La pépie vient en mangeant
Trois jours déjà que je ne vois plus Chloé, j’ai des crampes qui me tordent et me nouent le bas du ventre. Je ne peux plus rester ici. Il faut que je me défonce.
Footing à fond. Trois grands tours de l’île. Etirements. Cinquante pompes plus tard, c’est mon VTT qui crie grâce. Je fonds comme une flèche sur les chemins de la Sèvre et poursuis, à bride abattue, à travers le petit bois. J’évite rapidement, en cadence, tous les troncs hérissés, arrachés, affalés sous les coups de butoir de la tempête de 2009. Je fonce jusqu’à Pont Caffino. Les types qui varappent sur les parois de schiste bleu me refilent des suées. Demi-tour. Je tourne bride, sur les chapeaux de roue, et repars à toute vitesse, braquet au maxi.
Ligne d’arrivée au jardin. Je me fais trois énormes rondins de un mètre aux coins et à la masse. Je les éclate. Je les scie à la main. Et zig et zag, et zig et zag… Je me les farcis les débitant hargneusement à la cognée. Je déplace, à fond de caisse, une montagne de palettes. Je réduis deux victimes en mille bois, en petits morceaux, en cure-dents. Je décloue, je tape, je scie, je retape, je re-débite, je ronge. Je trie et je range ces copeaux. J’attise et j’allume mon feu.
Illico presto, quatre-vingt-dix copies, corrigées, moyennées, re-notées, dansent et s’emballent. Dans l'escalier. D’un coup, Marc Dorcel tombe aux abonnés absents… je m’effondre sur mon lit !
Pont Caffino