Oh! Quelle nuit...
Cette nuit j’ai rêvé qu’une bonne bouteille
Délivrait à mon nez son sublime bouquet,
Quand, du corps enfermé qui semblait mis en veille,
Je buvais tout le sang pour noyer mon baquet.
O Muse fraternelle au pouvoir séduisant
Que ton aide complice est précieuse à mon âme !
Jamais me trouver seul ne me fut plus plaisant
Qu’en ce temps de régal où mon être se pâme.
Et lorsque sans compter j’emplis mon gobelet
Je sentis mon gosier où tombait le liquide
Soudain prêt à conter pourquoi le gibelet
Fait pleurer le tonneau d’un jus dru fort sapide.
Alors, en observant l’alentour palpitant,
Je me dis, tout soudain, me retroussant les manches
« Il te faut inviter quelqu’un de méritant
Un parfait pur fêtard qui soit de poses franches »
Et pendant ce temps-là , des anges par millier
Prétendant fermement avoir droit au breuvage
Prélevaient le fragment paraissant familier
A tout maître de chais qui en fait son veuvage.
Le rêve s’acheva sans tambour ni trompette
Quand l’un d’eux me souffla « mets donc en poésie
Ce bel apprentissage où l’heur est sans tempête
Quand le tout se partage en juste courtoisie.