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     Extrait de : Une vie, ma vie... (Les années collège )
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Expéditeur Conversation
momolemarin
Envoyé le :  30/1/2024 3:16
Plume d'or
Inscrit le: 15/8/2010
De: Orléans
Envois: 1603
Extrait de : Une vie, ma vie... (Les années collège )



Les années collège.

L'obtention de mon certificat d'étude fut le sésame pour avoir le droit de me présenter dans ce bahut afin d'apprendre le métier que j'avais choisi, à savoir: monteur électricien en bâtiment, remplacé depuis longtemps par électricien d'équipement.
Si le directeur de cet établissement avait pu savoir comment s'était comporté l'élève Renard pourtant si timide à première vue dans l'école de sa ville natale, je suis sûr qu'il aurait trouvé tous les prétextes pour que je ne sois pas admis dans ce centre.
Mais voilà, j'étais dans la place, et j'y restais trois ans, non sans mal. J'en sortis avec ce fameux certificat d'aptitude professionnelle (C.A.P.) qui, par la suite encore me fut très utile et surtout nécessaire pour avoir le droit de naviguer dans la marine marchande. Mais ceci est une autre histoire, racontée dans mes deux ouvrages précédents.
Revenons si vous le voulez bien à ces samedis de colle qu'il fallait bien meubler en attendant le samedi suivant
II y aurait plusieurs histoires à raconter pour remplir un livre entier. Je n'en citerai donc que quelques unes:
Fort d'une réputation de défenseur du faible et de l'opprimé, je ne pouvais pas admettre que des pions de collège, guère plus âgés que moi (en troisième année j'avais près de dix huit ans) abusent de leur pouvoir pour crâner auprès des nouveaux.
A la récré, je me bagarrais avec un troisième année qui, à mes yeux emmerdait des premières années. Je sentis que l'on me tirait par les épaules. Pensant à un copain de celui que je tabassais venu le défendre, sans me retourner, j'envoyai un violent coup de poing... dans le ventre du surveillant qui tentait de nous séparer. Sous la violence du choc, il fut projeté en arrière et tomba à la renverse. Se relevant péniblement, en se tenant le ventre il hurla:
-"Renard, ton nom... " Abasourdi par le violent coup, il voulut me demander le numéro de mon trousseau pour faire un rapport au directeur sur cet élève si violent qui se permettait de corriger les pions de collège.
- Un soir, dans une salle d'étude, alors que je chahutais avec des camarades, la porte s'ouvrit, sur le directeur qui voulut nous calmer. Je pris une attitude arrogante à ses yeux, et il me lança:
-"Ne prenez pas cet air idiot Renard qui vous va si bien d'ailleurs!".
Je dus répondre pour ne pas perdre la rime:
-"Bien M le directeur".
Le centre d'apprentissage de Montmirault était un ancien château, transformé en salles de cours, dortoirs et cantine. Tout le bâtiment était entouré d'un grand parc où, en temps normal nous n'avions pas le droit de nous y promener seuls.
Les cours d'éducation physique se donnaient dans ce parc, dans des endroits spécialement aménagés. C'est dans ces sorties encadrées que j'avais remarqué un potager et plusieurs arbres fruitiers, notamment des pommiers.
Un dimanche de colle donc, j'avais une envie de pomme. Avec un élève de première année, nous échappions à la garde du surveillant et nous voici partis dans le pare goûter le fruit défendu.
De grandes herbes hautes sous les pommiers nous camouflaient pendant que l'on se gavait de ces pommes pas encore mûres. Nous n'étions que fin juin, mais qu'importé, on se régala quand même.
Ce fut le bruissement des feuilles à quelques pas de nous qui me donna l'éveil. On se plaqua à terre, et écartant légèrement les herbes devant nous, je risquai un œil pour voir quel était l'intrus qui nous dérangeait ainsi.
C'était le directeur, un fusil à la main et tout près son chien qui nous avait levés. Que faire? La bête était en arrêt devant nous, à dix pas. «Le dirlo», derrière, voyant l'animal stopper net dans notre direction, pensant à un gibier traqué par son fidèle compagnon leva son fusil. Mon complice, mort de peur était incapable de faire quoi que ce soit.
Je paniquais aussi, mais me dus de faire quelque chose. Nous n'allions quand même pas nous faire canarder comme cela. Je surgis des fourrés en hurlant je ne sais quoi.
Quarante cinq ans après, j'imagine encore la tête du directeur.
Plus surpris que nous, il a baissé son fusil, a rappelé son chien et blême, pouvant à peine parler nous a dit avec un grand calme de rentrer immédiatement au centre.
L'histoire ne s'arrêta pas là, je m'attendais par la suite à des représailles justifiées-de l'autorité. Ce fut le lundi midi, en sortant du réfectoire.
Le directeur nous mit tous en rang, première, deuxième et troisième années confondues et, devant ces dizaines de pensionnaires étonnés il me fit sortir des rangs. Je pensais en moi-même:
-"Maurice, là tu as dépassé les bornes, devant tout le monde il va te foutre une volée que tu auras bien méritée".
Eh bien non! Il s'adressa à moi:
-"Renard, tu aimes tant que cela les pommes ?
Et, avant que j'ai pu bredouiller une quelconque réponse il mit dans les poches de ma blouse toutes les pommes qu'il avait amenées dans un sac.
Pendant que je ramassais celles qui étaient tombées par terre, il expliqua à tout le monde que cet imbécile (moi) avait failli se faire tuer hier dans les conditions évoquées plus haut.
Ce fut ma seule punition, le pauvre directeur, tellement content de ne pas avoir tué deux de ses pensionnaires avait choisi de me faire honte devant tout le monde. Mais je n'étais plus à cela près, et ce ne fut pas la dernière connerie.
Tout autour du château donc, il y avait un grand parc, avec des sapins, immenses. De temps en temps, j'allais grimper au plus haut, et là, des heures durant, je méditais en regardant autour de moi le spectacle offert.
Un jour, je ne sais pas ce qui m'a pris, je suis monté comme d'habitude, mais avec une scie à métaux entre les dents. Une fois là-haut, avant de redescendre, je coupai deux bon mètres de cime que je jetai au loin et, content de moi, je redescendis comme si de rien n'était.
Cela se passa un dimanche... de colle.
Tout les lundis matin, c'est notre directeur qui faisait l'appel des troupes, pour nous donner les consignes de la semaine, et surtout nous rappeler quelques règles de conduite dans un établissement d'une telle envergure.
-" N'est-ce pas Renard, pensais-je en moi-même".
Dans la cour es élèves faisaient face à la forêt et le directeur devant nous ne pouvait voir ce que certains avaient déjà repéré; ce grand sapin, juste devant eux, la tête coupée. Il y eut comme un mouvement de foule, plusieurs élèves interpellaient leurs camarades pour leur faire voir ce qu'ils n'osaient pas croire: le plus beau sapin du parc, décapité.
Le directeur, se retournant enfin, mit plusieurs secondes avant d'apercevoir à son tour l'objet du délit.
Rien, aucune réaction, il ne broncha absolument pas. Il nous ordonna de nous taire, et finit son exposé.
Ce n'est que beaucoup plus tard qu'il me fit venir dans son bureau. Il ne parla même pas du sapin, ne me demanda même pas d'avouer la décapitation, car il savait très bien que ce ne pouvait être que moi l'auteur. De mon côté, je n'allais pas jurer mes grands dieux que je ne savais pas pourquoi j'étais dans son bureau.
Calmement, il prit la parole :
-"Renard, tu as dépassé les bornes, je ne peux plus te garder ici, vis à vis des premières années, tu es un très mauvais exemple, je te laisse inscrit pour le C.A.P. que tu dois passer à Corbeil dans quinze jours, tu te présenteras comme candidat libre, je ne veux plus te voir!".
Le pauvre, il avait quand même tenu près de trois ans.
Pensant encore à justifier sa conduite envers moi, il sortit une feuille d'un dossier et m'énuméra les rapports des profs et pions depuis mon entrée dans l'établissement:
- élève d'une insolence des plus rares et des plus vulgaires. Exemples:
- à la récréation, oblige sous la menace un élève de première année de traiter le maître d'internat de con.
- au réfectoire, casse l'assiette de son voisin et en menace le surveillant avec les morceaux.
- descente nocturne dans la remise de la cantine pour boire le vin destiné aux professeurs.
- fait le mur* pour, en dehors des heures de sorties autorisées, passer son temps en face à l'épicerie, jouer au baby-foot. (Tu parles, en fait de baby-foot, c'était la fille de l'épicière qui m'accueillait les bras ouverts, et quand je dis les bras...).
J'en passe et certainement des meilleurs.
Ironiquement, il eut quand même le courage de me dire que le coup du sapin était trop récent pour l'inclure dans sa liste, mais qu'il y en avait suffisamment comme cela pour justifier mon renvoi. Tous ces rapports étaient envoyés à la maison par la poste, et il fallait que ma mère, après en avoir pris connaissance les renvoie signés au directeur, par courrier. Car si je mettais la main dessus, personne ne les retrouverait.
La pauvre! Que de soucis elle a dû se faire avec ce grand garnement qui lui procurait tant de misères! Je pense qu'elle fut soulagée, oh combien quand, un petit mois plus tard, je reçus ce papier annonçant ma réussite pour mes trois années d'internat.
Pour en revenir au sapin décapité et les virées en face, à l'épicerie, trente ans plus tard, avec ma femme et mes jumeaux, (la grande fille étant partie depuis peu en Suède), me promenant un dimanche, je fis voir à ma petite famille les endroits où, collégien, je passai trois années en internat. Je reconnus mon sapin qui pourtant, après si longtemps, ne s'était toujours pas remis de sa coupe forcée. De plus, en trafiquant sur la Ci-Bi* de mon véhicule, je rentrai en conversation avec une femme. '
