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     Une vie, ma vie ( Le commerce. Radio Bourgogne Composants )
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Expéditeur Conversation
momolemarin
Envoyé le :  12/2/2024 0:04
Plume d'or
Inscrit le: 15/8/2010
De: Orléans
Envois: 1603
Une vie, ma vie ( Le commerce. Radio Bourgogne Composants )
Le commerce. Radio Bourgogne Composants

Terrien à nouveau
Après huit années de Marine Marchande et trois tours du monde, afin de tenir ma promesse de ne plus repartir, je décidai donc de m'installer à Orléans, vendeur en électronique.
Une fois mon sac à terre (marin devenu terrien), il fallut bien gagner sa vie en attendant que mon rêve se réalise.
Je repointais aux maisons d'intérim, et me retrouvai électricien de chantier pour la construction du pont Thinat à Orléans.
Chantier grandiose, car le projet initial était de faire deux ponts, un dans le sens la Source/Orléans, l'autre, Orléans/la Source, avec au milieu, un rail en béton pour le passage de l'aérotrain. Mon travail consistait à éclairer le pont en permanence, suivant son avancée à l'aide de puissants projecteurs montés sur des mâts de dix mètres de haut, et surtout aussi à alimenter de grosses armoires électriques nécessaires aux différentes machines servants à l'édification de l'ouvrage.
De cette période de ce chantier, il me revient une histoire assez drôle que je me permets de vous raconter.
Pour couper les journées harassantes du chantier, nous avions droit à des arrêts en milieu de matinée et d'après midi.
Tous réunis devant le hangar qui nous servait de vestiaires, cantines et atelier, on se prélassait en attendant l'heure de la reprise.
Un beau jour de pause, nous furent abordés par deux ravissantes jeunes femmes qui nous proposèrent des images pieuses tout en nous racontant que Jésus était lumière et qu'il fallait se laisser guider par lui.
Pauvres petites, la foi les égaraient, qu'étaient-elles venues faire dans cette galère? Personne d'entre nous ne ressemblait à un enfant de cœur, et elles-mêmes n'avaient pas du tout le physique de bonnes sœurs.
Pendant près d'une demi-heure, nous les avons charriées, faisant croire que nous rentrions dans leur jeu, écoutant avec assiduité leur âermon sur notre sauveur. Quand elles furent à bout d'arguments, elles nous présentèrent à nouveau leurs images saintes, espérant nous en vendre quelques unes. Je pris la parole.
- « Mes pauvres chéries, vous ne devez pas faire beaucoup d'affaires avec ce genre d'images, je suis sûr qu'avec vos belles frimousses, proposez donc des photos cochonnes, cela marcherait beaucoup mieux ». Je suis sûr qu'elles courent encore!
Pratiquement tous les matins, à la pause j'arpentais la rue de Bourgogne toute proche à la recherche d'un éventuel bail commercial à vendre.
Mes recherches aboutirent, car vers la fin du chantier, je tombai sur une pancarte dans une petite boutique de lingerie, mercerie, bonneterie, layette. Il y était inscrit: « Bail à vendre ».
La propriétaire, exploitante depuis une vingtaine d'années partait à la retraite. En discutant avec elle, je découvris que son mari m'avait connu tout petit, car il travaillait avec mon père aux fonderies de Sologne à La Ferté St Aubin et, il nous voyait souvent ensemble aux Portes Vertes (lopins de terre prêtés par la commune aux familles méritantes) où effectivement, je me rendais assez souvent pour aider à cultiver les légumes.
Le prix du bail était intéressant, l'endroit me plaisait, et nous étions des connaissances, il me fallut quand même faire un emprunt pour acquérir le fond de commerce. Mais voilà, depuis peu à terre, je n'avais pas un sou d'avance, et on le sait, les banques ne prêtent pas aux gens travaillant dans l'intérim.
Comment faire? Ma vendeuse n'avait que moi sur le coup, et elle voulut bien attendre que je trouve une solution.
