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     Le masque de Narcisse Partie (I)
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Expéditeur Conversation
Thanatos
Envoyé le :  14/9/2019 20:19
Plume d'or
Inscrit le: 21/5/2019
De:
Envois: 950
Le masque de Narcisse Partie (I)
« Cavete ne quis vos decipiat per philosophiam et
imanes seductiones secundum elementa mundi ».
Saint Paul, Epître aux Colossiens, II, 8.

Narcisse n’a comme origine que sa naissance ainsi qu’il n’était pas sorti de l’imagination d’un quelconque ressortissant de la dialectique mythologique, et encore moins de la parole de nymphes voulant caractériser l’orgueil humain à travers un homme qui aurait perdu le contrôle de sa beauté pour s’y laisser mourir dans son reflet. Mais tel n’est là qu’un présage des dieux qui pourrait aller à la superstition tant celui-ci n’a été envisagé et narré que dans la plus vaniteuse précipitation. Car justement c’est dans la vanité qu’a été, avec trop de hâte, justement traitée la vie éphémère et fulgurante de Narcisse. Et c’est pourquoi il lui fut donné très jeune de penser à la noblesse de l’esprit sans pour autant y reconnaître l’ultime faculté. Mais comme les nymphes sont la preuve d’une existence plus spirituelle que celle qu’on s’entend plus particulièrement à attendre, c’est celles-ci qui créèrent le mythe de Narcisse à défaut d’en commettre la plus exécrable existence. Mais les Dieux n’étaient pas dupe de cette élucidation et c’est pourquoi ils plongèrent Narcisse dans une destinée face à laquelle il devait en relever le mystère ainsi qu’il est aussi la résolution que demande le monde à se mettre dans le sens d’une véritable philosophie. Car Narcisse, - comme tout un chacun -, devait répondre à certaines questions que lui posait son existence. Et ce fut, évidemment, le début d’un périple dont il ne s’attendait pas à devenir le poète le plus profondément décisif devant la volupté amère de la fatalité. Et, comme entendu, dès la fin de son adolescence, il rencontra des nymphes pour qu’il se plaça dans la meilleure constitution possible. Voyons comment cette aventure qui en attendait d’autres se révéla à notre merveilleux Narcisse. En fait c’est en voyant que Narcisse échappait aux plus belles créatures humaines, que les nymphes envoyèrent Echo qui en était complètement amoureuse. Mais pour comprendre pourquoi les nymphes se mirent si vite à l’emploi, il suffit de se référer à ce que l’oracle de Delphes, Tirésias, avait dit à propos de Narcisse à sa mère Liriope, étant elle-même une naïade, c’est-à-dire une de ces nymphes des sources alors que Narcisse ne survivrait que pour le temps où il ne rencontrerait pas son image.
Et bien sûr, sachant pertinemment que Narcisse aurait pu facilement tomber sur son image, en se retrouvant face à un cours d’eau, ces naïades tentèrent d’apporter à Narcisse une distraction bien plus confortable et surtout plus fraîche en mettant Echo à portée de main de Narcisse. Ainsi comme Narcisse passait la plupart de son temps à la chasse entre Thèbes et le mont Hélicon, il était non seulement à proximité des montagnes et des forêts, mais aussi des sources où il aurait pu voir son reflet dans une quelconque rivière de son passage. Et c’est pourquoi par un de ces premiers beaux jours du printemps de sa vingtième année, il s’arrêta pour boire près d’un ruisseau alors qu’Echo n’était pas très loin à le surveiller. Et au moment où il se pencha pour boire, il entendit le son d’une voix féminine si délicate qu’elle fit vibrer l’eau venant d’une source qu’elle connaissait bien pour la consacrer à son autel. Et évidemment Narcisse n’eut qu’à peine le temps de voir son image dans l’eau et d’y reconnaître sa beauté, ainsi qu’il se leva et alla en direction d’où cette voix fascinante l’avait enveloppée de son charme si envoutant et rencontra Echo qui, malheureusement, baissa la tête devant la beauté majestueuse de Narcisse. Mais Narcisse se rapprocha d’elle comme s’il lui devait quelque chose qu’il ne comprenait pas tout en ne voyant dans cette condescendance qu’une bonté féminine prête à soulager sa virilité de jeune homme.
