L’ABER.
Choisir un tableau ? Tiens, celui-là , un nouveau… C’est un format vertical 46x33. Si l’œil se fait attentif, il est sollicité par le calme émanant de cette marine. Évocation océane : La marée est basse ; le ciel paraît clair, mais en réalité il est nuancé par le gris des nuées éparses.
Une avancée rocheuse, quelques effets de landes ; des bosquets cachent et révèlent à la fois des maisons blanches, basses, avec des toits pentus, gris bleuté. A chaque extrémité un pan de mur est coiffé d’une large cheminée.
On devine aussi quelques massifs fleuris. Pentes herbues, roches et coulées de sable, murs de pierres, amènent vers le lit d’un aber. L’horizon liquide se devine loin, caché juste derrière la pointe, suggérant une idée d’infini. L’océan est au diapason du ciel : clair à peine marqué de bleu gris.
L’aber est à découvert. Seule une coulée liquide en marque le lit. La vase est évoquée par les tons de Naples et d’ocre jaune, soulignée de roches ombre brûlée et bleu outremer…
Venons au premier plan, introduit par les marges laissées par la marée descendante, lisières de débris et d’algues brunes, vertes et jaunes. Le point d’orgue de la scène est ici échoué dans la prairie de salicornes et d’ajoncs. Verts acidulés, jaunes clairs et carmin. Une barque à demi couchée, adossée à un poteau, tel qu’on en voit au mouillage. Coque ventrue, corps blanc et liserés rouges, fond sali de la teinte délavée par le sel de la mer. Le gréement est couché ; les cordages et les bouts pendent le long du mât et de la coque. Dans le bateau, des paniers et des nasses des flotteurs et des fanions pour les filets de pêche, à peine esquissés.
Tout est paisible et serein. Peut-être une attente : que la marée monte…
Parceval