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CROISIERE SANS ESCALES (Nelly)
Croisière sans escales (Elle)
Recentrée sur ses activités d’avocat conseil, elle peut prendre le temps de digérer sa mésaventure. D’ailleurs, entre Amandine et elle, ce ne sont pas les dossiers qui manquent. Le tribunal d’instance et la correctionnelle se font souvent l’écho de leurs interventions. Maître Brémond a plaidé plusieurs fois aux Assises. Au point que pendant les deux années suivantes, elles ne prendront pas de vacances ensemble, mais successivement, à part quelques week-end partagés. Nelly explorera l’arrière-pays niçois, Tourette, Vence, Saint Paul et Vallauris, cornaquée par Derek, sans négliger les plaisirs de la mer. Seule exception, elle s’est payé une semaine à l’océan au Cub Med de La Palmyre, près de Royan. L’océan, une découverte. Cool et fun, à retenir.
La SCP Brémond/Messonier jouit d’une bonne réputation, et, devant la saturation qui les gagne, elles ont enfin ouvert un accueil secrétariat en embauchant une jeune personne efficace et avenante. Il était temps, les consultations s’enchaînent, elles sont crevées. Les semaines font soixante-dix heures. Leur sas de décompression reste la séance de yoga hebdomadaire. Plus qu’un coach, Mathilde au fil du temps est devenue leur amie. Elle s’est un peu racontée. Une formation de kiné et en parallèle l’initiation au yoga, une passion qui l’amène à se perfectionner jusqu’au professorat. Elle continue d’ailleurs à suivre des stages. Un mari, Charles, rencontré à l’école de kiné, qui exerce au Centre Hospitalier du pays d’Aix, avenue des tamaris, le CHIAP pour les intimes. Un gamin, Frédéric, à l’école primaire.
Elle en vient à évoquer les Thermes de Luchon où elle a exercé pendant cinq ans: ses premiers cours de yoga, inclus au pack de soins proposé par le centre de cure. Elle en a gardé un excellent souvenir….La ville est à la fois branchée et familiale, sans compter le ski à Super-Bagnères, et la rando en montagne. A découvrir.
? Les filles, je vous sens bien fatiguées, vous devriez penser à laisser la mer pour vous ressourcer dans un coin comme ça. En plus des cures médicales, ils proposent des packs forme et bien-être qui pourraient vous faire le plus grand bien…. Vous voulez que je vous fasse envoyer la doc?
? Si tu veux, ça ne mange pas de pain. Tu te fais payer par le syndicat d’initiative? Arrête, là on charrie….
Elles s’embrassent en riant et sortent bien emmitouflées: on est en Novembre et le mistral souffle, en Provence, quand il fait froid, il fait froid! Elles recevront la doc, qui ira grossir la pile de revues diverses de l’accueil de leur officine...
Ça fait un bail qu’elles n’ont pas vu Derek, plongé dans la fièvre créatrice et la nécessité de trouver le temps de courir les expos et démarcher les galeries. Il commence à se faire un nom et ne tire plus trop le diable par la queue. Aussi quand il refait surface, c’est l’occasion de se faire un petit resto a trois. On papote en prenant l’apéro.
? Alors l’artiste, qu’est-ce que tu deviens?
Elles ont droit au blues du peintre plus très maudit.
? C’est toujours la même galère. Il faut encore jongler entre les galeristes qui te font la promo et veulent l’exclusivité. Résultat , ils te surcotent car ils y ont intérêt, mais toi après tu ne vends plus rien et ils passent au suivant. Et puis les expos: celles où tu te retrouve avec le premier prix du conseil général ou de l’association culturelle du bas-Poitou, félicité à tout va et, et part une toile acquise ou plus souvent donnée aux organisateurs, tu ne vendras rien. Ça fait une ligne de plus au palmarès, point barre. L’été, j’en suis réduit à me prostituer au bord de mer à faire des portraits au pastel. C’est de l’alimentaire, mais nécessité fait loi.
? Arrête, on va pleurer. On ne te sait pas trop dans la dèche, non?
? Vous êtes sans pitié, les filles. Ah! vivement que je me gagne assez de sous pour m’installer en galerie-atelier. Heureusement, il existe quelques opportunités d’expo qu’on se passe entre amis pour des lieux touristiques ou les villes d’eaux. Il faut s’y prendre bien à l’avance. Mon copain Cédric en a fait une l’an dernier où ça bien marché. Du coup je me suis inscrit pour mai prochain à la Maison du curiste à Bagnères de Luchon.
? Marrant, Mathilde nous a fait l’article sur le thermalisme et Bagnères où elle a bossé à ses débuts. Si tu es là -bas en Mai peut-être qu’on va se décider et aller te voir.
? Ça serait super qu’on puisse se retrouver sur place.
Après on ne cause plus trop, occupés à déguster un tian de derrière les fagots, suivi d’un plateau de spécialités caprines odorantes et d’un dessert carrément une offense pour la ligne. On se limite aux commentaires culinaires. Rosé de Bandol, café, pousse café, allez, un calisson pour finir en beauté. On se quitte bien gais...
Du coup elles récupèrent les dépliants, sélectionnent ce qui leur paraît tentant. Les cures médicales sont exclues, trop longues et puis il faudrait trouver un prescripteur arrangeant. Le vendredi suivant, après la séance, elles se font conseiller par Mathilde et s’arrêtent sur une minicure dite «liberté» de six jours en coaching santé. Leur amie leur préconise un séjour de deux semaines: après la cure, elle pourront prendre des soins à la carte et se faire dorloter…
Elles examinent la faisabilité de fermer l’officine fin mai, début juin, en pensant qu’elles ont un intérêt a rester ouvert en été: C’est là qu’il y a le plus de litiges liés aux services et locations de vacances. Finalement, elle ne baisseront pas le rideau: Leur hôtesse d’accueil assurera une permanence. Elles réservent en conséquence.
A suivre
Parceval
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