Les arbres ont des racines
Qui les clouent à la terre
Leur origine millénaire
Les arbres ont des racines
Qui les empêchent de marcher
Si les arbres avaient des pieds
Ils iraient voir la mer!
Les arbres sont sédentaires
Voilà pourquoi ils vivent des années-lumière
Les hommes n'ont pas de racines
Qui remontent par les pieds
Vers la tête
Les hommes portent leurs racines avec eux
Dans la tête
Où qu'ils aillent!
Les pieds ne servent qu'à marcher
Marcher est le propre de l'homme
Cet éternel nomade
Quand la source s'assèche
Il faut chercher ailleurs
Prendre la route
Les pieds nous libèrent
A chaque puits, un peu d'eau
A chaque tournant, du renouveau
A chaque port, une découverte
A chaque horizon, une conquête
Les pieds nous donnent des ailes
Et comme Icare
Ils nous conduisent à notre perte!
Les arbres ne vont nulle part
Ils restent là et regardent le ciel
La terre, la lune, les étoiles
La montagne, les dunes, le soleil
Ils ont de l'ombre, des fruits
Des branches, des feuilles, des nids
Pour leurs oiseaux!
Leurs racines leur apportent de l'eau
Leurs racines leur apportent la vie
Sans bouger
Les arbres sont des philosophes
C'est pour cela qu'il ne faut pas les déranger!
Les pieds, par contre, sont bêtes
Ils ne pensent jamais au danger
Qu'ils nous font encourir
Ils aiment les aventures
Ils nous font parcourir la terre
Ils nous font traverser la mer
Ils nous font braver le désert
Voilà pourquoi l'homme est un voyageur
Un inlassable troubadour
Avide de cet étrange ailleurs
Qui ne réside nulle part ailleurs
Que dans son cœur!
Mais chaque fois que nous sommes las
Nos pieds nous ramènent aux arbres
Dans l'ombre de leur tronc
Ils nous offrent leur silence
Ils nous prodiguent leur semence
Ils nous accordent leur clémence
Ils nous lèguent leur sagesse
Nous nous délassons
Nous nous ressourçons
Un instant
Et nous reprenons l'interminable marche
Celle de notre errance...
Maudits pieds
Quand vous lasserez-vous?
Où donc nous emmenez-vous?
Les arbres nous regardent partir
Agitent leurs mouchoirs
Versent quelques larmes
Et attendent patiemment
Notre retour
Comme nos femmes!
...
Si les hommes n'avaient pas de pieds
Ils seraient des arbres!
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Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
Et je ne suis plus le naufragé!
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Mostafa, point fat, seul, las, si doux, rêvant de sa mie!!!