Ma sœur, mon égale
À l’infini obscur
Où se conjuguent passé et futur
À l’infini mystère
De la Création et de l’Univers
Aux limites de l’entendement
De l’esprit et de la raison
À l’infini de mon humain
À la croisée des chemins
Je te porte.
Au premier jour
De la première seconde
Au premier amour
Du premier Monde
Au premier Décret Suprême
De la première naissance
Je porte ta présence
Comme un premier poème.
Enfant, je t’ai portée
À l’ourlet de ma peau
La première couvée
D’un amour indélébile
La première cuvée
D’un cœur vibratile
À la texture douce du rêve
L’enfant se nourrit de ta sève.
Homme, je te porte encore
Dans le giron chaud
De mon âme, de mon corps
À fleur de peau
Où ta raison s’endort
Accrochée à mon cerveau
Armée comme un ressort
Au milieu de tous mes mots
Où la vie courtise la mort.
Je te porte toujours
Qu’importe le moment
De nuit, de jour
À tous les instants
Tu es mon seul atour
Mon habit de tous les temps
Mon unique pourtour
La chanson de ma raison
Le toit de ma maison
Le pilier de ma nation
L’idéal de mon amour.
Tes espoirs et tes souhaits
Ces enfants maltraités
Dans la chair froissée
De mon cœur cadenassé
Où il fait un hiver si glacé
Il pleure un soleil si froid
Dans un ciel sans joie
Où mon âme crevée
Telle une chienne qui aboie
Du fond de sa peine givrée
Le grand besoin de toi.
Enfant gâté de mon histoire
Je te porte en moi
Comme un butin de guerre
Dans mon être ostentatoire
Comme un effet secondaire
Une fleur toute noire
Jardin orphelin de mon cœur
Où il pleut des douleurs
Des pleurs si amers.
Comme un verbe muet
Par-delà mes écrits
Comme une voix rouillée
De mes années folles
Par-delà mes cris
Une douce onomatopée
Au sein de mes vaines paroles.
Au firmament de la vie
Où se faufile l’espoir
Comme un désir inassouvi
Je te porte à l’écran noir
De ma triste vie
Où me tue le désespoir
Dans chaque pli et repli.
Reine incontestée
Je te porte
Princesse inféodée
Entre mes côtes
Maîtresse insatiable
De mon destin
De ma géométrie variable.
Dans chaque coin
De ma peau
Dans chaque recoin
De mes os
Je te porte ô ma sœur
Dans les plis
De ma mémoire
Dans les replis
De mon espoir
Où tu grandis
À l’abri de mon cœur.
Je te cherche
Du fin fond de ma raison
De mon bonheur
Et aussi de ma dèche
Au fil bleu de l’horizon
Au bout de la Terre
Au-delà de la vie
Toi, mon égale
Ma seule galaxie
Toi, ma sœur
Mon seul univers
Affable lumière
De mon feu téméraire
Amour insatiable
Sein vivipare
Minerai rare
Alliage inoxydable.
Mon Amour m’interdit de rabaisser cette Mère que j’adule, cette Dame que j’aime, cette Sœur que j’affectionne, cette Fille que je chérisse et cette Femme que j’adore à une simple expression. Je m’insurge contre cette journée qui avilie, déprave et déshonore l’Homme où l’homme cet animalcule arrogant, présomptueux et méprisant, s’assimilant à dieu, octroie sa miséricorde et son pardon. Cet homme ennemi, de lui-même, porte en son sein les germes de sa propre destruction et du haut de mon poème que je dédie à l’être humain que nous sommes, je déclare avec Louis Aragon que la FEMME est l’avenir de l’HOMME.
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