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     Une vie, ma vie (Une femme chasse l'autre )
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Expéditeur Conversation
momolemarin
Envoyé le :  11/2/2024 1:10
Plume d'or
Inscrit le: 15/8/2010
De: Orléans
Envois: 1600
Une vie, ma vie (Une femme chasse l'autre )

Adieu Christiane, bonjour Martine. Une femme chasse l'autre.

Malgré mon éloignement au bout du monde, entrecoupé de quelques semaines de congés entre deux bateaux, mon épouse ne pouvait admettre de me voir à la maison à ne rien faire. Pourtant ces congés m'étaient payés bien sûr! Je dus pour la contenter faire quelque chose de mes journées.
Mon beau père, qui était cheminot à Vierzon et connaissait bien le gérant du buffet de la gare et pour cause: toutes ses pauses se passaient devant un verre. II réussit à me faire embaucher pour pousser les chariots de casse-croûtes et de boissons sur les quais à chaque arrêt de trains. Il fallait me voir, hurler à chaque instant:
-"Buffet buffet, voyez, demandez buffet !"
Je ne touchais aucun salaire, sauf dix pour cent de tout ce que je vendais, ce qui n'était quand même pas mal. Me prenant au jeu, renseigné par le beau-père, il m'arrivait de passer des nuits à pousser la charrette pour servir des trains pleins de bidasses, traversant la France.
Malgré mes efforts pour conserver mon ménage, celui-ci battait de l'aile, Pourtant un deuxième enfant, Laurence était née.
Il ne faut pas croire que c'était mon éloignement qui en était la cause, au contraire ma femme s'en accommodait assez bien. Je crois plutôt que le fait que nous habitions chez les beaux parents a détruit petit à petit notre Maison.
Mon épouse ne voulait pas habiter ailleurs, voulant à tout prix rester avec maman. Elle faisait passer ses parents, ses enfants, son argent et son bien être avant tout.
Je n'étais donc que la cinquième roue du carrosse. Que se racontait-il quand je n'étais pas là?
Je compris un jour, quand mon fils, qui n'avait que sept ans me lâcha, après une petite dispute que j'eus avec sa mère:
-"Si tu n'es pas content, tu n'as qu 'à retourner sur tes bateaux!"
Pauvre petit bonhomme, je ne lui en ai jamais voulu, mais le mal était fait.
C'est à partir de ce moment là que je pris mes distances avec cette belle-famille qui rne considérait si peu,
Aux congés suivants, je m'inscrivis dans les agences de travail intérimaire, ce qui me valut de me faire embaucher à Issoudun dans une usine de câblage électrique. Trente kilomètres seulement séparaient Vierzon d'Issoudun.
Pour ne pas rentrer tous les soirs au bercail, je pris pension à la semaine dans un hôtel-restaurant, un routier. Au bout de seulement huit jours, je devins l'ami de la famille, mangeant même à la table des patrons.
Mes premières histoires de marin du bout du monde avaient séduit tout le monde, et ma gentillesse naturelle avait fait le reste.Tant et si bien que Vierzon ne fut bientôt que ma deuxième résidence.
Tout le monde aura compris que ce qui devait arriver arriva.
Dans cette hôtel-restaurant se trouvait Martine, une jeune femme de vingt deux ans, revenant de l'île de la Réunion avec une petite fille de cinq ans, Céline. En plein divorce d'un mari brutal qui était resté là-bas.Ils s'étaient connus ici, à Issoudun, cinq ans auparavant. L'homme, originaire de la Réunion, avait choisi de faire son service militaire en France, à Orléans.
Pendant ses congés d'armée, il prenait pension à Issoudun dans une famille qui voulut bien l'accueillir. C'est au cours d'une fête paroissiale où Martine vendait des tickets de tombola qu'elle tomba sur ce beau jeune homme et, ce fut le coup de foudre.
Ils se fiancèrent très vite, Céline arriva. A la fin de son service militaire il s'embaucha dans une usine d'engrais comme électricien d'entretien à Issoudun.
Ce qu'il n'avait jamais dit à sa jeune épouse, c'est qu'à la Réunion, il était le chef d'une bande de voyous. Vols de voitures, attaques à mains armées, falsifications de chèques...
Sa petite vie pénarde fut si vite oppressante, qu'il désira rentrer au pays.
Martine ignorant tout du lourd passé de son amoureux, partît avec lui en ayant vendu leurs biens, et se retrouva... dans une case, seule avec sa fille, n'ayant pratiquement rien à manger. Lui, retrouvant ses complices, reprit sa vie d'autrefois et ne passait que très rarement à la maison voir sa femme et sa fille.
Cela dura un an. La pauvre Martine, n'en pouvant plus eut toutes les peines du monde pour prévenir sa famille en France afin de se faire envoyer un billet d'avion pour son retour avec sa fille. Le mari en prison une fois de plus, c'était le moment idéal pour s'échapper, mais voilà, le temps de liquider ses affaires pour partir en règle, son homme devait être libéré.
Elle s'en alla voir le juge qui l'avait fait coffrer et, lui expliquant sa situation, il obtint de la justice qu'on le garde deux jours de plus pour qu'elle ait le temps de se sauver.
Une fois en France, de retour chez ses parents, elle s'embaucha à l'hôpital et, pour se faire encore plus d'argent, finissait ses journées comme femme de ménage au restaurant, c'est là que je la vis pour la première fois.
Moi, lassé de Vierzon, je passais tout mon temps de libre avec cette nouvelle belle jeune femme, elle avait vingt deux ans, j'en avais six de plus.
