Petite aparté :
Déjà merci à ceux qui lisent et/ou commentent mes écrits. J’en suis toujours touché.
Ne voulant pas passer pour le dépressif du site, je pense que mes publications précédentes auront prouvé que je suis d’un tempérament joyeux quand il le faut, et dont le cri du cœur est "priorité à la Vie".
Cependant cette Vie nous fait traverser aussi des heures tristes. Et j’en témoigne aussi, surtout pour dire aux gens dans le malheur « vous n’êtes pas seuls ».
Victor Hugo a écrit « A villequier ». Dans les circonstances que l’on connaît. Et je me suis senti moins seul !
Sans une seule seconde vouloir me comparer à ce grand homme, ce poème est mon « A villequier ».
Malheureusement.
Merci de votre amitié.
Fil.




Et nous serons ensemble.


I.

Puisque de nos chemins
Qui sont pourtant en nombre
Tu pus n’en suivre qu’un :
Celui qui va dans l’ombre.

Puisque l’on t’emprisonne
Au cachot de l’azur
Et que ma tête cogne
L’autre côté du mur.

Puisqu’un monde odieux
Te porte disparue
Puisqu’on place les bœufs
Au cul de la charrue.

Puisque la vie qui passe
Explique à nos enfants
De bien suivre la trace
Faite par leurs parents,

Mais que les coups du sort
M’ont laissé, cœur à fendre,
Et qu’hélas ! Dans la mort,
C’est à toi… de m’attendre.

Puisque Étoile filante
Tu n’es plus que lueur
Fantôme qui ne hante,
Que la nuit de mon cœur.

Puisque mois après mois
Chaque jour je te cherche,
Sans découvrir l’endroit
Où ton âme se perche.


II.

Je devrais me résoudre
A accepter du ciel
Ses méchants coups de foudre
Et son amour cruel ?

Puis goûter son eau dont
L’agneau se désaltère,
L’eau qui frotte le front
A l’heure de prière ?

Cette eau pleine de grâce
Bonne à laver les pieds
Cette eau qui coule et passe
Aussi pour nous noyer.

Cette eau, cette eau, cette eau
De torrent et de trombe
Qui n’est plus pour mon seau
Puisqu’elle noie ta tombe.

Cette eau impropre à boire
Qui depuis ne m’est plus
Pour la soif une poire,
Pour mon âme un salut,

Je devrais, pénitent,
M’approcher d’un messie,
M’accuser du beau temps
M’accuser de la pluie ?

Jurer que dieu doit être
Le berger d’un troupeau ?
Fait pour envoyer paître,
Aussi, le frêle agneau !

Puis croire un court moment,
Le temps d’un mot, d’un verbe,
Qu’existe au firmament
Une idole superbe,

Un dieu de sacristie
Qui, bon père éternel,
Aux minuits de ma vie
Redescendrait du ciel.

Alors, ayant enfin,
Comme fait l’araignée
Relié d’un fil fin
Le ciel à ma pensée,

Le cœur rempli de joie
Je pourrais en douceur
Tirer mon fil de soie
Bon chrétien, bon pêcheur,

Et ce fil s’en allant
Rejoindre ton nuage
Beau fil de cerf-volant
Porte-lui ce message :




III

« Puisque l’on t’emprisonne
Ma fille, en cet azur,
Et que ma tête cogne
L’autre côté du mur.

Que je reste, amoché,
Si seul, là, impavide,
Un pied sur le rocher
Et l’autre dans le vide.

Prêt à sauter, sans doute,
Ou à tomber enfin
Ne faisant rien qui coûte
Une erreur au destin

Et puisque ici je suis
Un flocon sans banquise,
Un arbre sans son fruit,
Un amour sans Venise

Une terre infertile,
Ou l’eau qui coule à flot,
Mais qui coule inutile
Sans son poisson dans l’eau.

Et puisque j’ai le droit
De souffrir en silence
Le droit d’être à la fois
Fait d’amour, de souffrance.

Puisque tout me déchire
Me coupe en deux fois rien
Que là-haut, tout m’attire
Qu’ici, tout me retient.

