Est ce que si tu me voyais, tu serais fier de moi?

Cette question se balade dans ma tête depuis déjà 5 ans. Et même si elle n'aura aucune réponse, je me demande quand même si un jour cela pourrait arriver. A vrai dire, je ne sais pas en quoi croire après la mort.

Es tu au paradis ? en enfer ? Dans le ciel ? Au fond des océans ou dans la sève des arbres ? Peu importe si tu n'es pas trop loin de moi, et si tu t'y sens bien. Je n'y vois aucune autre espèce d'importance.

Tu sais que sans toi, le chemin est plus long que d'ordinaire. Je nous imaginais déjà franchir des allées immenses et ensoleillées sans obstacles. Malheureusement après ton départ, j'ai traversé des chemins plus sombres, sans le moindre bruit, sans la moindre humanité. J'y suis restée un bout de temps, 5 ans, non que c'était un plaisir ou une envie. C'est simplement le temps qu'il m'a fallu pour me dire que je devais avancer, continuer pour toi.

Et 5 ans, crois moi c'est long. Tu sais, tout ce qu'on nous dit de l'absence, du manque et du deuil est si terne par rapport à ce que l'on vit réellement. Mais rien ne peut nous préparer à ce vide, soudain, violent. Et je n'ai jamais été prête à ca. Pas toi. Pas nous. Pas maintenant.

J'en ai voulu au monde entier. Je me suis retrouvée seule et j'ai donc fait de cette solitude un moyen de survie, le seul moyen de protéger mon âme terrifiée. Depuis, aucune relation saine ou stable, aucune fusion aussi forte que la nôtre. Je jugeais que personne ne peut ni ne pourrait te remplacer. Ce qui est bien sûr le cas et jusqu'à mon dernier souffle, car rien ne pourra être à ta hauteur.
Cependant, je viens de comprendre que rester seule et se protéger c'est s'isoler. Et s'isoler c'est accepter de ne pas exister.

Et dieu sait comme nous avions envie d'exister. Tu existais pour moi et j'existais pour toi.
Ce qui m'a amené à exister pour toi, même en ton absence. Peu importe que tu ne sois pas là, moi je suis là pour nous deux.

C'est pour ca que même si je n'aurais jamais de réponse, je veux que tu n'aies aucun doute à cette question : je veux que tu sois fier de moi. Et je ferais de ma vie celle dont je rêvais, pour ne jamais avoir de regret. Jamais.

Je suis toi et tu étais moi.
Tu es parti et j'ai abandonné une partie de moi pour qu'elle reste toujours près de toi. Mais je sais aussi que tu es toujours dans mon cœur, ce qui me permet aujourd'hui de respirer plus sereinement. Sans culpabilité.

Attendre ne faisait pas partie de ton vocabulaire. Sois sûr donc que je ne serais plus passive. L'action c'est maintenant et non demain.
Demain attendra. Maintenant n'a jamais été plus proche qu'aujourd'hui.

Pour toujours et à jamais,

L'oeil de ta nuit

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"Le destin nous poursuit comme un dément armé d'un rasoir" A.Tarkovski