DANS LE TEMPS JADIS...
Dans le temps jadis...
Dans le temps on voyait les hommes au matin
S’en aller au boulot un journal à la main
Échangeant leurs propos en très bon voisinage
Dans le temps on était attaché au village.
Dans le temps on était employé à l’usine
Au point que le matin, on se réunissait
Gamelle sous le bras, car n’était de cantine
Que les bancs extérieurs à l’heure du diner.
Dans le temps on avait le broc et la cuvette
Pour nous laver matin à l’eau venant du puits
On n’avait pas besoin de lotion de toilette
Le parfum nous venait d’une branche de buis.
Dans le temps on était attaché aux usages
Qui maintenaient la vie autour de nos foyers
On ne prenait le train que pour le court voyage
D’honorer un cousin à l’heure du décès.
Le crêpe était alors mis à la boutonnière
Les hommes se tenant, casquette sous le bras
Et les femmes pleurant se mettaient en prière
Le temps se recueillait à l’heure du trépas.
Dans le temps on cuisait dans un four communal
Le pain que l’on gardait au frais pour la semaine
La farine venait d’un grand moulin local
Quand l’eau était issue d’une vieille fontaine.
Dans le temps on lavait le linge à la rivière
Où les femmes chantaient au rythme des battoirs
Pendant que les petits, un peu plus en arrière
Jouaient avec les bulles qui venaient du lavoir.
Dans le temps de l’école, à l’heure des récrés
On jouait à des jeux qu’on ne trouve plus guère
Les osselets étaient nos jouets de misère
Et la marelle au sol permettait de rêver.
Dans le temps on était fixé sur la famille
On échangeait nos jours le soir à la veillée
Les plus vieux étaient là attendant la faucille
Mais tous étaient présents devant la cheminée.
On écoutait l’ancien raconter des histoires
Pour que les tous petits gardent leurs souvenirs
Jusqu’à ce que le bois s’éteigne dans le soir
Précisant qu’il était le moment de dormir.
Alors, on éteignait le feu de la chandelle
Dont la maigre fumée s’imprimait dans le noir
Et on partait ainsi dans une vie nouvelle
Où l’avenir était chargé d’un bel espoir.
Aujourd’hui qu’en est-il de ce temps mémorable
Où on se partageait l’espace et le présent
La famille n’est plus qu’en état lamentable
Chacun vit dans son coin, pointant chez les absents.
La vieille cheminée est devenue écran
Quand la poignée de main est devenue portable
Où clique la rancœur des gens portés à cran
De se voir confinés dans une vie minable.
Auparavant, c’est vrai, on admirait la lune
Qui nous faisait rêver de gloire et de fortune
Aujourd’hui on nous dit que c’est un astre mort
N’aurions-nous pas perdu notre plus cher trésor.
Où est-il donc passé, ce temps béni des fables
Lorsque des troubadours éveillaient nos émois
S’il n’y avait ces mots, ce serait regrettable
De ne plus s’accorder aux plaisirs d’autrefois.
Chibani
Désolé pour la longueur... je me suis pourtant limité
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