A ceux qui m'ont dit:
" Comment c'est la retraite? "
Peut être m'ont ils dit:
"As-tu assouvir tes désirs?
As-tu tourné le dos à tes plaisirs?
As-tu encore l’appétit de vivre
Ou la peur de mourir?
N'es-tu pas fatigué de la vie?
De ses consignes, ses contraintes
Ses hauts, ses bas
Et ses choses à prédire?
Es-tu réduit au silence?
Ne sens tu pas le monde
Autour de toi se raccourcir?
Peux-tu vaincre l'horreur de la solitude
Et l'angoisse de vieillir?
Tu sens-tu l'épine dans la chair?
Et dans tes couloirs,
Le dialogue commence t-il à s'appauvrir?
Comment tu vois-tu à présent?
Triste, gai, charmant, vivant?
N'as-tu pas l’horreur du travail
Et des devoirs exténuants?
A-tu encore la force d'aimer?
De continuer seul ton trajet?
Es-tu esquinté, abattu, vidé?
As-tu l'impression que sous tes pieds,
Le sol s’effrite,
Et tu ne peux pas te sauver?
Ta montre, elle,
C'est elle arrêtée?
Ses aiguilles sont elles rouillées
D'avoir longtemps tourné?
Je ne sais..."
" Las! et hélas! je n'ai plus mes 20 ans.
Mais, pour de bon,
Je n'ai pas perdu le gout de vivre,
Je n'ai pas trahi mes serments.
J'ai vécu pour les autres,
J'ai trop donné sans compter
Et j'en ai reçu autant.
On me partage encore mes soucis,
Ma fatigue,
On m'ouvre grand
De nouveaux horizons.
Je me suis rassasié de promesses
Et des plus précieux des dons.
J'ai partagé la pomme en deux
Et je l'ai croquée à belles dents.
A présent, je me nourris d'amour
Et d'eau fraîche.
Un vrai mystère aussi fort
Et aussi émouvant. "