J'ai beaucoup apprécié ton poème, qui résume en même temps la surprenante solitude de beaucoup de personnes dans la rue, au milieu de la foule. On ne se regarde plus, on ne se sourit plus. On est les uns à côté des autres sans jamais interagir, irrémédiablement anonymes et transparents au milieu de la foule, comme si on n'était pas là en fait, et on se sent désespérément seul. Pour beaucoup maintenant, on est accroché à ses oreillettes pour écouter le dernier tube hurlant ou les doigts pianotant fébrilement sur le smartphone pour le x centième sms de la journée. On retrouve cette solitude aussi au café, au restaurant, à la plage, partout.
La solitude absolue dans la masse de la multitude est bien une caractéristique de la société d'aujourd'hui, si on peut encore parler de société, mot dérivant de socius (associé, compagnon), alors que dans la réalité, nous sommes devenus tous des étrangers les uns aux autres. Aucune surprise qu'Eros ne moissonne pas dans notre foule égoïste et renfermée.
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)