Tu as fini par vaincre
Toi, le poète des vaincus
Parti en pleine nuit.

Seul je me détruis
Loin du monde que tu as trahi
Sans faire de bruit
Sur le pas de loup
En sirotant les derniers instants
Dilué un à un sur le corps de la nuit
Où prisonnier, mon soleil
Crie son trop plein de suie.

Parti sans aucun espoir d'oubli.
Jamais, la faille de la mémoire
Ne trouera ta peau criblée
Où, la paix sans la guerre,
Fumait notre calumet.

Fallait-il que vienne cette heure ?
Pour seulement me laisser seul
Face à tous les traités ?
Sais-tu que je ne connais aucune langue
À part la mienne au son muet
Pour dire notre poésie ?

La terre que nous chérissons
Ne nous aime pas,
Ne nous a jamais aimés.
Prends mon cœur et bat le pavé
Qui ensanglante la main de mes frères !

Prends mon cœur cet échantillon humain
Et distribue-le à toutes les sorcières !
II est temps que mon sang
Arrose toutes les fleurs.

Tu es parti enfin !
Car, tu ne finissais pas de partir
Mais tu revenais sans cesse
Cette fois-ci tu n'as plus d'alibi
Le monde va se reposer
Sans tes mots sans histoires.

Il va comprendre enfin!
Que la poésie était ta patrie.
Tu étais le seul à ne pas aimer
L’amour comme un slogan.

Tu disais qu'une goutte de sang
Était plus riche, plus blanche comme la vie
Qu'on mettait partout en prison.

Maintenant, tu es en mesure de répondre
Enterre-t-on la paix de l'autre coté de la vie?
Ou bien la mort se suffit seule de ce coté-ci,
Tous les cotés de notre folie?

Tu sais, les mots ne portent plus les mêmes habits
Car, c'est au fusil qu'on écrit
Les nouveaux abc de l'alphabet.

Tu es parti sans m'avertir
J'aurais du prendre une valise
Et ranger dedans tout le temps
Jeter la seule clé de ma guise
Au fond de notre terre promise.
Juste un dernier mot
Échappé de la rue de la bêtise.

Je n'ai qu'une seule envie
Ne point t'en vouloir
D'avoir tant courtisé l'espoir
Jusqu'à ses moindres replis.
Je viendrais certainement te voir
Avec notre seul et unique habit
Celui qui défie la mort
Et ne craint jamais la vie.

A l'occasion de l’anniversaire de Mahmoud Darwiche né le 13 mars 1941, Benak lui rend hommage en le rappelant à la mémoire...de la poésie.

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Bonjour Benak, un fort bel hommage pour un auteur que je n'ai pas le plaisir de connaître, mais j'ai apprécié la profondeur de ton superbe poème.
Mon amitié.

Capricorne

Comme lui, pas dans la poésie arabe contemporaine, il a su faire du vers un baiser, du mot une balle et du poème un acte de foi inébranlable. Personne comme lui n'a aimé avec finesse, sincérité et poésie sa chère Palestine.
Un INOUBLIABLE d'une époque qui oublie les meilleurs pour sacrer les médiocres.
Depuis que lui et Samih el Kacem ne sont plus, la poésie arabe est orpheline !!
Merci Benak de ces coups frappés sur les portes de la mémoire.
Espérons, tu vas bien mon cher ami et frère!
Med

Bonjour Benak,

Magnifique hommage à ce très grand poète !



Belle journée !
Mes amitiés
Sybilla

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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates "réelles" de parution.


Le rêve est le poumon de ma vie (citation de Sybilla)