La forêt de sessiles fleure bon le printemps.
Ce petit coin tranquille a le verbe d'antan.
J'aime m'y ressourcer quand le temps le permet,
Quand la pluie a cessé au joli mois de mai.
Je suis venu souvent, couché dans la bruyère,
Humer l'air et le vent, les odeurs de fougères.
J'aime ce doux parfum chargé d'un souvenir,
Le souvenir lointain qui tarde à revenir
De deux adolescents à l'orée de leurs vies.
Ils se prêtent serments : "Nous resterons unis."
C'est ce qu'ils prétendent du haut de leurs quinze ans
Et ce qu'ils entendent de la plupart des gens
Ne pourra jamais les faire changer d'avis.
Car ces gens-là ne connaissent rien de la vie.
Ils brandissent la bible comme un simple rempart.
Cet amour impossible a pour eux peu d'égard.
Toutes ces mains tendus voudront vous séparer.
Tous ces mots entendus ne font que répéter
Que vous êtes des gosses, que l'amour peut attendre,
Qu'un amour si précoce ne peut pas se comprendre.
Vous pourrez vous enfuir mais jamais trop loin d'eux.
Ils finiront par vous retrouver. Tous les deux.
Alors par désespoir, ne concevant la vie
Que pour apercevoir vos visages meurtris,
Vous courrez à la hâte gagner le petit bois.
Celui-ci fut le théâtre de vos premiers émois.
La rosée du matin rafraîchit l'air ambiant.
Vous vous tenez la main comme font les enfants.
Vous gravez vos deux cœurs sur le vieux mur de pierre.
Vous conjurez la peur, elle est si familière.
Dans un ultime effort, vous joignez vos deux vies
En une seule mort, dans l'amour réuni.
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Essayons d'être heureux, ne serait ce que pour donner l'exemple.