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     Une vie, mavie...( Du temps de Radio Bourgogne Composants )
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Expéditeur Conversation
momolemarin
Envoyé le :  13/2/2024 1:30
Plume d'or
Inscrit le: 15/8/2010
De: Orléans
Envois: 1602
Une vie, mavie...( Du temps de Radio Bourgogne Composants )

Du temps de Radio Bourgogne Composants

Ce client qui m'expliqua qu'il se faisait faire des massages du dos chez un spécialiste avec des appareils électroniques. Pendant ma séance m'expliqua t-il, j'ai regardé dans l'armoire où se trouvait tout l'appareillage. J'ai relevé les différents composants pour que vous me les vendiez afin que je le fabrique moi-même. Cela me ferait économiser le prix des séances trop élevées à mon goût. Devant mon refus de me prêter à sa combine, il porta plainte contre moi à "La défense du consommateur" pour refus de vente.
En effet, quelque temps après, une charmante dame de l'association vint me voir pour me demander des explications suite à cette fameuse plainte.
Je lui expliquai calmement que le matériel demandé, bien que vendu par des boutiques comme la mienne n'était pas homologué pour la médecine et, vu les descriptions de ce client, on ne posait pas des électrodes dans le dos des patients venant d'un appareil branché directement sur le secteur. Cette personne devait avoir obligatoirement oublié un détail qui m'aurait rendu responsable en cas d'accident survenu suite à la fabrication de l'appareil.
Mon récit détaillé eut l'air d'être convaincant car, l'inspectrice se mît entièrement de mon côté, me remerciant même d'avoir peut-être sauvé une vie. Je ne revis jamais ce client, mais qu'importé. Je n'avais pas besoin d'individus de ce genre.

Du temps de la gloire des jeux de lumière, un jeune client entra et, jetant un morceau de câble électrique sur mon comptoir, me demanda combien il pouvait faire passer d'ampères car, m'expliqua t-il, il voulait se faire une rampe lumineuse avec plusieurs ampoules. Le détail qu'il me demanda était vital pour la suite de son opération. Bon prince, je commençai à lui expliquer les préliminaires de la loi d'homs, sur la tension, la puissance et l'ampérage d'un circuit, mais il m'arrêta tout de suite.
-"Pas le peine de m'expliquer tout cela m'sieur, j'ai mon C.A.P. d'électricien. Je n'en croyais pas mes oreilles.
-« Comment, avec un C.A.P. ; tu ne sais pas combien d'ampères tu peux faire passer dans ce câble de quatre millimètres de diamètre ». Il avait l'air tout penaud devant moi.
-« Mais m'sieur, on ne me l'a jamais appris, on nous expliquait juste que du câble de 1,5 m/m servait pour l'éclairage, le 2,5 pour les prises de courant, et le 4 pour les machines outils sur du trois cent quatre vingt volts. »
Pauvre France, alors que de mon temps, rien que pour l'examen d'entrée dans un collège pour apprendre l'électricité, si vous ne saviez pas ces choses préliminaires, vous étiez exclus à tout jamais. Les choses ont bien changé.

Ce cibiste qui, dans son ménage piochait dans la tirelire loisirs pour s'acheter du matériel Ci-Bi, sa femme qui me téléphonait en douce pour me faire refuser la vente pour ainsi sauver leur vacance et peut-être le couple.

Cet autre client qui, quelque temps auparavant m'avait acheté vingt cinq mètres de câble pour installer sur son toit une antenne de Ci-Bi afin de communiquer, grâce à un poste puissant, avec presque toute la région, revint un beau jour dans ma boutique en colère avec le câble sous le bras disant que je lui avais vendu de la merde car, seulement deux jours après la pose de son antenne sur son toit, il ne pouvait plus recevoir personne.
Tout cela en présence d'autres clients. Ma bonne réputation de commerçant était en jeu. Je ramassais calmement le câble et l'examinais centimètre par centimètre.
Au bout de quelques mètres seulement, je tombais sur un clou, planté dans la gaine traversant le fil de part en part.
Montrant ma découverte au client qui avait vu comme moi, il se calma d'un coup. Il réfléchissait à voix haute.
-« Voyons, ce bout là sort de chez moi par la porte-fenêtre du deuxième, tourne pour grimper au grenier, et... passe quelques mètres sur mon mur de côte a proximité du voisin avant de monter sur mon toit. Ça y est, j'ai compris, c'est ce fumier de voisin qui est certainement gêné car je dois passer dans sa télé*. Pour se venger, la nuit avec une échelle, il a dû enfoncer ce clou dans mon câble pour faire un court-circuit dans mon installation ». I1 arrivait parfois que des téléviseurs appelés « télés poubelles » dans notre jargon cibiste, situées dans le voisinage de nos antennes fixes captaient par interférence le son de nos émetteurs-récepteurs gênant ainsi le téléspectateur.
L'inspecteur Colombo d'un jour avait trouvé la cause. Il se confondit en excuses que j'acceptais volontiers.
Ce fut par la suite un client fidèle que je conservais jusqu'à la fermeture de ma boutique.

