Mon Oradour
Malgré tous mes efforts,
Ma vie est un combat.
Lassé, je le ressens
Au plus profond de moi.
Je me cherche partout
Depuis bien trop longtemps.
Je voudrais bien, enfin,
Découvrir qui je suis.
Prisonnier de mon corps
Et de mes illusions,
Meurtri, je suis enfant
D'un monde en perdition.
Non content d'être fou,
J'en deviendrais méchant.
Si c'est là mon destin,
Je sais ce que je fuis.
Tout est parti d'un rien,
Ou d'un si peu de chose.
Un doux soir de Juillet,
Veille de nos vacances...
Qui l'a donc balancé,
Ce mot de trop ? C'est moi ?
C'est toi ? Qu'est-ce que ça fait ?
Ça changerait donc tout ?
Non, nous le savons bien.
Alors, BOUM ! Tout explose
Et puis, chacun s'y met.
Chacun tente sa chance.
Fini d'argumenter,
On défie, on combat,
On fait ce qui nous plaît
Pour rendre l'autre fou.
Voilà que je panique
À la moindre occasion.
Soudain, mes poings se serrent
Et le sang, dans mes veines,
Devient comme un serpent
Qui va, de bas en haut,
Distiller son venin
En tout point de mon âme.
Cest alors que j'abdique
Et que prend possession
De mon doux cœur de pierre
Un diable empli de haine,
Un salaud plein de dents
Et plein d'horribles mots
Qui chatouille mes poings
Et ravive les flammes.
Alors, je disparais.
Je deviens celui-là
Que je déteste tant.
Je deviens un salaud,
Horrible et dégueulasse,
Abject et carnassier,
Destructeur, terroriste,
Amnésique en amour.
Et j'écarte les plaies
Et j'y rentre mon doigt,
Insultant et criant,
Brûlant tous les drapeaux.
Comme une hyène en chasse,
L'ennemi encerclé,
Je ne suis plus qu'un triste
Nazi en Oradour.
Et tout s'éclaire enfin.
Lorsque tout est en ruine,
Le monde entier détruit,
L'amour, écorché vif
À la proue du navire,
Tout ce qui compte, en fait,
homme, ou femme, ou enfant,
Décapité, brûlé,
Lorsqu'il n'y a plus rien
Qu'un vaste champs de mines,
Reprenant mes esprits,
Je me sens si fautif
Et capable du pire
Qu'alors, oui, je me hais.
Regardez, mes enfants.
Cet homme a bien changé.
Alors, tout ce qui fait
Que la vie vaut le coup,
Toutes ces belles choses,
Tous ces jolis moments,
Tout ça, sans exception,
A le goût de la merde
Et l'odeur du vomi,
Du sang et de la mort.
Je voudrais bien trouver,
Dans ma tête de fou,
Des mots teintés de rose
Pour le dire autrement
Mais voilà, à quoi bon
S'il se peut que je perde
Tout l'amour que ma vie
A cherché comme l'or ?
Alors oui, je le dis,
Tout a goût de caca.
Tout est merdique et chiant,
Moche et sans intérêt
Lorsque l'on vient à peine
De briser en morceaux
Le cœur de ceux qu'on aime
Plus que tout dans ce monde.
Vil homme que je suis,
Je ne mérite pas
Le bonheur qu'on me tend.
Honte à moi, puisque j'ai
Trop négligé ma reine.
Faites que le salaud
Récolte ce qu'il sème
Et tendez bien la fronde.
J'accepte le courroux.
Je bénis le bourreau.
Pendez-moi sous la lune
Et choisissez les armes.
Je voudrais effacer
Chacune de vos peurs.
Je voudrais caresser
Vos humides visages.
Je prendrai tous les coups
Comme autant de cadeaux
Pour venger une à une
Chacune de vos larmes.
Si ça peut vous aider,
Donnez-moi vos douleurs.
Laissez-moi vous aimer.
Promis, je serai sage.
Pierre Pellegrini
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Pierre p.
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