LA GÉMINATION
"La gémination" : Ce terme poétique possède plusieurs sens.
Il peut signifier : - redoublement de consonne ;
- redoublement hypocoristique* ou humoristique de la première syllabe d'un mot, ou, parfois, de consonnes et de voyelles non géminées dans l'orthographe usuelle.
- répétition à peu de distance d'un mot ou d'un syntagme portant un accent particulier.
Quelques exemples :
répétition d'un mots :
" Waterloo ! Warterloo ! Waterloo ! morne plaine !".
Victor Hugo : "Les Châtiments", XII "L'Expiation".
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En cette nuit
en cet instant de cette nuit,
je crois que même si les dieux incendiaient
le monde,
il en resterait toujours une braise
pour refleurir en rose
dans l'inconnu.
Ce n'est pas moi qui l'ai pensé ni qui l'ai dit,
Mais cette nuit d'hiver,
Mais un instant, passé déjà , de cette nuit d'hiver.
Philippe Jaccottet : "Cahier de verdure", "Fragments soulevés par le vent".
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La gémination concerne encore une suite de synonymes, comme dans cet autre exemple extrait des "Élégies" "La paix des champs, 1787, d'André Chénier :
Dans sa volupté sage et pensive et muette
En linguistique on appelle gémination le redoublement d'une "syllabe" ou d'un "phonème" dans les mots de formation populaires, les onomatopées, etc. à des fins ludiques ou humoristiques. Tel est le cas, par exemple dans ce rébus typographique :
Quand je gardais les bre-bre
Tout en mangeant mon pain-pain
Je les faisais sau-sau-sau
En récitant mon pa-pa-pa.
"Traité de seconde rhétorique de Fabri" (XVe siècle), cité par Guiraud : "Les jeux de mots".
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*hypocoristique : qui exprime une intention affectueuse, comme, par exemple : frérot, ma biche, mon poulet"
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Citation :
La poésie se nourrit aux sources de la prose et s'embellit au concerto des mots. (André LAUGIER)