Un autre souvenir également suite aux interférences de nos émetteurs-récepteurs. Un jour, une proche voisine me téléphona pour me dire ceci;
-"Monsieur, je dois vous dire que vous passez dans mon électrophone lorsque vous vous servez de votre poste de Ci-Bi. En effet, quand je mets un disque de Johnny Halliday par exemple, mon appareil étant stéréophonique, j'ai la voix de Johnny dans le haut-parleur gauche, et vous dans le droit. C'est très désagréable. »
Elle n'avait pas l'air trop en colère, je risquai une blague.
-"Je vais apprendre le chant, comme cela je pourrai vous séduire en chansons*.
Elle ne le prit pas trop mal. En riant, elle m'expliqua que son ami était cibiste et qu'elle était consciente du problème.
Je lui conseillai de passer à la boutique pour que je lui donne un filtre qui, branché suivant mes explications résoudrait le petit souci qui la préoccupait.

La Ci-Bi était vraiment un événement national pour l'époque. Un jour, dans la boutique, je reçus la visite d'une équipe de télévision de FR3 et, pendant un petit quart d'heure, je répondais consciencieusement aux questions posées par le journaliste sous le regard d'une caméra. Plus tard, ce reportage fut retransmis à la France entière pour expliquer le phénomène Ci-Bi.

Navarro en jupon. Au voleur
Les midis en semaine dans ma boutique, je restais ouvert pour que les collégiens puissent venir se fournir en composants.
Un midi donc, deux jeunes entrèrent. Pendant que l'un d'eux me posait des questions sur un soi-disant montage à faire en kit, je ne pus voir le deuxième hors de mon champ visuel.
Nous étions à cette époque encore en bas, habitant derrière la boutique. Ma femme, dans la salle à manger, silencieuse, observait machinalement les deux clients. Je terminai mes explications à mon interlocuteur et les jeunes s'apprêtaient à me quitter, lorsque ma femme fit irruption dans la boutique et d'un pas décidé se dirigea vers un des collégiens, celui-là justement que je ne voyais pas pendant que je servais son camarade.
D'un geste brusque, elle lui ouvrit son vêtement et en extirpa un objet qu'il avait eu tout le temps de dérober pendant que je discutais avec son collègue.
Il s'agissait d'un transformateur basse tension pour, me raconta-il, plus tard, alimenter un circuit de télécommande.
Ma femme, discrète avait tout vu grâce à une glace murale dans la pièce à côté. Plus surpris que fâché, je renvoyai les deux individus avec une simple engueulade. Ils furent trop contents de s'en tirer à si bon compte.
L'histoire se serait bien arrêtée là mais, quelques jours plus tard, le surveillant du collège de mes deux chapardeurs vint chez moi faire un achat,
Je lui fis part de mon infortune. Lui par contre ne voulut pas fermer les yeux car, me raconta t-il, des vols répétés avaient lieu au collège et il voulait bien faire cesser cela. Il me conseilla donc, sans porter plainte, de lui désigner les coupables. Devant mon incapacité à le renseigner sur les auteurs du vol, il me promit de revenir avec tout le fichier des individus susceptibles d'avoir commis le larcin. C'est ainsi que, plus tard, devant une centaine de fiches avec photos, j'essayai de reconnaître mes deux voyous. Après beaucoup d'hésitations, je lui montrai deux têtes. Il n'eut pas l'air étonné de mon choix.
J'appris plus tard que les deux élèves que j'avais désignés avaient été renvoyés du collège. Ils n'en étaient pas à leur premier coup, sévissant dans pas mal de boutiques avec toujours le même procédé. Pendant que l'un d'eux intéressait le vendeur avec des questions banales, l'autre faisait main basse sur tout ce qui était à sa portée.
Le plus écœurant de l'histoire était que les deux voleurs venaient de familles aisées. Pour le premier, son père était un grand garagiste bien connu sur Orléans, tandis que le second, était fils de magistrat.

