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Récit de voyage ( Le vol mouvementé )
Récit de voyage ( Le vol mouvementé )
Le récit d'un voyage en avion qui aurait pu mal tourner, mais qui en définitive se termina avec plus de peur que de mal. Pour le dernier voyage de ma carrière de marin de commerce sur le S/T Léda, j'avais embarqué avec mon épouse à Dubaï. Quatre mois plus tard, de retour dans ce même port, mon temps légal de navigation effectué, je me trouvais débarquant avec une dizaine de collègues. Comme d'habitude, un minibus de la compagnie nous attendait au pied du bateau pour nous emmener à l'aéroport. Embarquement à Dubaï sans aucun problème et, première et dernière escale d'ailleurs, Le Caire. Une bonne demi-heure de transit, le temps de changer d'équipage, d'hôtesses, de refaire le plein de vivres et de kérosène. Toutes ces opérations terminées, nous sommes autorisés à regagner nos places, pour un imminent départ. Un contrôleur de vol monte à bord pour une dernière inspection et, avant de quitter l'avion nous lance un aimable : -" bon voyage". Rien à dire pour le décollage, et en route pour la France. Nous volons de nuit. Les passagers confiants somnolaient, d'autres lisaient. Il n'y avait pas une heure que nous avions quitté Le Caire, je fus pris d'un doute quant à la direction prise par l'avion. Pour ma part, au lieu de filer droit, j'avais l'impression que nous faisions de grands cercles. J'en étais à mes réflexions sur la bonne route prise par l'appareil, qu'une hôtesse nous parla au micro. D'abord en anglais, quelques phrases très courtes qui eurent l'air de détendre les auditeurs de cette langue. Ensuite ce qui me parut être de l'arabe, et pour finir en français. Là , les choses se gâtèrent quelque peu pour la dizaine que nous étions, car, l'hôtesse maîtrisant mal notre langue dut se tromper dans la traduction de ce qu'elle avait à nous dire pourtant de rassurant, car voici à peu près ce que nous entendîmes : -"Mesdames et messieurs, toute votre attention s'il 'vous plaît. Des ennuis techniques nous obligent à retourner au Caire pour réparations, nous allons essayer de nous poser dans de bonnes conditions". Pas plus que cela, pas d'autres explications. Mon épouse se voyait déjà écrasée au sol, et se lamentait pour notre fille Céline laissée chez mes parents. Elle dut changer de couleur, car une hôtesse s'approchant de nous lui demanda la raison de cette panique, si visible sur son visage. Elle avait l'air de parler mieux le français que sa collègue au micro/ car lorsque je lui expliquais ce que nous avions entendu, elle sourit, et nous décrit mieux la situation, ce qui eut pour effet de calmer ma femme. Dès le départ du Caire, un appareil vital de navigation tomba en panne. Les consignes de sécurité, très strictes pour les vols internationaux, interdisaient de continuer le voyage. Ordre fut donc donné au Commandant de bord de retourner à son point de départ, mais, dans ce cas, il devait atterrir les soutes de carburant pratiquement vides, donc, les fameux cercles que j'avais remarqués lui servaient, à chaque virage, à larguer une partie de son carburant dans le désert. Les autres passagers français n'avaient pas l'air de s'affoler, soit qu'ils avaient compris les explications en anglais, soit qu'ils n'avaient pas saisi tout le sens de la mauvaise traduction en français. Seule ma femme apparemment eut ce jour la trouille de sa vie. Le retour au Caire se fit sans autre incident. Tout le monde resta dans l'avion le temps que l'on embarque le matériel remplaçant le défectueux, et, le même contrôleur vint inspecter le tout au moment du départ, mais cette fois-ci, il n'osa pas nous souhaiter à nouveau bon voyage. Peut-être est-ce lui qui nous porta malchance ?
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