Le chantier du pont étant terminé, je me retrouvai à Sermaises du Loiret près de Pithiviers à câbler des armoires électriques destinées au mélange de colorants pour la fabrication du béton. Avant, on peignait le béton sur l'édifice construit de la couleur demandée par le client. Avec ce nouveau procédé, on colorait le béton pendant sa fabrication en incorporant un certain pourcentage de teintures. Le béton arrivait sur le chantier déjà de la couleur demandée.
Dans cette usine, un chimiste dosait ses différents produits chimiques et nous calculait les temps de minuteries dans nos armoires électriques.
Le travail était assez compliqué, mais très plaisant. Sympathisant avec le monsieur éprouvette, il devint vite mon ami.
Je le mis rapidement au courant de mes projets commerciaux, il promit de s'occuper de moi. Je n'y pensais pratiquement plus quand, à l'approche des fêtes de Noël mille neuf cent soixante seize, il me fît appeler dans son bureau.
Sortant son carnet de chèque il me demanda:
-"Combien te faut-il déjà Maurice? Je ne m'en souviens plus". Complètement sidéré je lui lançai un chiffre qu'il inscrit aussitôt sur son chéquier.
-"Je le date du vingt cinq décembre ajouta-t-il, ce sera ton cadeau de noël"'.
Je n'osais y croire. Comme cela, pour mes beaux yeux. Je ressortis de son bureau en larmes. Cette mission terminée, je courus chez ma vendeuse le chèque en poche. Elle eut aussi quelques larmes de bonheur. Enfin le projet pouvait se réaliser.
Le plus beau dans cette histoire est, que mon chimiste ne m'avait rien fait signer, j'avais juste son numéro de téléphone et, pendant deux années de suite, chaque mois je devais lui courir après pour m'acquitter de ma dette.
Je lui rendis tout jusqu'au dernier centime, intérêt compris. En plus de son métier, il devait avoir fait des études de psychologie poussée pour avoir tant confiance. Merci encore l'ami!
Un bon mois après ce conte de fée, nous étions chez le notaire pour régler l'affaire et, début mai de l'année mille neuf cent soixante dix sept, j'ouvrai mon magasin de ventes de composants électroniques au quatre vingt douze de la rue de Bourgogne, sous l'enseigne:
Radio Bourgogne Composants (abréviation R.B.C.)
La boutique était toute petite, à peine trente mètres carrés. Nous logions derrière, dans deux pièces, sans salle de bains. Les WC étaient dans la cour mais qu'importé, j'étais à mon compte, avec une petite femme que j'aimais sans oublier sa petite Céline qui avait eut huit ans en janvier. Les débuts furent difficiles, les clients se faisaient rares. Il faut comprendre. La veille s'étaient vendus des bas et des dessous pour mamies et, le lendemain des jeux de lumières et gadgets divers.
Une publicité timide, gratuite dans un journal local ne suffit pas à me lancer. Il fallait que je me trouve quelque chose, mais quoi?
Le loyer très faible, les charges également, je n'avais que le remboursement de mon copain chimiste pour me tracasser. Mais, petit à petit, le bouche à oreilles fonctionnant, les clients arrivèrent d'abord par curiosité, ensuite pour acheter.
L'espoir reprit de voir mon commerce démarrer. ^
Chaque mois, dans un journal hebdomadaire distribué gratuitement, je proposais l'affaire du mois; un gadget en kit.
C'était des montages électroniques à la mode dans les années 80. A savoir: Un jeu de lumière quatre voies, un chenillard six voies, un stroboscope de quarante joules, une sirène de police, un émetteur récepteur bande FM... cela fit fureur. Je me proposai même de les vendre tout câblés, en ordre de marche pour ceux qui ne savaient pas manier un fer à souder ou lire un schéma. Les premiers jeux de télé arrivèrent aussi. Rien à voir avec les consoles Sega ou Play Station ou Game boy de maintenant; juste quatre jeux en noir et blanc. Le tennis un joueur, (on jouait contre l'ordinateur de la console) deux joueurs, la balle au mur et le casse-brique. Tout nouveau tout beau, ils partaient comme des petits pains. Dans les mêmes moments arriva la CI-BI, ce fut un déluge, il m'arrivait d'en vendre plus de dix par jours; et ce pendant des mois.
