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     Jean-Pierre
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Expéditeur Conversation
vinicius
Envoyé le :  12/3/2024 17:28
Plume de platine
Inscrit le: 2/5/2006
De: Chaville (IDF) et Rio de Janeiro (Brésil)
Envois: 4822
Jean-Pierre
Chers amis (es)

Je viens d'apprendre par hasard le décès de Jean-pierre G. Vous allez vous demander pourquoi nous dit-il ça ? On ne le connaît pas ce Jean-pierre!
Je vous explique : Jean-pierre est un ami d'adolescence que j'ai retrouvé par le média de Facebook soixante ans après que nous nous soyons perdus de vue . Rien de bien sensationnel à cela me direz vous mais si je vous dit que nous nous sommes retrouvés après la parution de mon livre « Du clos Anna, en passant par le petit chemin » dans lequel il est la star de deux chapitres...

Les cigarettes, la science- fiction

Depuis quelques temps, sur la route du collège ou en allant faire des courses je croisais assez souvent un garçon qui devait avoir à peu près mon âge. Je l’avais remarqué d’abord parce qu’il était nouveau dans le quartier et puis surtout parce qu’il semblait toujours porter un poids sur ses épaules et il avait l’air d’un adulte malheureux.
Était-ce à cause de cette enfant blonde, handicapée, qu’il promenait dans une poussette d’un air nonchalant et un peu triste ?

Je l’ai rencontré sur l’avenue des Sablettes. Ce jour là il ne promenait pas la petite fille blonde, il sortait de la gendarmerie et portait un paquet de livres attachés par une ficelle solidement nouée qu’il tenait au bout de son bras.
J’avais envie de lui parler de lui poser des questions : qui était-il, d’où venait-il, où allait-il avec tous ces bouquins, que faisait-il dans la gendarmerie et qui était la petite fille handicapée absente aujourd’hui ?
J’ai obtenu presque toutes les réponses quand une femme est apparue à la fenêtre du premier étage de la gendarmerie, juste à droite de la hampe où pendait le drapeau tricolore et a lancé à l’adresse du garçon : « Jean-Pierre ne tarde pas, dès que tu as échangé tes livres reviens vite car il faut sortir Monique et ton père va partir pour une intervention », ce à quoi il répondit : «Oui maman».
J’étais juste à coté de lui et l’envie de lui parler a été plus forte que moi, j’ai alors lâché un peu bêtement : « Tu habites à la gendarmerie ? » Il m’a regardé un peu surpris par la question a hésité un instant avant de me répondre par l’affirmative.
Tout en cheminant nous avons bavardé de choses et d’autres il s’est peu à peu déridé et sans que je le lui demande m’a appris presque tout ce que je voulais savoir. Il arrivait de Tananarive, Madagascar, où son père était gendarme, la petite fille blonde était sa sœur elle souffrait de myopathie, il avait un peu plus de quatorze ans et n’avait pas pu rejoindre un collège en plein milieu d’année scolaire. En attendant la prochaine rentrée il fréquentait un cours privé de rattrapage à Toulon et était inscrit au conservatoire de musique où il apprenait à jouer du trombone à coulisse. Présentement il allait sur le « cours » retrouver un brocanteur, bouquiniste, afin de lui vendre des livres et en acheter d’autres. Il était passionné par les romans d’anticipation et de science fiction ainsi que par les bandes dessinées.
Arrivés au bas de l’avenue nous nous sommes séparés car nos routes n’étaient plus les mêmes et avec la promesse de nous retrouver prochainement, chacun est parti sur son chemin, lui vers le « cours » où se tient le marché, moi vers la place Noël Verlaque dite "place de la lune" où j’allais rejoindre mon père pour regarder jouer une partie de boules.

