Au Général Bonaparte,
Armée d'Italie


Mon ami,

Je suis désolée que vous soyez si marri à l'idée que je vous laisse choir.

Un malheureux billet, trop court, hélas, en est la cause.

Quelle folie, mon aimé, quelle rage sans cause...

Jamais je n'ai voulu vous offenser, encore moins vous dédaigner.

Pourquoi vous ai-je envoyé cette si courte missive ? Pressée par le temps, un appel au secours d'une tante éloignée, la voiture avancée et tout mon équipage qui attend ma venue...

Vite, un court billet pour vous signaler ma nouvelle adresse en province.

Je veille à présent en ce lieu sur les dernières heures de Tante Mathilde, pauvre femme, en proie à des souffrances sans nombre.

Je sais à quel point votre vie de soldat et de chef des armées éprouve votre courage et vous fait douter de moi.

Mais c'est une erreur, mon ami, aussi cruelle que fausse, je n'aime et n'aimerai que vous, vous le savez.

Mon mariage fut arrangé par mon père, il servait ses intérêts. Il n'a rien de profond, il n'a rien de réel !

Croyez-le, mon aimé, je n'oublie pas nos soirées à Saint-Cloud, nos veillées à Marmande, nos baisers à Tournus...

Comment les oublierais-je, puisque leur souvenir fait mon bonheur ?

Comment vous oublierais-je, vous, qui êtes la lumière de mes jours, avec mes pauvres enfants, hélas !

Je vous le dis et je vous le redis, j'attends avec une immense impatience votre retour d'Italie.

Que Dieu tout-Puissant vous protège, vous et vos troupes, et que la Vierge éternelle vous ait en sa sainte garde !

Pour toujours, passionnément et à jamais, vôtre.


Joséphine

Magnifique lettre sous ta plume cher Thomas un plaisir de te relire amitiés

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