Gnon.
--Place-toi au centre !
--Putain! Me placer au centre de quoi ?
Non je n’ai pas envie d’aller ailleurs pour voir si j’y suis, pas plus que de m’éloigner de mon moi déprimé. Emporté par son élan, un gnon égaré, caresse mon arcade sourcilière. Les yeux pleins d’étincelles, ça ne m’a pas empêché pas de voir beau et grand. L’espoir de me libérer du présent, gluant, qui me prend à la gorge, comme une corde raide mouillée.
Juliette vient de se tirer une balle dans la tête. Zoom arrière sur deux corps enlacés. Les deux héros se sont suicidés. Plus d’images. Un générique peuplé de noms inconnus défile sur l'écran. Le film est terminé. Je zappe. Le chien aboie après le loup aux yeux rouge sang qui épie le réveil du matin dans l’obscurité du néant.
Le soleil trace la ligne, de l’horizon inaccessible. Je traîne mon profil effilé qui tranche l’enveloppe brouillée de mes illusions. Je perds pied, sur l’échelle des valeurs, rongée par la termite affamée. Ascension pour un aller simple à destination de...
Vaille que vaille j’y arriverai quand même. Forcément que j’y arriverai, sourd aux bruits du vent et de la nonchalance des aiguilles du temps.
Le souffle des courants chauds, caresse les courbes ondulées de l’eau.
Charef