Oasis des artistes: Poésie en ligne, Concours de poèmes en ligne - 6528 membres !
S'inscrire
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 


Mot de passe perdu ?
Inscrivez-vous !
Petites annonces
Qui est en ligne
106 utilisateur(s) en ligne (dont 93 sur Poèmes en ligne)

Membre(s): 2
Invité(s): 104

queuedeceris, Missi, plus...
Choisissez
Moi, à Hammamet
Hébergez vos images
zupimages
Droits d'auteur


Copyright



Index des forums de Oasis des artistes: Le plus beau site de poésie du web / Poésie, littérature, créations artistiques...
   Contes et nouvelles (seuls les textes personnels sont admis)
     Bérénice Berny
Enregistrez-vous pour poster

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant | Bas
Expéditeur Conversation
Berny
Envoyé le :  20/3/2020 20:28
Plume d'argent
Inscrit le: 11/8/2019
De:
Envois: 347
Bérénice Berny
Bérénice


Elle avait tout de la beauté fatale qui dans ses bras vous fait tomber et perdre toute volonté autre que celle de succomber, par comme un charme ensorcelé.
Elle savait vous faire oublier toutes celles que vous aimiez, et du jour où je l'ai rencontrée, seule exista Bérénice.
Décrire Bérénice n'est pas tache facile, je ne peux en donner qu'une image infidèle : l'amour m'avait aveuglé.
Disons qu'elle était grande, dépassant la moyenne, et sa chevelure rousse flamboyant dans la foule en ce jour de l'été attira mon regard. Mon pas se fit pressé, je pu la dépasser et me suis retourné ; deux yeux verts m'ont comme hypnotisé.
Je crois que ce n'est pas pour rien que mes parents m'avaient donné Titus comme prénom ; je venais de rencontrer ma Bérénice ; notre destin serait-il aussi tragique que dans la pièce de Jean Racine ?
N'anticipons pas. Pour l'heure, tout alla pour le mieux, je rythmai mon pas sur le sien et nous marchâmes côte à côte en silence, silence soudain interrompu :
Enfin te voilà, Titus !

Je fus stupéfait, comme connaissait-elle mon prénom ? Ses deux yeux me fouillaient d'une façon ironique. Je n'avais jamais cru à la transmission de pensée et voulus connaître son prénom, mais elle précéda ma question :
Puisque tu veux le savoir, je m'appelle Bérénice.
Si tu lis si bien dans mes pensées, tu ne penses pas qu'une idylle entre toi et moi est vouée à l'échec ?
Voyons, Titus, l'histoire ne se refait pas, tu le sais bien toi qui l'enseigne.

C'était trop fort, non seulement elle lisait dans mes pensées, mais elle connaissait ma profession. Une grande peur me saisit, j'eus envie de prendre les jambes à mon cou pour échapper à cette Bérénice qui risquait de se transformer en sorcière, mais comme pour me rassurer, elle reprit :
Tu te souviens quand nous avons joué la pièce à la fête de fin d'année du lycée ?

C'était donc cela. Je ne l'avais pas reconnue. A l'époque, elle était blonde, de ce blond vénitien qui m'avait tant séduit . Je me souviens que, sur les conseils de notre professeur d'art dramatique, en répétant la pièce, j'avais du l'embrasser sur la bouche et que ce baiser, le premier en ce qui me concerne, avait duré plus longtemps que nécessaire et créé en moi un trouble apparent mais bien naturel sous le regard moqueur ou envieux des camarades de la classe. Ma partenaire m'avait laissé faire, semblant, ainsi que moi, trouver l'affaire à son goût. Et ce même baiser lors de la représentation finale avait suscité quelques mouvements réprobateurs de parents dans la salle ; mais pour moi, le mal était fait, si je puis dire, et l'envie de goûter à des lèvres inconnues ne devait plus me quitter.
Je voudrais continuer à faire la description de Bérénice. Vous connaissez déjà pour moi l'attrait de ses lèvres gourmandes qui ce jour d'été arboraient un rouge discrètement parfumé, mais je n'y avais pas encore goûté . Assis côte à côte sur un banc public, je sentais les effluves légères de son parfum de qualité, un Chanel c'est probable. Elle avait croisé ses longues jambes et sa jupe évasée laissait à mon regard le plaisir de s'attarder. Nous gardâmes longtemps le silence ; lisait-elle encore dans mes pensées ? Tant d'années nous avaient séparé, fallait-il évoquer le passé ? C'est elle qui apporta la réponse !

Tu sais, après le lycée, tu m'as manqué.

Là, de nouveau, j'ai pris peur. J'avais depuis longtemps décidé de ne plus m'attacher. Une petite coucherie de temps à autre me suffisait. Mais quand elle a posé tendrement sa main sur ma cuisse, je n'ai pu résister à l'envie de retrouver le goût de ses baisers. La suite est facile à deviner, elle m'a dit « viens, suis moi » et nous nous sommes retrouvés dans sa chambre à coucher. Nous avons fait l'amour par trois fois, vraiment ce fut bien ; il faut dire que nous avions tous les deux nettement amélioré notre savoir faire. Le lendemain matin, Bérénice a repris la situation en main : elle m'a demandé ma carte de visite, elle voulait réfléchir et me rappellerait.
Quinze jours plus tard, et cela me parut bien long, Bérénice m'a donné rendez-vous sur le banc de nos retrouvailles. Je n'eus droit qu'un petit baiser sur la joue, je compris qu'il allait se passer quelque chose d'imprévu.

Titus, écoutes-moi bien, j'ai une chose importante à te dire. J'ai un fils... et il est de toi.
De moi ?

Vraiment, je tombais des nues. Je n'avais jamais pensé à ce risque dans nos rapports passés, je lui faisais naïvement confiance.
Pourquoi me l'as-tu si longtemps caché ? Et d'abord, quel âge a-t-il ?
Je vois, tu penses qu'il n'est pas de toi, répondit Bérénice, toujours habile à lire dans mes pensées.

Là, elle se lança dans une longue explication. Elle prétendit qu'elle me connaissait bien, que j'étais trop coureur de jupon et qu'elle ne me voyait vraiment pas en bon père de famille. Alors elle avait décidé d'élever seule son enfant, aidée par ses parents qui se montrèrent compréhensifs. Et puis il y eut cette rencontre fortuite, vingt ans plus tard. L'occasion était rêvée de donner à son fils, si un jour il le désirait, la possibilité de connaître son père.
Alors elle m'avait attiré dans sa couche et elle avait fait faire un ADN des traces de nos ébats, j'étais piégé.

Cette fois, elle n'eut pas le temps de lire dans mes pensées, je lui lançait un « salope » écœuré, me levais précipitamment et la laissais seule sur le banc. Elle n'a pas cherché à me revoir. J'ai continué à enseigner l'histoire de France. Quand il me fallait évoquer les bâtards, qui y sont nombreux, j'avais toujours une légère hésitation dans la voix. A ce jour, mon fils n'est pas venu me voir. J'ai toujours une certaine appréhension quand on sonne à ma porte.



Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant |

Enregistrez-vous pour poster