Echo voyant que Narcisse n’était pas à son affaire question séduction, prit le parti de l’accueillir, lui disant alors : « Vous savez cher Narcisse, vous êtes bienvenu parmi les nymphes des sources et des forêts ! »
- Mais comment connaissez-vous mon nom, demoiselle ?
- Oh ! C’est très simple : lorsqu’un chasseur se présente sur nos terres, nous nous empressons de savoir son nom !
- Et pourquoi cette voix langoureuse ?
- Pour vous attirer et non vous séduire comme je voulais vous connaître…
- Et votre volupté n’est pas une séduction eu égard à votre sensibilité ?
- Vous y allez, vous ! Mais ce n’est rien puisque nous nymphes sommes beaucoup plus généreuses en amour que vos compagnes mortelles.
- Et vous-mĂŞme, que seriez-vous prĂŞte Ă  faire pour moi ?
- Que de questions ! Nous y serons surement ensemble, un peu plus tard !
- Alors vous vous en êtes déjà décidée !
- Alors je vais vous présenter à mes compagnes qui vous apprendront que l’humilité n’est jamais qu’un bien à savoir partager !
- D’accord, je viens ! Mais comment vous appelez-vous jeune prétentieuse ?
- Je suis Echo ! Et le silence n’est jamais ma plaidoirie…
- C’est encore loin votre village ?
- Ne craignez rien nous y sommes ! » Et entre deux pins d’Alep et un chêne vert se dessina l’embouchure d’une grotte. Alors Echo laissa passer Narcisse et l’emmena jusqu’à un coin d’ombre qu’éclairait un feu quoiqu’en cette période de la saison il ne fasse pas froid du tout. Mais il fallait s’éclairer et le gibier n’attendait pas meilleur service pour régaler celui qui allait être l’hôte à toutes ces femmes qui le regardaient d’un œil interrogateur mais aussi, quelque part, un peu suspect. La reine des naïades, Elerinna, le voyant s’avancer parmi la masse de ses consœurs qui, avec le bout de leurs doigts, caressaient le visage ravissant de Narcisse, lui tendit ensuite ses deux mains qu’il accepta en les prenant en ses deux paumes et s’agenouilla pour mieux les incliner alors qu’Elerinna dit : « Vous êtes le bienvenu sur nos terres, chasseur !
- Mais qu’avez-vous donc à me regarder comme une bête curieuse ?
- C’est que vous êtes ravissant, chasseur ! Et c’est pourquoi rien n’est trop beau pour votre apparence…
- Je veux un miroir !
- Vous n’en ferez rien puisque vous ne saurez vous y comparer à qui que ce soit, chasseur !
- Mais peut-être que j’y verrai plus de beauté qu’en votre grandeur, chère reine ?
- Oui, mais vous y perdrez surement en force par rapport à votre virilité !
- Et pourquoi ça ?
- Parce que c’est ma féminité qui servira de référence à votre beauté…
- Vous avez raison ! Et puis j’aurai sûrement le temps de m’en rendre compte…
- VoilĂ  qui est plus naturel, jeune homme !
- Et moins résiduel !
- Mais qui vous a enseigné tant d’esprit, chasseur ?
- Ma mère la nymphe Liriope qui était, elle aussi, une naïade.
- Et qui vous a enfanté avec le fleuve Céphise.
- C’est cela ! Mais quelle importance ?
- Passons au repas et nous en reparlerons ! »
Narcisse fut installé en bout de table près de la reine Elerinna et en face d’Echo, pour aborder, sans doute, ce qui allait être l’union entre cette dernière et lui. Et évidemment, on servit la reine juste avant Narcisse qui n’avait pas vu de plats aussi colorés de toute sa vie. Alors il commença à mélanger les légumes avec les aromates qui lui semblaient les plus savoureux, et il reconnut là que les plats étaient très épicés mais avec une juste adéquation de ce qui ressortait des spécialités de ces naïades. Ainsi il y eut quelques viandes mais surtout beaucoup de fruits et de légumes qui représentaient la tranquillité besogneuse de ces délicieuses nymphes.
Et Elerinna, la reine, demanda à Narcisse qui avait l’air de se régaler : « Alors comment trouvez-vous nos spécialités, cher Narcisse ?
- Je dirais que chacun de vos plats m’a mis l’eau à la bouche de façon à y retourner à chaque fois et que surtout vous possédez une véritable maîtrise des herbes et des épices !
