Un peu de vers classiques... À Monsieur de La Fontaine ! Forme le rondeau redoublé
"Ce que ne nous a pas dit Monsieur de La Fontaine"
Que conte tout ceci : le malheur mis en scène ;
Un raccourci rapide à l’ombre du savoir,
Quand l’esprit par le rêve est pris en quarantaine,
Et, comme il sied de l’être, habille le miroir :
C’est cette Ourse qui vend sa peau sans émouvoir
La Chèvre à patte blanche, et aussi cette vaine
Colombe au clair ruisseau qui divorce au perchoir,
Que conte tout ceci : le malheur mis en scène.
C’est la fable du Roi, la bête herculéenne,
Qui, ayant trop longtemps patienté pour avoir
Du Lapin au palais, sous la rosée, amène
Un raccourci rapide à l’ombre du savoir.
Et l’écrit du Corbeau au Renard est si noir,
Que Raminagrobis, en puissant capitaine,
Ronronne et puis sourit aux défenses d’y voir
Quand l’esprit par le rêve est pris en quarantaine.
La raison du plus fort, des Loups aux Agneaux, gêne
Ce doux protagoniste et ce grand Léopard,
Leur talent en costume en bigarre l’arène,
Et, comme il sied de l’être, habille le miroir.
La Basse-cour d’argent fait faillite ce soir,
La Poule, au jeu de l’Oie, aux œufs d’or pond sa peine,
Le Canard a perdu l’Amérique et l’espoir ;
C’est ce que n’a pas dit Monsieur de La Fontaine
Que conte tout ceci…
Postscriptum : Raminagrobis : le chat chez Jean de La Fontaine
Le rondeau redoublé
Dit aussi "rondeau parfait", il s'agit d'une forme codifiée par Clément Marot (1497-1544). Comme le rondeau habituel, il est construit sur deux rimes, mais se compose de six quatrains à rimes croisées, masculines féminines alternées, les vers de la première strophe étant repris dans l'ordre à la fin de chacune des quatre strophes intermédiaires. Le sixième et dernier quatrain est composé de vers nouveaux et se termine, tout comme dans le rondeau simple, par une clausule reprenant l'hémistiche du premier vers.