Un contrat exclusif avec un fournisseur me garantissait aucun autre point de vente de mes produits dans un rayon de cent kilomètres.
Imaginez, des clients de Vierzon, de Chartres dans ma petite boutique, je ne fournissais plus. Un copain venait me donner un coup de main les fins de semaines pour servir tout le monde. La dame qui m'avait vendu la boutique venait trois fois par semaine comme secrétaire mettre mes livres de comptes à jour.
Mon chiffre d'affaire tripla pratiquement d'une année sur l'autre grâce à la CI-BI. Mon comptable n'en revenait pas.
Chaque année, en avril je faisais la foire exposition d'Orléans pour présenter mes produits. Du quatorze juillet au quinze août, je fermais boutique et, avec mes jumeaux nés en 1981, nous partions tous à la mer soit au Sables d'Ollone soit à St Jean de Monts faire bronzette, et surtout se reposer.
Je travaillais quatorze heures par jour car, en dehors des heures d'ouvertures de neuf heures à dix neuf heures sans interruption, rideaux fermés, je câblais des kits, déballais des cartons reçus dans la journée, sans avoir le temps de les ouvrir, ou préparais la prochaine foire. Du coup, la boutique devint trop petite, par chance, dans l'immeuble d'à côté un appartement se libéra.
C'était le mène propriétaire que mon magasin, je sautai sur l'occasion et, le soir après la fermeture, on déménageait les quelques meubles déjà acquis.
En deux ou trois soirées et un week-end, on se retrouva logés au deuxième étage d'un bel appartement.
Dans ce qui me servait de salle à manger en bas, j'agrandis la boutique, la cuisine devint mon bureau et la chambre servit de réserve.
Je travaillai de plus en plus et, à de rythme là, je tombai en faiblesse, une infirmière dut me faire une piqûre par jour.
Elle se mettait dans l'arrière boutique, préparait sa seringue, je reculais du comptoir, baissais le pantalon, recevais la piqûre et retournais servir les clients qui n'avaient le temps de ne s'apercevoir de rien. L'infirmière me disait qu'en trente ans de métier, elle n'avait jamais vu cela. Il faut un début à tout!
A ce propos, en huit ans de commerce, je n'ai fermé que deux demi journées. Un après-midi pour enterrer mon père, et une matinée pour allez chercher mes jumeaux à la maternité. Qui dit mieux?
Cela était trop beau pour durer. La mode de la CI-BI s'arrêta brusquement.
De plus ma femme cessa de travailler dans l'hôtel juste en face, pour élever les jumeaux. Il ne restait que mon tiroir caisse pour nourrir la maison.
Le coup de grâce fut le fisc qui, deux ans après, me demanda les impôts sur des sommes que j'avais gagnées certes, mais qui avaient servies à nourrir ma petite famille.
Ce fut la fin, Un ami cibiste comptable de métier me conseilla de mettre la clé sous le paillasson avant que l'on ne m'oblige à le faire, et de prendre un syndic.
Deux mois plus tard, tout était fini, adieu la belle vie de commerçant aisé. J'en tombai malade. Un bon mois fut nécessaire pour me remettre d'aplomb, mais la chance me sourit à nouveau grâce à un bon client du temps de ma gloire.
Pour clore ce chapitre sur mes huit années de commerçant, laissez-moi vous raconter quelques anecdotes et bons souvenirs.

Sybilla
Envoyé le :  12/2/2024 3:45
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95621
Re: Une vie, mavie ( Le commerce. Radio Bourgogne Composants )
Bonsoir mon oncle Maurice,

Tu m'avais raconté tout ce qui concerne ton ancienne boutique.

Merci pour ton récit.



Belle soirée mon oncle Maurice !
Toutes mes amitiés à Sylvie
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rêve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)

momolemarin
Envoyé le :  13/2/2024 1:33
Plume d'or
Inscrit le: 15/8/2010
De: Orléans
Envois: 1603
Re: Une vie, mavie ( Le commerce. Radio Bourgogne Composants )

Oui petite nièce chérie c'est quand tu étais petite, sur mes genoux que je te racontais toute ma vie. Gros bisous de tonton Maurice

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