Et alors que Narcisse s’en allait pour féliciter les cuisinières, Echo ajouta pleine d’ironie :
- Ah ! Ça ! Pour tomber à l’eau, ça aurait pu tomber à l’eau !
- Mais que dites-vous chère enfant ? Demanda la reine surprise.
- Oh, il ne s’agit que d’une tout autre passion !
- Ah, parce que vous avez quelque chose de grave Ă  insinuer ?
- Non ! Juste que la passion de Narcisse ne fait partie que de son métier…
- J’ai toujours su que vous étiez une excellente conteuse, Echo !
- Mais comment n’aurais-je pas pu hériter du verbe à la plastique de ma voix ?
- C’est que votre destin ne pouvait qu’être généreux à servir l’amour qui vous attend.
- C’est dire que beaucoup de prétendantes ont été refoulées par Narcisse ! Alors pourquoi moi ?
- Parce que vous l’avez fasciné au moment où il s’étourdissait de sa beauté.
- Mais ce n’est pas la réalité !
- Peu importe l’objectivité, soyez persuasive ! » Et comme les deux femmes ne parlaient pas très loin du renforcement qui servait de cuisine, elles virent Narcisse revenir et l’introduisirent dans leur discussion pour au mieux traduire leur intention mutuelle de faire de Narcisse un amant plein de grâce non seulement pour la renommée des naïades mais aussi pour la délicieuse Echo. Alors la reine reprit, sentant que Narcisse voyait qu’il se tramait quelque chose : « Cher voyageur, j’espère que vous allez prendre la bonne décision avant de nous quitter ?
- Disons que je ne partirai pas d’ici sans la belle Echo ! Mais pourquoi m’appeler « voyageur » ?
- Parce que vous allez devoir courir après le temps avant qu’il ne vous rattrape.
- Mais qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
- C’est l’oracle de Delphes qui a dit que de votre image il ne faudra pas s’y attarder.
- Donc il faudra que je me résolve à ne pas penser que pour moi-même ?
- Et donc il ne faudra pas rejeter la femme qui vous fera comprendre qui vous ĂŞtes exactement !
- Vous voulez parler d’Echo ?
- Et s’il ne s’agissait pas d’elle, à qui en reviendriez-vous ?
- Mais où voulez-vous en venir après tout ?
- Ne vous inquiétez pas ! Nous allons boire un bon thé de nos montagnes comme nous l’appelons ainsi chez nous alors qu’il n’est en fait composé que de feuilles et de fleurs séchées et nous allons nous reposer afin de préparer les festivités…
- J’en suis ravi et c’est pourquoi j’en suis bien aise pour la cérémonie de demain…
- Disons que ça sera une fête pleine de danses et de voluptés sans la moindre outrecuidance !
- Alors je veux voir cela, reine adorée !
- Mais n’oubliez pas de finir votre thé si vous voulez apprendre à rêver votre avenir…
- Pourquoi qu’apporte-t-il de si particulier ce thé ?
- Une transcendance de la création onirique !
- Vous voulez dire que je vais rĂŞver mon avenir ?
- Non seulement le rêver mais l’élucider !
- Et moi, que vais-je faire de tout cela ?
- Assez parlé ! Et puis Echo vous apprendra… » La reine Elerinna se leva et ordonna à ses servantes de préparer un couchage pour Narcisse, question à laquelle une nymphe répondit qu’elle s’en était elle-même occupée. Puis la reine lui demanda de trouver Narcisse pour lui montrer l’endroit où il allait dormir. Alors la nymphe s’effectua et Narcisse fut bien à son aise d’enfin pouvoir se préparer à son avenir.
Ainsi Narcisse tomba dans un sommeil si profond qu’au moment où il se sentit partir dans une vision si surprenante qu’il en comprit le symbole et se demanda s’il n’avait pas été drogué. Mais voilà : le symbolisme en question était si puissant qu’il le sentit pénétrer dans ses entrailles ainsi que tout s’inversait : ce n’était plus le monde qui l’accueillait pour offrir son mystère mais lui-même qui avalait le monde pour qu’il lui montre la marche à suivre. En fait dans son rêve, il était avec Echo à faire l’amour avec langueur et virulence et où ce mariage de la contenance avec ce qui l’agitait en toute prééminence ne paraissait pas plus affabulateur que les paroles délicieuses de la charmante Echo. Car ce qu’il ressentait était comme une damnation à ne croire