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AMANDINE (Antoine)
Amandine (Antoine)
Les Zimmerman sont passés la prendre au camping avec le break Volvo; Nelly les rejoindra en fin de matinée à l’entrée de l’aéroclub. Les jumelles chahutent sur les strapontins à l’arrière. On fait une escale en ville rue des Barries pour récupérer le parrain pilote. Sa mère possède un T2 en rez de chaussée d’une copropriété de quatre appartements. Une entrée indépendante avec un minuscule jardinet. Un petit coup de klaxon et il déboule, accueilli bruyamment par ses filleules. Il est pas mal le mec! Lunettes Rayban sur le nez...Pas une gravure de mode mais quand même. Sourire cordial, présentations, poignées de mains.
? Antoine Guillet, moniteur de vol à voile occasionnel. C’est vous qui souhaitez prendre de la hauteur?
? Amandine Brémond, avocate à plein temps. Oui c’est moi… Enchantée; il me tardait de vous connaître.
Il case son sac et prend place à ses cotés.
? Et en avant pour de nouvelles aventures, conclut Angèle en redémarrant.
Les jumelles entonnent «C’est un fameux trois mats…..» Ils sont réduits au silence devant la vigueur du récital.
Il l’entraîne vers les bureaux de l’aéroclub: Des papiers à signer, l’assurance entre autres.
? Ah, je vois que vous avez pensé à vous couvrir, c’est bien; là -haut il fait froid et on n’a pas la clim.
Ils rejoignent le bout de la piste où sont stationnés les planeurs. Chemin faisant, il lui explique:
? Nous allons prendre l’air par catapultage, vous avez du y assister déjà depuis le sentier de Badech. C’est assez hard mais efficace. Jusqu’au largage du filin, vous allez avoir le cœur au bord des lèvres, quand on est averti, ça se maîtrise très bien. Après: maman, je vole!
Ils sont arrivés; Antoine retire la bâche du cockpit de son planeur, le place en position avec l’aide d’autres pilotes et préposés de piste. Il dégage la verrière et vérifie les gouvernes. Elle est impressionnée par l’apparente fragilité de ses ailes immenses et l’exiguïté de l’habitacle. C’est bien là qu’il l’aide à se glisser dans le siège de tête. L’image qui lui vient à l’esprit c’est enfiler des escarpins avec un chausse-pied. Il boucle sa ceinture, lui détaille les commandes du poste de pilotage, lui tend un petit sac au cas où. Puis l’abandonne pour accrocher la tête de câble sous l’appareil, celle qui comprend le petit parachute de largage. Il monte à bord, ferme la verrière, lui passe un petit interphone pour communiquer. Ça y est, le filin arrive du bout de piste tiré par une voiture désossée reconvertie en tracteur. On l’accroche.
? Ça va? Attention, c’est à nous.
Elle répond ouioui, à la foi exaltée et tenaillée par la peur. Les aides en bout d’aile relèvent l’appareil. Pouce levé, go! Le câble se tend brusquement A peine quelques mètres et le planeur se cabre au max. Ouch! Le sang lui monte à la tête. Ils sont déjà haut quand elle se sent d’un coup légère, légère. Il s’inquiète si ça va toujours. On a largué le filin. En même temps qu’elle s’extasie de la vue et de la sensation, il explique pour elle, en virant vers la montagne.
? Nous allons chercher les courants ascendants pour prendre de l’altitude et après on gérera.
Et il gère avec maestria, survolant la vallée, flirtant avec les forêts et les séracs d’altitude, la station de Super Bagnères, commentant le détail des sommets et des villages, ménageant des silences propres à une méditation aérienne. Une idée du nirvana. Elle plane, au propre et au figuré. Ils ne sont pas seuls, d’autres oiseaux blancs les croisent ou leur tiennent compagnie, à bonne distance.
On ne voit pas le temps passer, il faut maintenant rentrer. Il guide le planeur en orbes descendantes d’un bord de la vallée à l’autre pour finir par se présenter depuis le confluent du Lys et de la Picque dans l’axe de la piste. On a Montauban et le camping sur la droite. Au fur et à mesure que l’appareil descend, elle a l’impression qu’il va de plus en plus vite. Les maisons , le terrain de sport filent a la vitesse grand V. Placée en avant poste, elle est morte de trouille: on est trop bas! Mais non, au ras des promeneurs, enfin la piste, On touche en douceur, un rebond et le planeur roule sur l’herbe rase. Elle reprend son souffle. A la hauteur des hangars de l’aéroclub , il oblique et l’appareil finit sa course près des bâtiments, penché sur l’aile. Antoine ouvre la verrière et s’enquiert:
? Ça va? Ça vous a plu?
Il l’aide a s’extirper de l’habitacle. Elle a les jambes en coton et s’accroche à lui. Il fleure bon le Paco Rabane. C’est Nelly qui a raison, l’Antoine , il va la faire planer. Ils passent aux bureaux récupérer les sacs, en devisant gaiement. Ils se sont débarrassés des blousons, il fait déjà très chaud.
Les jumelles se précipitent: Parrain, Parrain! Il lui passe son sac et prend une fillette dans chaque bras, et c’est dans cet équipage qu’ils rejoignent Angèle, Michel et Nelly sur le parking.
Là , un moment d'apnée est nécessaire ...
A suivre
Parceval
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