Que je suis un flambeau
Que toi tu fus chandelle
Que la mort est l’oiseau
Qui t'emporte sur l'aile.

Puisque douce Ophélie
Tu es partie si loin
Prise par l’apathie
Dans le noir, dans le rien !

Puisque tu as si froid,
Puisque tu es si morte,
Que ce n’est jamais toi
Quand on frappe à ma porte.

Que j’ai pris à la vie
Ses secrets, un à un,
Et l’étude finie
Je sais tout du chagrin.


IV

J’attends donc que mon temps
Atteigne son impasse,
Que vienne le moment
De marcher sur ta trace.

Pour que la charrue passe
Attelée à ses bœufs
Car la seconde place
Dans la mort me va peu.

Donc n’être plus vivant
Être qui te ressemble
Comme aux beaux jours d’avant
De nouveau être ensemble.

J’ai ce but, te rejoindre,
Et nous nous rejoindrons
Où l’aube ne peut poindre
Où tout n’est que goudron,

J’irais, sur ton chemin
Dans l’ombre de ta cendre
Vers le noir, vers le rien,
Mais vers ton trois décembre. »

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Des écrits fort émouvant merci du partage belle journée et doux weekend amitiés

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j'ai du mal à trouver les mots un écrit boulversant perdre un être cher est si dur encore plus celle d'un enfant ...
mille pensées poète et surtout restez avec nous ... je sais facile à dire ... mais un grand grand ressenti à vous lire
mille pensées

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C'est beau d'être seul(e).
Être seul(e)ne signifie pas être solitaire.
Cela signifie que l'esprit ne vit pas sous influence et qu'il n'est pas pollué
par la société.
[Jiddu Krishnamurti]

Bonjour fil2fer,

Quels superbes vers forts émouvants sous ta très belle plume !



Belle journée !
Mes amitiés
Sybilla

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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates "réelles" de parution.


Le rêve est le poumon de ma vie (citation de Sybilla)

un écrit qui touche au coeur
profondément

que dire
si ce n'est exprimer ma compassion

et mon admiration
pour la beauté du texte

bravo d'abord,
et merci pour ce partage

bien amicalement
srenzo

Fort ressenti en tes mots et beaucoup d'émotion.

Bon courage et merci.

beaucoup d'émotion à la lecture

Merci pour ce magnifique et si douloureux partage c'est vraiment très beau

Amitié poétique
Luz

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Les gens vivent comme s'ils n'allaient jamais mourir... Et meurent comme s'ils n'avaient jamais vécu.
Le DalaÏ Lama

Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit… Khalil Gibran

Bonsoir fil2fer, fort émouvant poème

Amicalement

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La poésie, c'est comme la cuisine, le mot faitout

00063312-1

Bonsoir Cher Fil,


Ecrire est un acte d'amour plus que jamais ces mots de Jean Cocteau prennent de leurs sens lorsque je lis ton hommage à Ophélie

Paix à l'âme de ton Etoile



Tendre soirée

Merci à tous d'avoir pris le temps de vous arrêter sur ce long texte.
Amitiés.
Fil.

Un poème qui touche infiniment, l'écriture est d'une grande pudeur et d'une grande intensité.

Je viens de lire, et j'ai relu , vous dire que c'est beau ! que c'est poignant de vérité de douleurs retenues je dirai simplement j'ai lu puis le silence...

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Quand le poème a des beautés, quelques taches ne me choquent pas

Hélas ! Il est vrai que les "chants désespérés" sont les chants les plus beaux" Le tien est superbe dans sa douleur... Et je te copie ci dessous un sonnet que j'ai fait pour mes parents qui perdirent ma soeur aïnée à l'âge de dix-sept ans...




Toussaint

Il faisait encor nuit quand nous partions tous trois
Par les sentiers connus et la vieille clairière
A travers la forêt et dans la sapinière
Où nous allions, muets, sur ce chemin de croix.

