Le mendiant SDF
Longuement défavorisé par mon accablé sort,
Pauvre, errant, sans attache ni abri,
Le froid et la vieillesse agressent mon corps
Et les sombres pensées tarissent mon esprit,
Moi, le SDF, Le mendiant, qui n’a hérité somme
Ou demeure, ni de ma mère, ni de mon père,
Je vis dans mon chimérique royaume
Aux vastes étendues imaginaires,
L’automne et l’hiver me sont si pesants,
Le giflant vent, le froid glacial et la pluie,
Me contraignent en limitant mes mouvements
Et me privent de tout appui quant à ma survie,
La vile nécessité me pousse dès l’humide matin
A patauger dans la fange du chemin de ma vie
Que m’avait préalablement tracé mon destin,
Où la triste humeur sur mon blême visage se lit.
La fidèle solitude, ma compagnie familière,
Dans ses bras, j’y trouve sérénité et chaleur
Durant mes creuses nuits sans lumière
Et le jour, à la grande rue j’élis demeure
A la quête d’un sou donné à grand bruit
En aumône, souvent suivit de mots aimables,
Mais parfois, blessants et durement dits
En vaines bravades, blâmables,
Au soir je m’enroule avec mes hideux habits,
D’âcres odeurs de sueur embaumées,
Souvent, le ventre vide, sans croûte ni mie,
Les yeux de larmes brûlantes embués,
N’ayant pour toit que le ciel étoilé, si haut,
Mes godillots unis, rangés en doux oreiller,
A même le sol nu, sous mon encrassé manteau
Je m’endors tel un candide enfant bercé,
Je vis en étranger au milieu de ma société,
Telle l’ombre informe d’un nuage passant,
Impalpable, sans intérêt, sans âme ni corps,
Qui n’a pris qu’un très court laps de temps,
Je n’ai rien acquit, ni bonheur, ni secret qui me ronge,
Demain l’Ange m’emporterait au-delà des horizons,
Au royaume des fabuleux songes,
Là bas, où tous les humains, un à un y seront,
Sans rancune, ni aucun regret, je partirai,
Le cœur résigné et l’âme affranchie,
Laissant ce monde aux gens à la beauté sans bonté
Qui, le sourire aux lèvres mais le cœur endurcit.
Bari