...
Choisissez
TENDRESSE CHARMEUSE
HĂ©bergez vos images
zupimages
Droits d'auteur


Copyright



Index des forums de Oasis des artistes: Le plus beau site de poésie du web / Poésie, littérature, créations artistiques...
   Contes et nouvelles (seuls les textes personnels sont admis)
     Jean-Pierre suite 2-le jazz et les Ă©toiles
Enregistrez-vous pour poster

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant | Bas
Expéditeur Conversation
vinicius
Envoyé le :  14/3/2024 10:51
Plume de platine
Inscrit le: 2/5/2006
De: Chaville (IDF) et Rio de Janeiro (Brésil)
Envois: 4822
Jean-Pierre suite 2-le jazz et les Ă©toiles
...Je n’ai pas tardé à revenir et dès le lendemain, presque à la même heure j’étais sous la fenêtre de Jean-Pierre tentant une énième fois de siffler l’air de « Davy Crockett ». Ce fut un peu mieux que la veille mais pas suffisant cependant pour attirer l’attention de mon camarade. J’ai du une fois encore chanter sous le regard étonné des passants pour me faire entendre.
Comme le jour précédent Jean-Pierre était seul. Il m’attendait sur le seuil une cigarette coincée au coin de ses lèvres. A peine étais-je entré que mon regard se porta sur la patère, je constatai l’absence du ceinturon, de l’étui et du pistolet…
…« Mon père est sorti en opération et ma mère est en visite chez le médecin me dit –il ».
A sa suite j’entrai dans sa chambre qui était bien rangée, toute en ordre et il y flottait l’odeur suave du tabac blond de la cigarette que Jean-Pierre avait posée sur le cendrier.
Une pile de disque était posée sur le sol, le voyant « marche » de l’électrophone allumé je compris alors que le jour de musique c’était aujourd’hui. Il y avait là une bonne quarantaine de microsillons et j’eus un peu peur à la pensée de devoir les écouter tous.
Mais Jean-Pierre me rassura tout de suite en extrayant de la pile trois disques choisis après un assez long moment d’hésitation dans un silence religieux.
Avant de me montrer son choix il m’expliqua que ces disques appartenaient à son père et que celui-ci grand amateur de jazz lui a transmis l’amour de cette musique et me dit-il on va les écouter dans l’ordre. D’abord celui là. Il me montra un disque sur lequel je pus lire en vrac le nom des musiciens qui l’avaient gravé. Je me souviens des noms de Bun Johnson, Sidney Bechet, Jerry Roll Morton, King Oliver et Louis Armstrong écrits sur le visage hilare d’un noir aux dents blanches… » C’est rajouta t-il le jazz Nouvelle –Orléans.
Il sortit le disque de sa pochette, le plaça délicatement sur la platine de l’électrophone, l’essuya à l’aide d’une espèce de peau de chamois puis avec d’infinies précautions posa la tête de lecture sur le disque qui s’était mis à tourner.
En dépit de crachotements et craquements divers l’écoute de la première face fut bonne.
La sonorité d’ensemble m’avait semblé parfois exubérante et d’autres fois monotone et triste. Mon camarade m’expliqua que les passages tristes venaient du blues, sorte de chants funèbres ou de complaintes joués à l’occasion des enterrements et que les passages très rythmés étaient des marches entraînantes, jouées elles, sur le chemin du retour.
Après avoir remis le microsillon sans sa pochette avec les mêmes soins qu’il avait pris pour l’en sortir, Jean-Pierre me montra le second album qu’il avait prévu me faire écouter. Un seul nom : Charlie Parker écrit en gros sur le dessin stylisé d’un saxophoniste et avant de poser le disque sur la platine il me dit d’un ton dubitatif : « c’est un génie dit mon père, il a révolutionné le jazz avec le style Be Bop ».
Je ne comprenais pas et n’y connaissais rien en musique cependant dès les premières minutes d’écoute j’ai été emballé par le son de ce saxophoniste qui jouait dans n’importe quelle tonalité quel que soit le tempo, des mélodies superbes.
Je n’ai jamais oublié et bien des années plus tard devenu amoureux de la musique de jazz Charlie Parker est resté ma référence.
Le troisième album qu’il me fit écouter était un enregistrement du grand orchestre de Glenn Miller un tromboniste binoclard qui aurait pu être le portrait de mon camarade vieilli d’une trentaine d’années. J’étais saisi par la ressemblance.
« C’est me dit-il en écoutant ce disque que j’ai voulu apprendre à jouer du trombone ».
J’ai écouté sans déplaisir la musique de Glenn Miller dont quelques morceaux, pour les avoir entendus à la radio ou fredonnés par mon grand frère ne m’étaient pas inconnus. Cependant je n’arrivais pas à oublier Charlie Parker qui avait marqué ma mémoire. J’avais quelques phrases de sa musique dans ma tête mais je n’arrivais pas à les reproduire par la voix.
Nous fûmes surpris par l’arrivée de la mère de Jean-Pierre. Je la saluais et prenais congé de mon camarade. Le temps avait passé vite si vite quand j’arrivai chez moi.
Je voyais Jean-Pierre presque tous les jours mais quand j’allais chez lui je n’avais plus à m’égosiller sous sa fenêtre en chantant la chanson de « Davy Crockett ». En effet, nous étions convenus de nous retrouver le matin alors qu’il était seul c'est-à-dire vers dix heures quand son père était de service et sa mère partie faire des courses.
Un jour alors qu’il m’avait raccompagné jusque chez moi nous avons rencontré ma mère qui revenait du marché. Jean-Pierre la salua très respectueusement et engagea avec elle une conversation avec des propos d’adultes dans laquelle il était question de fruits et légumes de saison, du prix des denrées, et du beau temps que nous avions la chance d’avoir en ce début de mois d’août…Je l’ai juste devancé alors qu’il s’apprêtait à délester ma mère de son panier à provision et tous trois sommes rentrés à la maison.
Jean-Pierre a tout de suite plu à maman. Son assurance et sa maturité apparentes la rassuraient et c’est ainsi que j’obtins l’autorisation d’aller « à la mer » seul, sans être accompagné d’un adulte et de m’attarder un peu plus longtemps pour « prendre le frais » après le dîner.

