Mue d'un cloporte dans un journal intime.
Un cloporte a mué dans un journal intime,
Lové dans ce compost de sentiments passés,
Frottant son corps vitré aux feuillets violacés
Des écrits oubliés d'un ado anonyme.
Le crustacé figé vibre et se réanime,
Il pare maintenant d'habits matelassés
Sa carapace tendre aux segments cuirassés,
Et dévore sa mue, par un effort ultime.
Il va grandir ainsi, défaisant chaque mois
L'habit qui le protège, éphémère surmoi,
Dans cet endroit humide à l'abri des clartés.
Soudain, face au danger il se replie en boule :
Dans ce jardin secret de propos désertés,
Le diariste enfoiré entretient une poule.