J’ai toujours voulu être à la hauteur des grands écrivains, mais l’axe vertical, me donnait toujours le tournis. Un peu comme si les mots jouaient au funambule sur la corde raide, se moquant allégrement de mon nanisme d’ingéniosité.
Y’en a qui naissent dans la culture générale, la main bénite par la sainteté. Moi, je ne faisais que rouler les mots sur les rails de mes méninges, sans me faire remarquer. Puis, y’a eu ce jour où tout a basculé! Ce monde, gardant jalousement les dons d’hommes de lettres, s’est mis à éternuer! Ça a déplacer de l’air à vous décalotter le crâne, la margoulette et tout ce qui vient avec!
Si vous aviez vu ça! Les avocats perdaient d’un coup la manigance des mots, les journalistes déroutaient le bon usage de l’élocution verbale. Les vendeurs s’enfargeaient dans les virgules et les points. On a même retrouvé des traces d’ADN du latin, ancêtre de notre parlure, sur le bord de la fontaine! Évidemment, y’a fallu organiser une opération de sauvetage illicite pour éviter la noyade de la langue! Ah! Je vous dis! Les traits d’union se collaient au pis des vaches, les syllabes se déhanchaient sous les points d’exclamation de la populace. Non, plus rien n’allait, notre français était débouté, dégarni, disloqué de sa belle noblesse.
C’est que c’est virulent un éternuement du «monde littéraire »! Vous savez tout ce bouillon de culture dans la salive qui s’éjecte d’un coup comme ça, ça vous contamine un continent. Pendant cette projection divine, j’ai reçu via les postillons, quelque chose, quelque chose de troublant, d’étonnant, d’inespéré! Ma main peu habile à enligner plus d’une phrase par heure, s’est mise à s’agiter comme sous l’effet d’un café trop corsé. Elle enfilait la poésie d’un doigt comme les chaussettes du matin et des autres elle faisait danser le jargon sous un jupon d’élégance.
Dans le temps de le dire, je grimpais sur l’échelle de richter, me faisant brasser la cervelle, pour finalement pondre un petit conte à pas piquer des vers, qui m'a valu un bravo sur l’axe vertical auquel je me suis juché le temps de le lire.
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sylvianni