On ne se moque pas des gens de couleur
Pratiquement tous les matins, en ouvrant la boutique, je mettais ma station Ci-Bi en route pour, entre deux clients, discuter avec tous les amis sur la fréquence. Ils étaient de plus en plus nombreux car, ma dizaine de postes vendus par jour augmentait d'autant le parc des dialoguistes.
Un beau matin donc, jetais en conversation avec Nelly 45* qui me raconta entre autre chose sans importance qu'elle avait un nouveau voisin, un noir, et de me raconter:
-« Tu le verrais Maurice, il est charmant. Pour rire, je le traite de tous les noms pour voir, mais rien n 'y fait, il rigole de toutes mes blagues. Je le traite pourtant de: Boule de neige, tas de charbon, boule de suif, blanche neige, il se marre encore plus à chaque fois. Il est vraiment extraordinaire.
Toi qui a navigué Maurice, qu'est-ce que tu crois que je pourrais lui dire pour le fâcher un peu? Pour rire bien sûr, il voit bien que je ne l'insulte pas, sinon je ne me permettrais pas ».
J'avais beaucoup navigué en effet, et je savais le mot qui le blesserait peut-être, mais toujours pour rire, entendons nous bien. Je lui lançai;
-« Tu n'as qu'à le traiter de 'museau bleu', tu verras bien ». Elle me remercia sans y croire, et nous en restions là.
La semaine d'après, elle fut la première sur ia fréquence. A peine me dit-elle bonjour qu'elle me lança:
-« Je te retiens Maurice, avec ta connerie, mon voisin m'a fait la gueule pendant deux jours mais je n'ai toujours pas compris pourquoi ».
Au début du siècle dernier, dans les bandes dessinées, la couleur n'existait pas encore. Pour différencier les hommes blancs des noirs dans les histoires, les auteurs rajoutaient aux personnages noirs une partie grise autour de la bouche. Voyez « les Simpsons », sur Canal plus. Mettez votre téléviseur en noir et blanc pendant la diffusion de ce programme, vous verrez!
Donc, ce cher voisin noir n'avait pas apprécié qu'on le compare à ses lointains ancêtres, et il s'était vexé.
Son intelligence prit le dessus malgré tout car, sa colère passée, il redevint ami avec sa voisine qui lui promit par contre de ne plus jamais se moquer de lui, même pour rigole*L'indicatif a été volontairement changé pour éviter d'éventuelles poursuites.

Des nouveaux sur la fréquence.
Comme je l'ai déjà annoncé plusieurs fois, chaque matin en ouvrant la boutique, la station Ci-Bi était allumée. Toute la journée se passait entre deux clients à dialoguer avec tous ceux qui le voulaient bien. Un jour donc, pendant un court silence sur la fréquence, nous entendons une demande de prise de parole à peu près comme celle-ci:
-" Bouekc les zamis, boueck*, ici un tel, est-ce que je peux me joindre zà voous? Un nouveau dans le réseau, il était le bienvenu bien sûr, et tout le monde à l'écoute derrière son micro avait reconnu un type disons... pas de chez nous. Avant que j'ai pu répondre, un plus rapide que moi lui lança: -"Bien sûr l'ami, tu es accepté parmi nous, la fréquence est à tout le monde, et c'est bien d'accueillir, ... (Il cherchait ses mots pour ne pas le blesser) quelqu'un des Iles. La réponse surprit tout le monde:
-" C'est vrai mon zamî que je suis des îles, mais comment que tu oua deviné?".
Je suis sûr que tous à l'écoute pouffèrent en entendant cette réponse, II fut admis dans notre cercle de cibistes et, à force de discuter avec nous tous les jours, il perdit cet accent exécrable qui nous fit tant rire le jour de son arrivée parmi nous.
*Break les amis, break : Une demande pour prendre la par oie en profitant d'un court silence sur la fréquence.

Sybilla
Envoyé le :  13/2/2024 2:41
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95590
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Re: Une vie, mavie...( Du temps de Radio Bourgogne Composants )
Bonsoir mon oncle Maurice,

Superbe récit autobiographique !



Belle soirée mon oncle Maurice !
Toutes mes amitiés à Sylvie
Gros bisous à vous deux
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rêve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)

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