Plume de platine   Inscrit le: 11/4/2011 De: Envois: 3485 |
LE JOUR D'APRES (EUX) Le jour d’après (Eux)
Elle est partagée entre le rire et une pointe de jalousie absurde. Heureusement qu’elle ne les a pas entendus rentrer. Pragmatique, une heureuse nature sa copine. Le café et les croissants expédiés, Amandine reprend:
? Ah oui j’allais oublier, il faut que je me sauve, les Zimmerman vont passer me prendre: on va faire une espagnolade à Bossost. Par le Portillon, c’est juste à coté. On va y passer la journée: Shopping et provisions. Tu veux que je te ramène des trucs?
? Comme tu veux, à ton idée, tu connais mes goûts…
? Je te laisse les clefs et les papiers de la voiture, si tu en as besoin…
Exit Amandine. Une journée a cogiter pour Nelly.
Il émerge de fort méchante humeur. La soirée d’hier lui laisse un goût amer dans la bouche. Dire qu’il a été déçu du forfait de Nelly est peu de chose. Il n’a pas été dupe : neuf chances sur dix qu’il s’agit d’une excuse pour éviter sa compagnie. Tous ses plans sont tombés à l’eau. Néanmoins, ça aurait pu être une agréable soirée sans cette charmante jeune femme qui le colle depuis ce matin. Sans Nelly, il ne lui aurait pas déplu de la séduire. Difficile de garder ses distances, surtout en dansant. A un moment, unis sur slow langoureux, il a rêvé que c’était Nel et il a failli l’embrasser… C’était moins une.
Il l’a raccompagnée jusqu’à son bungalow, démarche cruelle sachant la proximité de celui de son amie. Enfin, il a réussi a prendre la tangente. Qu’est-ce qu’Amandine doit penser de lui: goujat au minimum, n’aime pas les dames, voire impuissant… C’est doublement gênant, car ils seront amenés à se côtoyer jusqu’à Dimanche.
Qui a-t-il au programme aujourd’hui: rien ce matin, deux vols d’initiation cet après-midi. Le temps devrait se gâter en soirée. Les Zimmerman sont à Bossost pour la journée, en principe avec Amandine. Tant mieux, c’est toujours ça de gagné. N’est-ce pas aussi l’occasion de tenter d’approcher Nel, de lui parler enfin? Ça ne peut pas finir de cette façon, en s’ignorant royalement. Enfin surtout elle, lui il sait ce qu’il veut: la chercher, l’emmener déjeuner, renouer le dialogue. Tant pis s’il se plante.
A onze heure il monte au camping Ô’Lanette. Il se gare à l’entrée, prend son courage à deux mains et le chemin des bungalows, et là , c’est la cata: la R16 est là , Amandine n’est pas partie à Bossost. Il est coincé, se replie à sa voiture, fait le guet en espérant qu’elle sorte seule...il est midi passé quand il lève le camp et renonce, rongé par la déception. Il faudrait qu’il trouve autre chose: plus que demain.
Nelly a ruminé toute la journée, sentiments partagés entre rancune et vains regrets. Ce mec lui pourrira donc la vie jusqu’au bout? Elle a cherché à se calmer en arpentant les chemins autour de Montauban, à flanc de coteaux. Mais rien à faire, à part d’être fourbue. En fin de journée, elle s’aperçoit qu’elle renouvelle l’erreur déjà commise: Ne pas chercher à savoir le pourquoi du comment. Le moment n’est-il pas venu d’exiger ce pourquoi du comment, l’ entendre, lui dire son fait, enfin fermer le livre. Exit Antoine, plus jamais Luchon? Aléa jacta est: Elle attrape les clefs de la R16.
Vendredi soir, rue des Barries. Il a fini ses vacations à l’aéroclub en fin d’après-midi. C’était plié à cinq heures, vu que le temps vire à l’orage. Il est rentré, se prend une bonne douche et décide de ne plus sortir. Il y a du jambon dans le frigo, il dînera d’un sandwich. Il n’a toujours rien trouvé qui lui permette de la voir hors du cercle Amandine et les Zimmerman.
Luchon, ça tire à sa fin, il passera le relais à ses Parents curistes Dimanche avant de reprendre la route. Il tire les rideaux de la baie vitrée qui donne sur le jardinet. Ça fait un moment qu’il tourne en rond. Pourquoi garder cette amertume. Qu’espérait-il donc? Un miracle? Ils se sont reconnus, mais bien vu sa réserve. Est donc resté sur le pont du navire convivialité. Il a eu l’impression qu’elle était soulagée d’avoir sa copine exubérante promue chaperon à son insu. Il s’était peu livré, et elle moins encore. Sans doute s’est-elle mariée, fondé une famille évidemment… De quel droit mettrait-il le souk dans sa vie maintenant . On ne refait jamais le chemin à l’envers. Il nage en plein spleen. Tu rêves mon bonhomme!
Pour échapper aux idées grises il se met au lit avec un polar de Vargas, bien saignant. L’assassin pervers, son forfait accompli, découpe sa victime en rondelles, sans doute en vue d’un pot-au-feu.
On toque à la porte. Quoi-t-est-ce? Il répond machinalement oui, un instant, en enfilant un peignoir. Ça doit être Michel avec des emplettes ramenées de Bossost. Une idée le traverse: et si c’était Amandine, qui le cherche depuis le début? Dans l’état où il est, il lui sera difficile de l’éconduire.
Voilà , voilà , il ouvre: stupeur, c’est Nelly! Toi! Il a presque crié, avec la voix du cœur. Pas le temps d’un sourire, de la faire entrer, qu’il se prend deux giroflées, aller retour plein tarif, et marteler la poitrine de coups de poing nerveux avant de la recevoir dans ses bras. En larmes. Lui aussi a l’œil humide. Pas un mot, souffles mêlés, se retrouvent enlacés. Ils auront bien le temps de tout se raconter. D’ailleurs est-ce si important? Ils se sont retrouvés, et c’est cela qui compte. L’urgence est de consommer. Un lien à retisser, vingt ans à effacer. C’est le début d’une autre histoire . Pins-Justaret, le 31/01/2021
Voilà , j’ai choisi de clore « ROMAN SANS PHOTO » sans passer par la case « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » en vous laissant le soin d’imaginer la suite …
J’espère que vous avez pris plaisir à lire mes élucubrations.
Peut-être à bientôt pour une autre histoire… Si vous le voulez bien.
Mes amitiés
Parceval
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