Mascotte d'Oasis Inscrit le: 30/10/2005 De: **** Envois: 83793 |
l'attente de Francois COPPEE.. L’Attente
François Coppée
Ă€ Auguste Vacquerie
Au bout du vieux canal plein de mâts, juste en face De l’Océan et dans la dernière maison, Assise à sa fenêtre, et quelque temps qu’il fasse, Elle se tient, les yeux fixés sur l’horizon. Bien qu’elle ait la pâleur des éternels veuvages, Sa robe est claire ; et bien que les soucis pesants Aient sur ses traits flétris exercé leurs ravages, Ses vêtements sont ceux des filles de seize ans. Car depuis bien des jours, patiente vigie, Dès l’instant où la mer bleuit dans le matin Jusqu’à ce qu’elle soit par le couchant rougie, Elle est assise là , regardant au lointain. Chaque aurore elle voit une tardive étoile S’éteindre, et chaque soir le soleil s’enfoncer À cette place où doit reparaître la voile Qu’elle vit là , jadis, pâlir et s’effacer. Son cœur de fiancée, immuable et fidèle, Attend toujours, certain de l’espoir partagé, Loyal ; et rien en elle, aussi bien qu’autour d’elle, Depuis dix ans qu’il est parti, rien n’a changé. Les quelques doux vieillards qui lui rendent visite, En la voyant avec ses bandeaux réguliers, Son ruban mince où pend sa médaille bénite, Son corsage à la vierge et ses petits souliers, La croiraient une enfant ingénue et qui boude, Si parfois ses doigts purs, ivoirins et tremblants, Alors que sur sa main fiévreuse elle s’accoude, Ne livraient le secret des premiers cheveux blancs. Partout le souvenir de l’absent se rencontre En mille objets fanés et déjà presque anciens : Cette lunette en cuivre est à lui, cette montre Est la sienne, et ces vieux instruments sont les siens. Il a laissé, de peur d’encombrer sa cabine, Ces gros livres poudreux dans leur oubli profond, Et c’est lui qui tua d’un coup de carabine Le monstrueux lézard qui s’étale au plafond. Ces mille riens, décor naïf de la muraille, Naguère, il les a tous apportés de très loin. Seule, comme un témoin inclément et qui raille, Une carte navale est pendue en un coin ; Sur le tableau jaunâtre, entre ses noires tringles, Les vents et les courants se croisent à l’envi ; Et la succession des petites épingles N’a pas marqué longtemps le voyage suivi. Elle conduit jusqu’à la ligne tropicale Le navire vainqueur du flux et du reflux, Puis cesse brusquement à la dernière escale, Celle d’où le marin, hélas ! n’écrivit plus. Et ce point justement où sa trace s’arrête Est celui qu’un burin savant fit le plus noir : C’est l’obscur rendez-vous des flots où la tempête Creuse un inexorable et profond entonnoir. Mais elle ne voit pas le tableau redoutable Et feuillette, l’esprit ailleurs, du bout des doigts, Les planches d’un herbier éparses sur la table, Fleurs pâles qu’il cueillit aux Indes autrefois. Jusqu’au soir sa pensée extatique et sereine Songe au chemin qu’il fait en mer pour revenir, Ou parfois, évoquant des jours meilleurs, égrène Le chapelet mystique et doux du souvenir ; Et, quand sur l’Océan la nuit met son mystère, Calme et fermant les yeux, elle rêve du chant Des matelots joyeux d’apercevoir la terre, Et d’un navire d’or dans le soleil couchant.
François Coppée, Poèmes modernes
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Ă€ tes yeux
François Coppée
Telle, sur une mer houleuse, la frégate Emporte vers le Nord les marins soucieux, Telle mon âme nage, abîmée en tes yeux, Parmi leur azur pâle aux tristesses d’agate. Car j’ai revu dans leur nuance délicate Le mirage lointain des Édens et des cieux Plus doux, que ferme à nos désirs audacieux La figure voilée et sombre d’une Hécate. Hélas ! courbons le front sous le poids des exils ! C’est en vain qu’aux genoux attiédis des amantes Nous cherchons l’infini sous l’ombre de leurs cils. Jamais rayon d’amour sur ces ondes dormantes Ne vibrera, sincère et pur, et les maudits Ne retrouveront pas les anciens paradis.
François Coppée, Le Reliquaire, 1866
---------------- l'Amour rayonne quand l'Ame s'élève, citation maryjo
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