Après une petite discussion de quelques minutes, lui expliquant les motifs de ma venue en ses lieux, elle m'interrompit:
-"Tu ne serais pas Maurice par hasard? Est ce que tu es seul?"
Après tant d'années, il y avait prescription. Ma femme en rit encore. C'était elle, la petite de l'épicerie, qui, à la mort de ses parents avait repris le commerce devant mon collège.
Elle m'avait reconnu, trente ans plus tard. J'avais dû, à l'époque lui faire très bonne impression pour qu'après tant d'années elle rêve encore de son Maurice, si fougueux à l'époque.
Nous étions un dimanche, sa boutique était fermée, elle m'aurait certainement ouvert sa porte à nouveau pour se rappeler les bons moments passés ensemble, mais je n'ai pas osé, vis à vis de ma femme et des deux enfants. Tout seul peut être... mais avait elle quelqu'un de son côté? Elle ne me le dit pas, nous nous sommes quittés sur la CI-BI sans nous voir de visu.
Revenons à mon renvoi du bahut, quinze jours avant l'examen du C.A.P.
Viré comme un malpropre, je rassemblai tout mon paquetage, la valise énorme, le cartable plein de trois années de cours plus ou moins bien appris, et le fameux carton à dessin.
Pas le temps de prévenir la famille de l'arrivée du fils à la maison. De toute façon, à cette époque pas de portable, les parents ne possédaient d'ailleurs pas le téléphone. Il n'y avait que le télégramme pour prévenir mais je n'en eus pas le courage. .
Mon vélo était encore dans une remise, je calai le tout tant bien que mal sur le porte-bagages et me voilà parti sur les routes. De Montmirault à Etampes, je connaissais pour l'avoir fait pendant deux années de suite, mais le plus dur fut le trajet Etampes Orléans La Ferté St Aubin. Près de cent kilomètres à vélo, chargé comme un mulet. J'avoue que je ne le ferais plus.
Parti en début d'après-midi du centre, j'arrivai en pleine nuit à la maison, complètement épuisé. Tout le monde dormait bien sûr.
Ma mère, affolée de me voir dans ces conditions se calma assez vite, voyant que je n'avais pas trop souffert de l'expédition. Je mis quand même deux jours à me remettre de la fatigue dans les jambes.
Il restait une quinzaine de jours avant la date de l'examen du C.A.P. à Corbeil, j'en profitais pour bûcher mes cours. De toute façon, il n'y avait rien d'autre à faire.
Parcourir trois années de leçon en quinze jours, c'était un record. Je me fiai à ma très grande mémoire pour emmagasiner toutes les données que je jugeais nécessaires pour l'examen.
D'ailleurs, conscient que je n'avais pratiquement rien fait pendant ces trois années d'internat, le dernier mois, tous les soirs dans mon lit sous les couvertures avec une lampe de poche, je relisais mes cours. Mais est-ce que ce serait suffisant pour décrocher le C.A.P. ?
La veille de l'examen, je partais seul en train pour Corbeil, pensant trouver un hôtel pour y passer la nuit. Manque de bol, la ville était en fête pour, je crois, une grande foire annuelle, donc impossible de trouver une chambre dans toute la ville.
Mais ce n'est pas cela qui m'arrêta. Je me rendis au collège où, le lendemain je devais passer l'épreuve. Situé hors de la ville, il y avait un champ de blé tout près. Je revins le soir à la tombée de la nuit et, me frayant un chemin dans les sillons assez loin de la route pour ne pas être repéré, je passai la nuit à la belle étoile. Au petit jour, le premier arrivé et pour cause, on nous offrit un petit déjeuner avant de commencer.
Pendant toute la journée, épreuves sur épreuves, je passai ce fameux diplôme que je décrochai avec mention assez bien.
Ces trois années ne furent pas trop gâchées en fin de compte, mais j'avoue que j'aurais dû mieux les passer en étant un petit peu plus assidu.
"N'est-ce pas Mie Directeur?".
C.A.P. en poche j'étais près à me lancer sur le marché du travail mais, à dix huit ans et demi, je fus vite convoqué pour les trois jours, l'armée m'attendait.

*CI-BI; Citizen Band, la bande du citoyen. Émetteur récepteur sur 27 Méga-Hertz disposé dans les véhicules pour discuter entres conducteurs et avec des stations fixes. Très à la mode dans les années 1980.

Sybilla
Envoyé le :  30/1/2024 15:47
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
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Envois: 95618
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Re: Extrait de : Une vie, ma vie... (Les années collège )
Bonjour mon oncle Maurice,

J'ai relu ce très long chapitre de l'un de tes livres après avoir mangé.

Merci pour ces confidences intimistes !



Belle journée mon oncle Maurice !
Toutes mes amitiés à Sylvie
Gros bisous à vous deux
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rêve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)

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