Je suis resté plusieurs semaines sans voir Jean-Pierre, pourtant ce n’était pas faute d’avoir essayé. J’avais exprès modifié mon itinéraire pour aller au collège afin de passer devant la gendarmerie, scrutais tous les arrêts d’autobus en direction de Toulon en espérant l’apercevoir mais c’était en vain.
J’avais même pensé qu’il m’évitait parce que sans doute je n’étais pas assez original pour lui qui lisait de la science-fiction, jouait du trombone à coulisse et qui avait vécu à Madagascar.
Un peu déçu j’ai abandonné l’idée de revoir Jean-Pierre. Je n’ai plus fait de détour pour passer devant la gendarmerie et j’ai cessé d’observer les personnes qui attendaient aux arrêts du car pour Toulon.
Mais la déception n’était pas la seule raison car entre -temps j’avais eu mon attention attirée puis retenue par les beaux cheveux bouclés et la poitrine aux pointes naissantes d’une fille qui n’habitait pas très loin de chez moi et qui avait pour moi des regards tendres. Elle s’appelait Josiane, elle m’avait fait savoir par un billet doux que je lui plaisais bien.
Ce jour là nous devions aller ensemble nous promener dans le « petit bois » pour jouer aux amoureux et nous embrasser comme au cinéma.
C’était en fin d’après-midi. Pour éviter de nous faire voir nous avions traversé le stade désert et la main dans la main nous cherchions une cachette en suivant un sentier qui longeait le mur du cimetière.
Nous allions enjamber le petit fossé qui permet d’accéder à un large massif d’herbe haute quand je vis Jean-Pierre, assis juste en contrebas sur les gradins du stade qui ouvrait l’étui de son trombone.
Ce fut plus fort que moi et au grand étonnement de Josiane je l’appelai plusieurs fois m’égosillant presque mais Jean-Pierre ne m’a pas entendu. Je l’ai vu emboucher son trombone souffler pour émettre quelques sons sourds que j’ai pris pour des grognements. J’ai pris la main de Josiane et l’ai conduite à l’abri des regards au cœur du massif d’herbe haute où nous nous sommes étendus.
Je n’ai alors plus pensé à Jean-Pierre. Sens en éveil je m’appliquais du mieux que je pouvais au jeu tendre des amours adolescentes dans lequel Josiane m’avait entraîné avec un savoir faire que je ne soupçonnais pas. Le temps a encore passé puis avec les beaux jours sont arrivées les grandes vacances. Josiane est partie chez sa grand-mère en Italie, beaucoup de mes camarades sont allés prendre leurs quartiers d’été, certains dans les cabanons du bord de mer, d’autres ont rejoint des colonies de vacances.
J’allais une fois encore être seul tout l’été ; enfin seul, je veux dire sans le clan familier qui m’entoure d’habitude.
Si je m’étais assez bien accommodé de cette solitude estivale les années précédentes, avec la jeune expérience acquise et l’adolescence venue, je m’en étais trouvé quelque peu affecté cette année là. C’est Jean-Pierre qui est venu sauver mes vacances en apparaissant tout à coup devant moi dans le débit de tabac où j’achetais des cigarettes pour rendre service à un voisin gros et gros fumeur de « celtique ». Lui, achetait des « High Life », cigarettes blondes vendues en paquet de dix qu’il ouvrit sur le champ. J’ai compris alors que c’était pour sa propre consommation.
Dès la sortie du tabac, sans se cacher, il a allumé une cigarette à l’aide d’un gros briquet à essence. Il n’a rien dit devant mon air aussi étonné qu’envieux a aspiré la fumée qu’il a gardée un moment dans sa poitrine puis l’a expulsée en soufflant lentement droit devant lui l’air de dire : « tu vois c’est pas pour rire , je fume ! »
Nous avons fait un bout de chemin ensemble. Il m’a appris que sa petite sœur était morte. C’était très triste mais il y était préparé comme ses parents et semblait même soulagé.
Il était arrivé à destination devant la porte de la gendarmerie et moi j’avais encore une petite trotte à faire pour arriver chez moi. Nous sommes convenus alors de nous revoir l’après midi même pour discuter d’un programme commun afin de profiter de nos vacances.

A suivre, si vous le voulez bien ...


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"Ce qui a le moins vieilli en moi c'est ma jeunesse"...Et il escaladait l'échelle appuyée à rien pour aller marier une girouette au vent

Sybilla
Envoyé le :  13/3/2024 1:18
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95540
En ligne
Re: Jean-Pierre
Bonsoir Cher Ami poète Jacques,

Quelle histoire prenante et passionnante sur ces souvenirs de jeunesse !
J'ai hâte de lire la suite !



Belle nuit Cher Ami poète Jacques !
Toutes mes amitiés
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates "réelles" de parution.


Le rĂŞve est le poumon de ma vie (citation de Sybilla)

cyrael
Envoyé le :  13/3/2024 10:23
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 30/10/2005
De: ****
Envois: 83530
Re: Jean-Pierre


les amis sont rares

merci pour ce partage Ă©mouvant de votre belle histoire

Il était arrivé à destination devant la porte de la gendarmerie et moi j’avais encore une petite trotte à faire pour arriver chez moi. Nous sommes convenus alors de nous revoir l’après midi même pour discuter d’un programme commun afin de profiter de nos vacances.

A suivre, si vous le voulez bien ...

Vive les liens tissés sur un long temps , ils durent éternellement

merci monsieur , Jacques le Poete

heureux mercredi Ă  vous, au plaisir de vous lire


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vinicius
Envoyé le :  13/3/2024 11:25
Plume de platine
Inscrit le: 2/5/2006
De: Chaville (IDF) et Rio de Janeiro (Brésil)
Envois: 4822
Re: Jean-Pierre
Bonjour Sybilla,
Bonjour Maryjo,

merci pour l'accueil que vous avez su réserver à "Jean-pierre"...

Je poste la suite...


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"Ce qui a le moins vieilli en moi c'est ma jeunesse"...Et il escaladait l'échelle appuyée à rien pour aller marier une girouette au vent

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