Chez Jean-Pierre, le plus souvent nous écoutions de la musique. Tous les disques de la collection de son père y sont passés.
Comme dans un rituel il allumait une de ses cigarettes blondes au parfum opiacé. Je remarquai que ce n’était jamais les mêmes marques de cigarettes. Je revois en vrac les paquets multicolores sous leur enveloppe de cellophane, Camel, Lucky Strike, Players, Pall-Mall, The greys, Philip Morris, et Craven A dans son étui métallique rouge. De temps à autre j’en fumais une sans trop tousser et hélas, commençais à y prendre goût.
J’aimais ces moments où nous devions définir une priorité d’écoute et notamment quand il fallait choisir entre le grand orchestre de Glenn Miller le préféré de Jean-Pierre et Le Be-bop de Charlie Parker qui avait ma préférence. Nous discutions et écoutions le jazz auréolés de volutes de fumée bleue.
Les quelques rares fois où nous n’écoutions pas de la musique Jean-Pierre en profitait pour faire du rangement. C'est-à-dire qu’il changeait l’ordre de ses livres sur les étagères et pour chacun d’eux qu’il manipulait il faisait un commentaire sur son contenu. Quand l’histoire lui avait plu il m’en faisait le « pitch » en me promettant de me la raconter entièrement les jours ou les soirées pendant nos promenades.
Assis sur le sol, j’assistai au spectacle sans dire un mot en écoutant les commentaires de mon camarade.


----------------
"Ce qui a le moins vieilli en moi c'est ma jeunesse"...Et il escaladait l'échelle appuyée à rien pour aller marier une girouette au vent

Sybilla
Envoyé le :  14/3/2024 22:26
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95529
En ligne
Re: Jean-Pierre suite 2-le jazz et les Ă©toiles
Bonsoir Cher Ami poète Jacques,

Une visite mélodieuse chez son nouvel ami très bien relatée en ton récit !



Belle soirée Cher Ami poète Jacques !
Toutes mes amitiés
Sybilla


----------------
Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates "réelles" de parution.


Le rĂŞve est le poumon de ma vie (citation de Sybilla)

cyrael
Envoyé le :  15/3/2024 9:06
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 30/10/2005
De: ****
Envois: 83530
Re: Jean-Pierre suite 2-le jazz et les Ă©toiles

---------- FRATERNELLE-------- est cette merveilleuse ____ AMITIE

Entre Jean Pierre et vous Jacques le poète

J’aimais ces moments où nous devions définir une priorité d’écoute et notamment quand il fallait choisir entre le grand orchestre de Glenn Miller le préféré de Jean-Pierre et Le Be-bop de Charlie Parker qui avait ma préférence. Nous discutions et écoutions le jazz auréolés de volutes de fumée bleue.
Les quelques rares fois où nous n’écoutions pas de la musique Jean-Pierre en profitait pour faire du rangement. C'est-à-dire qu’il changeait l’ordre de ses livres sur les étagères et pour chacun d’eux qu’il manipulait il faisait un commentaire sur son contenu. Quand l’histoire lui avait plu il m’en faisait le « pitch » en me promettant de me la raconter entièrement les jours ou les soirées pendant nos promenades.

quel bel hommage Ă  l'ami


----------------

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant |

Enregistrez-vous pour poster