Lettre ouverte à l'oubli... (à la maladie d'Alzheimer)
Lettre ouverte à l'oubli...
(Ã la maladie d'Alzheimer)
Quand je perdrai, le goût, le désir et l'entrain
Que mon oubli de toi, portera l'estocade ;
Quand tout s'effacera, jusqu'au moindre refrain,
Qui frissonnait, fiévreux, sur ma lèvre malade.
Lorsque m'échappera, de nous, tout le meilleur,
Quintessence du cœur, qui met le corps en fête.
Quand mes yeux, sans te voir, regarderont ailleurs
Qu'un ténébreux rongeur, envahira ma tête...
Quand le temps, de mon mal, aggravera l'affront
Que toute ma clarté, par son souffle, aspirée,
Ravira ma raison, ne laissant à mon front
Qu'une ride béante, où sombre l'empyrée...
Alors, je louvoierai, sans trouver d'horizon,
Sur ce bateau mouvant, que mémoire saborde ;
Je serai cette note, au bout d'un diapason,
Qui cherche vainement le «la » qui réaccorde.
Et je divaguerai, sans même faire un pas,
En vacuité d'amour, si vieillissante et lourde !
Je m'en irai vois-tu, sans craindre le trépas,
Rendre à qui la voudra, mon âme, aveugle et sourde.
« Pardonne-moi chéri, pour ce lent devenir,
Qui, chaque nuit, m'arrache aux bras de ta tendresse ;
Il te faudra pour deux, demain, te souvenir... »
Bientôt je ne saurai... ton nom, ni ton adresse ! »
Rosaly
- 3 novembre 2019 -