Plume d'or Inscrit le: 15/8/2010 De: Orléans Envois: 1603 |
Une vie, mavie ( La marine marchande se distingue au loin.)
La marine marchande se distingue au loin.
Ma morosité reprit le dessus, il fallait autre chose pour me sortir de cette vie. L'arrivée d'un futur ouvrier dans mon service fut le déclencheur de mon désir de m'échapper de cette vie familiale que je supportais de moins en moins. II s'appelait Jean Pierre, II venait de la Marine Marchande où, après son service militaire dans la Marine Nationale, il reprit du service, toujours dans la Marine, mais cette fois-ci, dans la Marchande (sans la contrainte militaire). Après son embauche, nous sommes devenus de bons amis, et il m'expliqua la marche à suivre pour que moi aussi je parte naviguer. Mon épouse, voyait bien que son Maurice n'était pas bon pour la vie à deux, Pardons, à trois, notre petit Stéphane allait avoir six ans. Elle se résigna à me laisser partir. Comme c'était mon employeur qui nous logeait, il fallut déménager. Retour à Vierzon, où Christiane s'embaucha dans une crèche municipale pendant que je fis toutes les démarches pour, à mon tour, comme Jean Pierre, faire partie des gens de mer, appellation des marins de commerce. Suite à l'envoi de mes états de service envoyés à l'adresse indiquée, je reçus une proposition d'une compagnie maritime, la N. C. H. P., Nouvelle Compagnie Havraise Péninsulaire. Nous prononcions Neuchap. Cette Compagnie recherchait des électriciens confirmés pour entretenir ses cargos au long cours (longue distance, de continents à continents). Il n'était pas nécessaire d'être passé par une école Maritime pour obtenir le brevet, mon C.A.P., du fait qu'il était reconnu par l'état suffisait a me faire rentrer dans la grande famille des marins de commerce, II fallait par contre passer pour la première fois devant un médecin des gens de nier, afin d'être reconnu apte physiquement pour pouvoir naviguer. Mon port d'attache étant Le Havre, c'est là -bas que je dus me rendre pour passer la visite médicale d'embauche.Mon épouse, me connaissant bien, m'obligea à emmener Stéphane avec moi pour, soit disant faire un changement d'air au gamin, mais surtout pour surveiller papa. Partis un lundi dans la journée de Vierzon en train, nous devions en revenir le lendemain soir. L'épisode de la nuit au clair de lune pour mon examen à Corbeil-Essonnes se reproduisit ici, sauf que la, mon fils m'accompagnait, Impossible de trouver un hôtel, A la tombée de la nuit, nous nous sommes rendus sur la grève et, en inspectant les cabanes de plage, j'en trouvais une de laissée ouverte. Elle nous fit un abri sûr pour la nuit car personne ne nous dérangea. Au petit jour, dans le premier bar ouvert, on se réconforta de la nuit assez fraîche (nous étions fin mai) devant un copieux petit déjeuner, et j'étais en forme pour affronter le toubib maritime. Mon bon de visite en poche, le retour au bercail se fit sans problème, le fiston avait bien eu son changement d'air, surtout avec la nuit passée à la belle étoile, il ne me restait plus qu'à attendre le courrier annonçant le nom du bateau et son port d'embarquement. J'allais passer huit belles années dans la Marine Marchande, passant du cargo au cargo mixte (cargaison plus passagers) pour finir sur les pétroliers les plus gros du monde à l'époque, avec un chargement de plus d'un demi-million de tonnes de pétrole. Le Batillus pouvait en effet contenir cinq cent quarante mille tonnes de pétrole brut et il ne lui fallait que trente jours du Golfe Persique à l'Europe pour livrer son chargement. Rendez-vous donc dans huit ans pour la suite de cette vie qui commençait à être un peu mouvementée. En cherchant bien dans ma mémoire, il me reste encore quelques bonnes histoires de ces huit années passées autour du monde.
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