Il avait écrit plein d’entrain
Des rimes teintées de romance
Pour aller demander la main
De son amour d'adolescence
A ses parents d'un bourg voisin
Dont il allait fair' connaissance.
Il parlait d'ell' comme une fleur
Couleur d'un soleil éclatant
Dont les graines ornées de douceur
Qu'elle avait dispersées au vent
S'étaient déposées sur son cœur
Pour fair' de lui son prétendant.
Touchée par tant de poésie
La mère en était toute émue.
Le pèr' lui n'avait rien compris
Aux propos de l'hurluberlu
Qui lui parlait de pissenlits
Et le discours, il n'a pas plu.
Il n'a pas plu !
Il n'a pas plu !
Pourtant tout est tombé à l'eau
Les bell's images, les jolis mots,
Et les vers pour l'amante : Ã l'eau !
Il n'a pas plu !
Il n'a pas plu !
Aurait-il plu
S'il avait plu
Ou bien déplu
Encor' bien plus ?
Que dit la météo ?
Décidé à braver le temps
Pour aller au bout de sa quête
Le garçon convia les parents
Et sa bell' pour une galette
Dans laquelle un anneau d'argent
Serait fève de sa conquête.
Défiant la règle du hasard
La mèr', tenue dans le secret,
S'empressa de servir les parts...
Mais au moment de déguster
Un craquement dans la mâchoire
De son mari la fit douter...
En plus d'avaler de travers,
Ce n'est pas la fève prévue
Qu'il ressortit... Mais sa molaire !
L'anneau, lui, avait disparu
Au fond du gosier réfractaire
Et le dessert, il n'a pas plu.
Il n'a pas plu !
Il n'a pas plu !
Pourtant tout est tombé à l'eau
La dent, la bague et le morceau
Qui lui servait de cache : Ã l'eau !
Il n'a pas plu !
Il n'a pas plu !
Aurait-il plu
S'il avait plu
Ou bien déplu
Encor' bien plus ?
Mais que diable dit la météo ?
Vous aurez beau passer du temps
A fair' des rim' ou des galettes
Certains n'y verront seulement
Que des vers au ras des pâqu'rettes,
Ou qu'un pauvre anneau de fer blanc
Qui finira dans les toilettes.
Les préjugés ont la dent dure
Mais parfois un rien de malice
Suffit à forcer la nature
Avant que la dent vous pourrisse...
Vivre heureux sous un ciel azur
Vaut bien un ou deux sacrifices.
Depuis, nos oiseaux de printemps
Ont fait cette annonce attendue
Qu'à Pâques un petit habitant
Viendrait agrandir la tribu
Au plus grand bonheur des parents.
Et ce message, il a bien plu !
Il a bien plu !
Il a bien plu !
Et pourtant tout était si beau
La mère enchantée, les oiseaux,
Et l'arrivée de Pâques : beau !
Il a bien plu !
Il a bien plu !
Aurait-il plu
S'il n'avait plu
Ou alors plu
Encor' bien plus ?
Là , j’en peux plus !
Satanée météo !
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