Une douce clarté annonce le soleil.
Est-ce la jeune aurore qui entrouvre au monde
Ses yeux brillants chargés des langueurs du sommeil!
Déesse endormie, hâte-toi à la seconde!
Quitte ta couche sombre, ton lit ténébreux.
Prends la robe de pourpre aux reflets orangés.
Qu'une ceinture la retienne dans ses nœuds.
Que nulle chaussure ne compriment tes pieds.
Qu'aucun ornement n'abime tes belles mains
Apprêtées pour entrouvrir les portes du jour.
Mais tu te lèves déjà sur l'ombre en chemin
Et tapisses la colline de tes velours.
Tes cheveux d'or tombent en boucles humides et intenses.
De ta bouche s'exhale une chaleur épaisse.
Toute la nature sourit à ta présence.
Toi seule déverses des larmes et les fleurs naissent.
Et toi, la fille du ciel, aimable innocence.
Si j'osais de tes traits une faible peinture,
Je peindrais ta vertu aux couleurs de l'enfance,
Ta sagesse au printemps de la vie la plus pure.
Charmante lune, déesse chaste et aimée,
Que jamais même les roses de l'impudeur
Ne se mêlent à la tendresse de tes clartés,
J'ose te confier les sentiments de mon cœur.
Le jugement injuste et aveugle des hommes
Couvre mon front de nuages ainsi que le tien.
Quand on voit ce qu'ils font, quand on en fait la somme.
Mais étrangère à nos erreurs, tu vis si bien.
Mais plus heureuse que moi, citoyenne des cieux,
Tu conserves toujours toute sérénité.
L'orage qui s'élève dans le ciel pluvieux
Glisse immanquablement sur ton disque apaisé.
ô Déesse, verse ton repos dans mon âme.
Qu'aimable à ma tristesse et à mes rêveries,
Les peines du monde n'inspirent plus mes larmes.
Que ton sourire céleste calme mes nuits.
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Essayons d'être heureux, ne serait ce que pour donner l'exemple.