qu’en la beauté du corps et où les belles paroles n’ont qu’un aspect d’estime fort peu respectable quand elles ne font qu’enjoliver une réalité déjà superficielle. Enfin c’est sur cette note pourtant remplie d’appétence qu’il se réveilla pourtant fou d’une rage qui mit en branle son humeur alors que finalement il se montra tranquille pour le petit déjeuner où son calvaire l’avait mis dans un appétit moins illusoire. Cependant la reine le voyant affairé à chercher à droite et à gauche ce qui pouvait le mieux lui convenir, lui demanda, curieuse : « Au moins votre sommeil n’était pas trop agité, cher ami ?
- Et voilà justement que vous touchez le fond du problème !
- Mais qu’y a-t-il donc, cher Narcisse ?
- Vous ne m’aviez pas dit que le rêve était collectif !
- Vous ne savez donc pas que les nuits sont faites pour le plaisir ?
- Oui, et les jours sont faits pour la séduction ?
- Oui, mais ne rendez pas votre passion trop sophistiquée, elle vous perdrait !
- Et pourtant Echo a dit que la passion, c’est mon métier et pourtant je n’en ferai pas un gage, car il ne suffira pas qu’elle m’aime pour me convaincre…
- Alors que vous faudra-t-il de plus ?
- Qu’elle m’accompagne jusqu’au lit des enfers où réside ma mère !
- Et que pensez-vous obtenir de si bienfaisant dans l’expérience d’Echo ?
- Echo n’est pas une expérience, mais l’évidence qu’elle s’en fera dans l’abondance.
- Alors c’est dans la vitalité qu’il vous faudra trouver Echo !
- Ou peut-être dans la poésie qui honore si parfaitement le verbe ?
- Mais vous allez être celui qui du verbe sait reconnaître la vanité pour mieux y succomber ?
- Alors je vous enverrai vous ménager de la parole qui raisonne dans la voix d’Echo !
- Alors vous ne voulez pas d’une cérémonie ?
- Pas du moment où je n’aurai pas encore appris d’Echo toute la désinvolture de son passage dans le royaume des âmes égarées.
- Ah ! Parce que vous comptez y trouver le lit des enfers ?
- Bien sûr puisque l’ombre doit d’abord y remplir les terres pour ensuite s’y perdre à sa source.
- Alors ne faisons qu’un spectacle tout en couleurs pour marquer le pas de cette initiative qui, bien sûr, sera une mission pleine de ténèbres. Ensuite nous vous fournirons du linge et de la nourriture afin que vous fassiez vos premiers pas en toute tranquillité pour ensuite rejoindre des contrées qui seront forcément hostiles. » Et c’est alors que les prétendants se retrouvèrent dans une clairière au milieu d’un bois et que près d’une table en bois était tiré un long tapis de laine où des nymphes dansaient du ventre tout en modulant leurs bras librement. Et elles étaient drapées de velours et de soie, qu’un doux froufrou ondulait dans le vent. Et pour finir elles entonnèrent des chants de guerre, que la reine interrompit pour rendre un dernier hommage aux deux voyageurs, Echo et Narcisse, dont elle fit les louanges afin qu’ils revinssent de leur épopée dans un triomphe inégalable. Mais pour le moment, c’était l’amour plutôt que la gloire ou la victoire qui parlait ainsi que le rêve de la veille les y avait préparé alors que c’est sans doute une certaine forme de profession de foi qui allait devoir les guider dans leur aventure prochaine.

Citation en épigraphe : "Prenez garde qu'on ne vous trompe sous le masque de la philosophie et par de vaines séductions, selon la doctrine du monde".


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Le cœur sans l'esprit est un souffle qui ne sait pas s'orienter !
Citation de Thanatos

Sybilla
Envoyé le :  14/9/2019 22:49
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95434
En ligne
Re: Le masque de Narcisse Partie (I)


Bonsoir Thanatos,

Bravo pour cette superbe nouvelle que j'ai lu avec beaucoup d'attention et plaisir !
J'attendrai avec impatience de lire la suite !
Toutes mes félicitations !



Belle soirée !
Mes amitiés
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates "réelles" de parution.


Le rĂŞve est le poumon de ma vie (citation de Sybilla)

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