Elle avait pris un appartement pour être tranquille avec sa fille, je l'aidais à s'installer, payant même une partie de ses frais d'avocat pour son divorce qu'elle avait entamé dès son retour en France. Il va sans dire pensais-je qu'à la première occasion, de mon côté, je partirais aussi. Ce fut ma femme qui prit les devants. Me reprochant d'être plus à Issoudun que dans ma famille, elle profita d'un nouveau départ pour à son tour entamer une procédure.
Elle donna comme motif à son avocat que je me vantais de partir ailleurs voir, selon mes propres termes, "ma fiancée", Ce fut suffisant pour qu'elle gagne son divorce aux torts exclusifs du mari,
Je n'en avais que faire, commençant une nouvelle vie avec celle qui trente ans plus tard est toujours mon épouse qui m'a donné des jumeaux, Laurent et Thierry.
La conciliation, le divorce se passa entre deux bateaux et, aux congés suivants, nous étions Martine et moi ensemble dans ce 'logement que je connaissais bien pour l'avoir en partie meublé, et payé les loyers.
Dans ces conditions, partir au bout du monde ne me disait plus rien, d'ailleurs Martine m'expliqua que si nous devions rester ensemble, il n'était plus question que je navigue.
Gagnant quand même bien ma vie dans la marine, elle accepta que j'y reste encore un peu, à condition que je l'emmène avec moi.
Ses parents, ne voulant pas garder Céline, on se fâcha avec eux et, en fin de compte, ce sont les miens qui prirent soin de la petite pendant l'absence de la mère.
Il fallut rendre l'appartement, transporter le peu de meubles à La Ferté St Aubin, inscrire Céline à l'école.
Des deux années que je naviguais encore, nous sommes partis trois fois ensemble. La première fois elle était ma concubine. Et, toujours entre deux bateaux, je l'épousai sans tambours ni trompettes, un jour de semaine pendant que Céline était à l'école,
Martine, entre deux voyages où je partais seul, trouva une place d'aide soignante dans une maison de retraite.
J'allai enfin arrêter cette vie comme je l'avais promis. Ne voulant plus avoir de patron sur le dos, je ressortais un vieux souvenir d'enfance où je m'étais dit qu'un jour je vendrais des composants électroniques à Orléans.
C'était le moment de prouver que cette envie pouvait enfin se réaliser. Je devais pour cela trouver un local commercial, voyons cela au prochain chapitre.
Un dernier regard sur ma période d'intérim avant le commerce.
Entre deux périodes du buffet de la gare.
Quand le directeur du buffet de la gare n'avait pas besoin de moi, il fallait bien que je m'occupe pour satisfaire et ma femme et la belle-mère qui avait fini par trouver normal elle aussi que je ne devais pas rester à ne rien faire à la maison pendant mes congés, entre deux bateaux.
Je pointais donc dans les maisons d'intérim. C'est pourquoi un beau jour, je me suis trouvé à seconder un plombier à Cosne/Loire qui devait installer des climatisations dans un hangar servant de dépôt et d'atelier aux Télécom. Nos horaires n'étaient pas les mêmes que les ouvriers de l'agence qui commençaient beaucoup plus tôt que nous. La direction nous avait autorisés un coin du vestiaire pour nous changer» Mais, en dehors des heures d'embauché et de fin de service, ces locaux étaient fermés à clé par sécurité. Il nous fallait en demander l'ouverture au secrétariat. Comme ce personnel arrivait en même temps que nous, chaque matin une employée nous accompagnait pour nous ouvrir.
Tout se passait très bien depuis quelques jours, j'avais comme toujours sympathisé avec plusieurs ouvriers, trop contents d'avoir des nouvelles têtes dans l'entreprise pour discuter de tout et de rien.
Le malheur voulut qu'un beau matin, en panne de voiture, nous sommes arrivés très en retard. Tout le personnel des bureaux était occupé, il me fallut quand même me risquer à demander que quelqu'un veuille bien nous accompagner pour nous ouvrir les vestiaires. Ce fut le drame, personne ne se décidait. Après l'heure ce n'est plus l'heure me firent-il comprendre.
Il fallait bien pourtant que l'on embauche pour avancer notre chantier. Devant mon insistance à réclamer cette fameuse clé, une secrétaire se leva et m'accompagna enfin. Par contre, elle n'arrêta pas pendant tout le trajet des bureaux aux vestiaires, de râler après nous, qu'heureusement nous n'étions pas embauchés dans cette société, car c'était inadmissible d'arriver en retard, que cela dérangeait tout le service, que nous avions eu de la chance ne n'avoir pas été engagés par elle-même car elle nous aurait chassé comme des malpropres, etc., etc. J'avais enfin réussi à me faire ouvrir les vestiaires, mais à quel prix.
Dans l'atelier, je racontai ma mésaventure à un ouvrier.
- "La garce, ma parole elle se payé le patron pour être si méchante que ça, tu verrais ce qu'elle m'a sorti comme connerie",
L'autre m'écoutait sans broncher. "Comment est-elle faite? " me demanda t-il à un moment. Comme ci, comme ça, je lui détaillai au mieux la coléreuse.
- « Maurice, je te signale que c'est ma femme. »
II me fit la gueule pendant deux jours, mais tant pis, ce qui fut dit fut dit.


Sybilla
Envoyé le :  12/2/2024 3:24
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95567
Re: Une vie, ma vie (Une femme chasse l'autre )
Bonsoir mon oncle Maurice,

Je l'avais lu dans la journée hier malgré la longueur du texte...

Merci pour ce récit !



Belle soirée mon oncle Maurice !
Toutes mes amitiés à Sylvie
Gros bisous à vous deux
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates "réelles" de parution.


Le rêve est le poumon de ma vie (citation de Sybilla)

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