Mariage d'une précieuse....
Père, ce prétendant ne saurait convenir.
Souffrez donc que je nie en lui le moindre charme.
Car à bien l'écouter je le trouve sans arme
Pour aller, sans ennuis, aux salons discourir.
- Ma fille vous voilà en fâcheuse posture
- Qui vous pousse à quérir un penchant indécent ;
- Cessez donc ce gala sous forme d’imposture
- Qui vous met à chérir un galant peu puissant.
Il ne me paraît guère homme de condition
A l'entendre conter tant de billevesées.
Voulez-vous que je sois la fable et la risée
Des gens de la ruelle en haute position ?
- Diantre ! Qu’est cela qui me tourne le sang
- A penser votre sort exposé sur la place.
- Nenni, ce tralala n’aura point son accent
- Et changez votre port qui me peine et me glace !
On dit que ce vilain n'est qu’un pâle ringard,
Un fort bel incongru dans la galanterie,
Qu’il ne sait que montrer le sot en flatterie,
Et que pour les Beaux Vers il n'a le moindre égard.
- Cessez d’outrepasser vos droits à la critique
- Car ici mon seul choix garantit votre rang.
- Et je veux vous lasser de voir autre boutique
- Pour que seule ma voix vous parle au demeurant.
Mon Père ce n'est là que pure extravagance
D'exiger que je brille en cet amour permis.
A de plus hauts objets s'élève mon esprit
Qui ne peut vous combler par son obéissance.
- Rompons, là , sur le champ ce rétif entretien
- Qui montre l’insolence en train de résister !
- Puis cessez votre chant en discours béotien
- Qui porte doléance sans, las, se désister !