Mon père dégageait, dans le sentier étroit,
Les branches sur les pas de ma mère en prière
Et je tenais sa main, allant au cimetière
Comme à chaque Toussaint, lorsque venait le froid...

Au point du jour, souvent, émergeant de la brume,
On arrivait, pensifs, et comme de coutume,
Je posais les bouquets sur le sol du tombeau.

Et ma mère pleurait, mon père droit et roide...
Moi, je me demandais, songeant près du caveau,
Ce que ma soeur faisait, sous cette terre froide...

8/09/2005

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Avec mes amitiés

Alain

Pour voir mon site : Mes vers à moi

""A la cour, mon cher fils, l'art le plus nécessaire
N'est pas de bien parler, mais de savoir se taire !""
(Voltaire)

tu as su me toucher en écrivant cette peine

ce poème n'est pas triste, il tient en haleine et nous entraîne

surtout accroche-toi à notre chaîne

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Geneviève

paix à l'Ame de l'enfant qui est partie sans bagages
vers d'autres rivages...sans retour


III

« Puisque l’on t’emprisonne
Ma fille, en cet azur,
Et que ma tête cogne
L’autre côté du mur.

Que je reste, amoché,
Si seul, là, impavide,
Un pied sur le rocher
Et l’autre dans le vide.



je compatis à votre immense douleur

Et puisque j’ai le droit
De souffrir en silence
Le droit d’être à la fois
Fait d’amour, de souffrance.

Puisque tout me déchire
Me coupe en deux fois rien
Que là-haut, tout m’attire
Qu’ici, tout me retient.

Que je suis un flambeau
Que toi tu fus chandelle
Que la mort est l’oiseau
Qui t'emporte sur l'aile.

chaque mot est profond, intense, douloureux,

C'est de L ' AMOUR...malgré la mort, celui ci demeure à jamais, en nos coeurs brisés

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Bonsoir fil2fer,
Je n'ai pas de mots. L'émotion est trop forte.
C'est pudiquement écrit quand on sait combien la disparition d'un enfant est un désastre.

Amitiés.
Najda.

Bonsoir fil2fer,
Je n'ai pas de mots. L'émotion est trop forte.
C'est pudiquement écrit quand on sait combien la disparition d'un enfant est un désastre.

Amitiés.
Najda.

Merci pour votre attention et vos intentions, qui vont droit au cœur.
Merci Palmier pour ce supplément de rimes, très touchantes.
Cela fait quelques années maintenant.
Mais nos disparus vivent en nous, chaque jour, tout en douceur. Nous sommes les témoins de leur passage.
Amitiés à tous.
Fil.

fort émouvant, ah les filles de décembre !!!



yann

Bonjour , et tout d'abord bravo , quel merveilleux texte d'amour , je connais cette tristesse cet abandon de vie , ce désespoir qui m'a enlevé ma femme il y a dix ans , un 21 janvier , ça reste très compliqué difficile , l'absence est terrible
Je suis profondément ému , mes mots me manquent
Mes amitiés
Yohann

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la nostalgie est un bouquet de fleurs enfoui au fond de votre coeur ,
qui vous embaume quand remontent les souvenirs du bonheur ,
yohann

Difficile de trouver mes mots... Les vôtres prennent inévitablement le chemin de notre coeur.

L'amour, le manque, la douleur sont dits de magnifique et bouleversante manière.

Un partage qui m'a profondément émue.

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Mes amitiés et mes bisous,


Valou

merci de votre confiance en nous offrant ce texte à la lecture

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domi.gondrand@laposte.net

Bonsoir Fil2fer,
Plus qu'un poème, un cri qui vient du cœur.
Je compatis à ce que vous avez traversé; en espérant qu'avec le temps la douleur s'atténue...
Un écrit que j'ai lu et relu; et que je relierai tant j'admire la force et la verve de votre plume.
Merci du partage, et bravo pour cet écrit magistral !



Je vous souhaite un agréable week-end

Mes amitiés

Je découvre cette émouvante litanie et partage en silence ce douloureux ressenti.
Mes chaleureuses pensées.

Michèle

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La vie est belle il faut savoir l'apprécier.