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     La malchance à l'extrème
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Expéditeur Conversation
momolemarin
Envoyé le :  31/12/2019 2:04
Plume d'or
Inscrit le: 15/8/2010
De: Orléans
Envois: 1595
La malchance à l'extrème




1959, soldats en partance pour l'Algérie, sur le Ville d'Alger

La malchance à l’extrême

En 1959, je n'ai que 15 ans, pas assez âgé pour être incorporé, encore moins pour partir en Algérie. Par contre, mon grand-frère Alain, 6 ans mon ainé fait partie du contingent qui est en première ligne sur le terrain.
Mais, ce n'est pas de lui que je parlerai dans ce récit. Deux articles sur ce forum sont en l'honneur de mon frère.
J'ai un camarade d'école, de mon âge. Il a une grande sœur qui est pratiquement fiancé avec un garçon. Lui, par contre est comme mon frère, futur appelé pour l'Algérie.
Nous parlerons donc de ce jeune homme.
Dès sa sortie d'école, vers 16 ans, il s'est embauché dans l'usine d'armement. Un article également dans ce forum parle de cette usine.
Le travail ne chôme pas, les commandes afflues pour... des envois d'armes de toutes sortes pour cette affreuse guerre.
Notre jeune homme est sur la chaine qui fabrique des mines anti-personnelles.
C'est un métier comme un autre. Il le pratique jusqu'au jour où il reçoit sa lettre d'incorporation.
Il part donc en Algérie, après seulement deux mois de classe en France. Comme tous ceux qui sont partis la-bas, c'est un paquebot de la compagnie des chargeurs réunis, le Pasteur et le Ville D'Alger qui leur offre le voyage.
Sur place, ce n'est que combats, rondes de nuit et surveillance de sites privilégiés.
Une nuit, une équipe est formée pour assuré la sécurité d'un lieu précis.
Notre jeune homme est désigné comme volontaire.
En file indienne, ils tentent de mener à bien leur mission.
Dans un endroit entouré de buissons, gênés par de gros cailloux, ils se fraient un chemin péniblement. Un passe, un deuxième et, c'est le drame. Une mine anti-personnelle vient d'exploser. Un seul homme est par terre, pratiquement tué sur le coup.
C'est notre jeune, fiancé à la sœur de mon copain de classe. Ses collègues d'infortune, remis de leurs émotions récupère le corps de leur camarade ainsi que quelques débris de l'engin explosif.
De retour au camp, les débris sont examinés. Quelques chiffres et mots sont encore lisibles.
Les autorités responsables de l'armement possèdent tous les livres sur la fabrication des engins explosifs.
La vérité éclate. cette mine a été fabriquée dans l'usine où notre malheureux travaillait.*
Les numéros et chiffres donnent même le jour de fabrication de l'engin meurtrier.
Le résultat fait froid dans le dos. Cette mine a été fabriquée par notre pauvre soldat.
Tué par son propre travail, c'est le comble de l'horreur.
La patrie, reconnaissante a seulement décidé, en mémoire de notre soldat, mort pour la France, qu'une impasse porte son nom dans son village natal.
Maigre compensation pour la famille éplorée. Sans parler de la détresse de la pauvre fiancée.
*Comment des armes de destruction, fabriquées par la France, se sont retrouvées aux mains de l'ennemi ? Personne ne connait la réponse. J'ai moi-même été victime de ce problème quatre ans plus tard, pendant mon service militaire en Allemagne,
J'étais dans le service transmission, opérateur-radio et dépanneur de tous les appareils de radio-communication (également instructeur graphie)
Je reçus un jour, 100 accus destinés à nos récepteurs.
A cette époque, pas encore de transistors, encore moins de circuit-imprimés. Tout notre matériel est à lampes. grandes consommatrices de courant continu.
Pour un poste portable, émetteur-récepteur, il lui faut une pile presque aussi grosse que lui.
Sans trop rentrer dans les détails techniques, il faut deux tensions pour alimenter un poste émetteur-récepteur portatif. Une première, de 67,5 V pour véhiculer l'onde radio à travers les divers étages de l'appareil. L'autre de 1,5 v pour chauffer les filaments des lampes pour qu'elles soient justement opérationnelles.
Heureusement que j'ai une grande passion pour l'électronique, car sans un ordre donné, je me suis permis de tester les piles. Elles étaient pourtant dans une boite scellée, venant directement de la fabrique, en France.
Oh surprise, les tensions sur le connecteur de sorties avaient été inversées. Ce qui veut dire que, la tension de 67,5 V aurait alimenté les filaments des lampes...
C'est comme ci vous alimentiez une ampoule de 6v, avec du 220.
Ces piles, à l'origine étaient destinées pour nos soldats en Algérie. Tous les stocks restants étaient dispatchés dans les casernes de l'armée française.
Imaginez un instant, en pleine brousse, un opérateur installant cette pile sur son poste...
Dès la première seconde de mise en marche, le poste grillait tout simplement. En Phase de combat, la radio est le seul moyen de communiquer avec leur base. Seul, en plein désert, que pouvait -ils faire ?
Je m'empressais de faire un rapport à mes supérieurs pour qu'ils préviennent tous les corps d'armées qui auraient été susceptibles de recevoir ce cadeau empoisonné.
Je crois même que, suite à cet éclat, je fus d'office monté en grade. De caporal, je suis passé caporal-chef.
Sybilla
Envoyé le :  2/1/2020 0:31
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95458
Re: La malchance à l'extrème

Bonsoir cher Maurice,

Très beau partage émouvant !



Belle soirée !
Toutes mes amitiés
Bonne et heureuse Année 2020 !
Sybilla


----------------
Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates "réelles" de parution.


Le rêve est le poumon de ma vie (citation de Sybilla)

Arteaga
Envoyé le :  2/1/2020 10:09
Plume de platine
Inscrit le: 26/6/2008
De: 43° 50' 16" nord et 4° 21' 39" est
Envois: 3685
Re: La malchance à l'extrème


Un émouvant retour en arrière et au cœur de ce texte, un bel hommage à toutes ces victimes de ce que l'on n'osait pas qualifier de "GUERRE" mais "D'ÉVÉNEMENTS".
Un épisode (parmi tant d'autres) à bien remettre en mémoire.


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« La vie n'est supportable que si l'on y introduit non pas de l'utopie mais de la poésie (Edgar Morin) »
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