C’est loin de toi
Que se mesure
Le mérite de la voix
Où pèse le faix de l’habitude
Anesthésiant la solitude
Là où recoud le silence
Les déchirures de l’absence
Il est temps
De réveiller le poème assoupi
Adossé à ton cœur
Pour la rosée appelant la brise
Pour les languides fleurs
Prêtes à parfumer
Mes jours sans surprise
Pour ceux qui sont partis
Croisant les revenants de l’oubli
Un veilleur l’aube sur l’épaule
A perdu la parole
Dans une dernière incantation
Pour les ocres des lieux
Pour le rai de lumière
Qui nous révèle aux cieux
Sans imprécation
Pour les frissons de l'engoulevent
Dans sa parade à la dulcinée
Quand le printemps a du talent
Pour les pensées fanées
Dans une saison étriquée
Pour l'atypique gare
Abandonnant ses quais
À la complainte du départ
Pour les fontaines
Et les gracieuses arondes
Perpétuant le chant des légendes
La chanson de marjolaine
Du renouveau des songes
Où nous serons avec les anges
La respiration du monde…
A-Bônois
« Le réel quelquefois désaltère l'espérance. C'est pourquoi, contre toute attente, l'espérance survit. »
René Char Extrait « Les matinaux » (1950)
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"La seule signature au bas de la vie blanche, c'est la poésie qui la dessine." René CHAR, "La parole en archipel" (1962)