Où vas-tu nous emmener printemps
A ceux qui sont tombés au nom de l'honneur,
du travail et de la liberté.
A ceux qui attendent encore le vent ami,
Le zéphyr d'un printemps qui n'est pas encore né...
Ce n'est qu'un automne aveugle
Qui fauche les âmes et sans pitié...
A l’âme d'un jeune licencié Kairouanais qui, voyant chaque jour une nouvelle porte d’espoir se fermer devant lui, c'est volontiers donné la mort. Le 14 juin 2019 "Allah yarahmou"
Qu'as-tu apporté avec toi
Oh! printemps?
Sinon, violence, terrorisme et haine.
Va-t-on savoir ce que tu nous gardes encore
Ni où tu nous mènes?
Qu'as-tus fait aux seins vides,
Aux bouches ouvertes et aux affamés?
Qu'as-tu fait aux sans domicile
Et aux orphelins à la mine chagrinée?
Qu'as-tu fait aux chômeurs
Qui se comptent par milliers?
Qu'as-tu fait à ceux qui ont pris le large
Ses périls, ses vagues et ses nuées?
Qu'as-tu fait aux naufragés?
A ceux qui attendent encore sur le quai?
Qu'as-tu fait à ceux, qui la mort dans l’âme
Poursuivent à tâtons les longs fils des réfugiés?
Qu'as-tu fait aux mornes matins
Et aux étoiles sans reflets?
Qu'as-tu fait à ceux qui sont partis
Aux premiers appels
La tête haute et la poitrine aux balles exposée?
Vois-tu vers où tu nous a menés?
Vers des cieux troublés,
Des tourbillons d'étincelles
Et des nuages de fumées.
Où tu nous a menés?
Des corps déchiquetés,
Des chiens désespérés errant dans les près.
Des ailes de flammes
Emportant des oiseaux épuisés.
Un agneau dans les bras d'une bergère épouvantée.
Un chat désolé ne sachant où aller.
Un regard triste d'une poupée.
Vois-tu où tu nous a menés?
Vers un grand mensonge et un feu follet.
Vers un songe et une toile d'araignée.
Oh printemps Arabe!
N'es-tu pas un festin?
Une vaste table où l'on mange à sa faim?
N'es-tu pas un champs où foisonnent
Lys, Lilas, Déhala, Cactus et Jasmin?
Qu'as-tu fait à ceux qui criaient
"Travail, honneur et liberté?"
Oh guerre fratricide! oh infanticide!
Oh bombes et fusées!
Oh belles aux bourreaux emmenées!
Mauvais rêves, cruelle destinée!
Oh printemps!
N'as-tu pas promis chants et poésies?
Travail, amour et harmonie?
N'as-tu pas promis aux opprimés
Toutes les séductions des nuits étoilées?
Venus et ses merveilleuses beautés?
Las! et hélas! comme un ouragan,
Tu as tout consumé!
Est-ce toi le coupable?
Ou sommes-nous peu murs
Pour la liberté?
Est-ce toi le coupable?
Ou, comme Sisyphe
Nous pouvons toujours ronronner:
" Ech-aab yourid le peuple exige
Travail, honneur et liberté?
Pardon printemps si je m'étais trompé
Ou si le roi des saisons est né avant l'aube
Et le soleil levé? "